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vendredi 29 janvier 2016

29 janvier 1918 : les jeunes héros ukrainiens de la bataille de Krouty


Après la révolution de février 1917 en Russie, le gouvernement provisoire d’Alexandre Kerenski avait promis qu’il reconnaîtrait le droit à l’autodétermination des peuples minoritaires de l’Empire. Mais la Rada (assemblée constitutive) établie à Kyiv (Kiev) n’obtint rien et, le 19 novembre 1917, au lendemain de la révolution d’octobre, elle proclama une République démocratique, immédiatement reconnue par la France et la Grande-Bretagne, connue sous le nom de République Nationale Ukrainienne, en Ukrainien Українська Народна Республіка / UNR. A noter que cette République n’était pas séparée de la République russe.

Mais, reniant leurs propres principes, comme ce fut également le cas dans les Etats baltes, et comme ce le sera encore en 1991, les bolcheviques déclarèrent hors la loi l’UNR et fondèrent en Ukraine une série de républiques populaires des soviets. Outre les bolcheviques, l’UNR avait également contre elle les Russes blancs de Dénikine et les Polonais. En réaction, le Rada proclame l’indépendance complète de l’Ukraine le 22 janvier 1918. Mais, dès le mois de février 1918, les bolcheviques prirent le contrôle des principales villes du pays, dont Kyiv, défendue pendant 12 jours par Symon Petlioura. En mars 1918, ils installèrent à Kharkov (Kharkiv) une République socialiste soviétique ukrainienne.

Symon Petlioura

C’est lors de l’avancée des bolcheviques vers Kyiv d’une division de l’Armée rouge, forte de 4 000 hommes et commandée par le Colonel Mikhaïl Mouraviev, que se situe la bataille de Krouty, le 29 janvier 1918. Je n’ai pas trouvé si ce Colonel Mouraviev avait un lien de parenté avec le Général-comte Mikhaïl Mouraviev-Vilenski, dit « le pendeur de Vilnius ». Mais il le mériterait car il se vantera, après la prise de Kyiv, de « n’avoir fait de quartier à personne et d’avoir utilisé des gaz asphyxiants ». La division commandée par ce Colonel est composée des régiments de Pétrograd et de Moscou de l’Armée rouge, ainsi que de marins de la flotte de la Baltique.  



En face, c’est un petit détachement de cadets de l’UNR, aux ordres du Capitaine Ahapiy Honcharenko, qui essaye d’intercepter les rouges. Ce détachement de 500 hommes (certaines sources disent même 300) était principalement constitué d’élèves fantassins de Sitch, d’une unité de l’Ecole des Cadets de Khmelnytskyi et de Cosaques Haïdamaks.

Le Capitaine Honcharenko

Les combats eurent lieu près de Krouty, à 130 km au nord-est de Kyiv, en réalité aux premières heures du 30 janvier 1918, même s’ils sont commémorés le 29 janvier. Près de la moitié des jeunes Ukrainiens périrent pendant la bataille qui dura près de 5 heures. Lorsque la Rada put se réinstaller à Kyiv, les 500 élèves qui avaient combattu reçurent le titre de héros de l’Ukraine.

Bien évidemment, le gouvernement soviétique ukrainien occulta la bataille. Avec le retour à l’indépendance (24 août 1991), celle-ci devint le symbole de la résistance à l’armée soviétique. En 2006, le gouvernement ukrainien érigea le mémorial des héros de Krouty sur le site même de la bataille.

Pièce de monnaie commémorative de 2001

Krouty est une des batailles les plus vénérées en Ukraine, pour sa dimension particulièrement sacrificielle. La jeune garde ukrainienne livrait son premier combat contre l’invasion bolchevique, combat inégal qu’elle ne pouvait remporter, mais devoir sacré dont elle sut courageusement s’acquitter.

Слава Україні !


NB : Cet article est largement inspiré d’un excellent article bien plus détaillé, « 30 janvier 1918 : la bataille de Krouty », du non moins excellent PanDoktor (http://scythica.fr/dok/30-janvier-1918-la-bataille-de-krouty/







dimanche 24 janvier 2016

Crise politique en vue en Lettonie ?


La Lettonie est entrée dans une zone de turbulences politiques intérieures dont elle se serait volontiers passée, compte tenu notamment du contexte international. Retour sur les faits.

Laimdota Straujuma, Premier Ministre démissionnaire

Après plusieurs semaines de rumeurs, la Première Ministre, Laimdota Straujuma (Vienotība / Unité, centre-droit) avait démissionné le 7 décembre 2015. Le chef de l’Etat, le Président Raimonds Vējonis (Zaļo un Zemnieku Savienība - ZZS / Verts et Paysans) avait laissé clairement entendre que le gouvernement démissionnaire ne travaillait plus bien.

Le Président letton, Raimonds Vējonis

Le Président, qui nomme le Premier Ministre, avait consulté les partis et avait désigné, le 13 janvier 2016, Māris Kučinskis (Liepājās Partija / Parti de Liepājā, qui a un accord avec ZZS). Une fois désigné, le nouveau Premier Ministre doit choisir les Ministres qui formeront son gouvernement avec les partis composant la coalition (actuellement, outre ZZS, Unité et l’Alliance Nationale), puis doit présenter aux députés la liste des Ministres ainsi que le programme du gouvernement, et surtout il doit obtenir la confiance du Parlement (Saeima).    

Māris Kučinskis, Premier Ministre désigné

Mais un événement imprévu est venu perturber le processus.

Ce mercredi 20 janvier 2016, le Président Raimonds Vējonis a dû être hospitalisé en urgence, être opéré d’une septicémie des valves cardiaques et recevoir une valve artificielle. L’opération a été un succès, le Président est conscient et son état de santé est stable. Mais sa guérison pourrait demander plusieurs mois. Conformément à la Constitution, l’intérim est assuré par le deuxième personnage de l’Etat, la Présidente du Parlement (Saeima) Inārā Mūrniece (Alliance Nationale / Nacionālā apvienība „Visu Latvijai!” – „Tēvzemei un Brīvībai/LNNK”, droite).

Inārā Mūrniece, Présidente du Parlement, Présidente de la République par intérim

Et c’est là où le bât blesse.

Actuellement, le Premier Ministre désigné, Māris Kučinskis, n’arrive pas à former le gouvernement, faute d’accord sur les sièges à se répartir avec Vienotība. Si un gouvernement ne pouvait être formé ou si le nouveau gouvernement ne recevait pas la confiance du Parlement, la Présidente par intérim, Inārā Mūrniece, ne pourrait pas nommer un nouveau Premier Ministre ou dissoudre le Parlement.

S’il s’avérait alors que le Président Vējonis ne puisse pas revenir rapidement aux affaires et que les partis ne puissent pas se mettre d’accord entre eux pour former un gouvernement, l’unique solution serait d’élire un nouveau Président de la République ce qui, en période de divisions politiques, peut s’avérer périlleux (On se rappellera qu’en Lettonie, le Président de la République est élu par le Parlement monocaméral de 100 membres).

Il est donc à espérer que d’abord, et en tout état de cause, la santé du Président Raimonds Vējonis s’améliore, mais aussi que les partis fassent preuve de responsabilité et ne se servent pas de la crise actuelle pour se livrer à leurs petits jeux politiciens.  

Le Parlement letton






vendredi 22 janvier 2016

Les forces paramilitaires en Lituanie et en Lettonie



Le magazine « New Eastern Europe » constatait, dans un article du 18 janvier 2016, une brusque montée de la popularité des forces paramilitaires dans les Etats d’Europe centrale et orientale, et notamment dans les Etats baltes et en Pologne, ceux-ci étant particulièrement alarmés par l’expansionnisme russe actuel. (http://neweasterneurope.eu/articles-and-commentary/1862-the-rise-of-paramilitary-groups-in-central-and-eastern-europe)

Le présent post a pour objet de présenter très brièvement ces organisations paramilitaires en Lituanie et en Lettonie.

Lituanie : Lietuvos Šaulių Sajunga


Film de présentation (en Lituanien) : https://www.youtube.com/watch?v=zwll3j2Q7JM

La Lietuvos Šaulių Sajunga est une organisation paramilitaire soutenue par l’Etat lituanien qui a des activités dans trois domaines principaux : l’entraînement militaire, le sport et la culture. Elle avait été mise sur pied le 27 juin 1919 à Kaunas, en tant que section de tir au sein de l’Union sportive lituanienne. C’était en fait une organisation paramilitaire destinée à soutenir, sur tout le territoire de la Lituanie, l’armée lituanienne en guerre contre les bolcheviques, les corps francs de Bermondt-Avaloff et l’armée polonaise.
Le concept de base est que c’est une organisation de citoyens libres, volontaires pour donner de leur temps et de leur énergie pour la protection de leur mère-patrie.  

Aujourd’hui, la Lietuvos Šaulių Sajunga compte environ 10 000 membres organisés en 10 régiments (šaulių rinktinė), correspondant chacun à une division administrative (apskritis). 66 % des membres sont des jeunes (Jaunieji Šauliai - 12 – 18 ans), 10 % sont des tirailleurs combattants (19 – 45 ans), préparés à la résistance armée ou non armée, et le reste sont des non combattants. Ils sont entraînés et utilisés conformément à une loi de 2010, en liaison avec l’armée lituanienne, la police, les pompiers et la police des frontières.

Site (en lituanien) : http://www.sauliusajunga.lt/



Lettonie : Latvijas Republikas Zemessardze



Clip de présentation : https://www.youtube.com/watch?v=AVuAJZy5t5c et un petit film sur une  manœuvre en Kurzemē : https://www.youtube.com/watch?v=32dGOph2_Og

La Zemessardze est de facto une garde nationale, force armée composée de volontaires qui fait partie intégrante des armées lettones et n’est donc pas stricto sensu paramilitaire, contrairement aux Šaulių lituaniens. Etablie en août 1991, elle est l’héritière de l’organisation Aizsargi (« Défenseurs ») de la période de l’entre deux guerres.

La tâche principale de la Zemessardze  est de soutenir les unités régulières de la Force terrestre en assurant la défense du territoire national en cas de menace militaire et d'assurer certaines fonctions de soutien au combat et de soutien logistique. Dans le même temps, elle continue de fournir une assistance à la population, d’assurer l'ordre public, ainsi que de sauvegarder la sécurité  de sites d'importance nationale.

La Zemessardze comprend environ 11 000 personnels, dont une part importante de Jaunsardze (Jeune Garde). Elle est organisée en trois régions (Liepāja, Rēzekne, Rīga), en tout 18 bataillons dont un d’artillerie, un du génie et un de défense NBC, le PC étant à Rīga. 


Site (en Letton) : http://www.zs.mil.lv/


jeudi 21 janvier 2016

20 janvier 1991 : les OMON tuent à Riga


Le 4 mai 1990, le Soviet suprême, devenu Conseil Suprême de Lettonie, suivant l’exemple donné par la Lituanie (11 mars 1990) déclara le retour à l’indépendance de la Lettonie et la réinstauration de la Constitution du 15 février 1922.


Très rapidement, à partir de juin 1990, les relations entre le nouveau Ministre letton de l’Intérieur, Aloizs Vaznis, et les OMON (Отряд Милиции Особого Назначения = Détachement de la Milice à vocation particulière), défenseurs fanatiques et lourdement armés de l’ordre soviétique, se détériorèrent. Les OMON se livrèrent à des provocations, de façon à entraîner des désordres afin que Moscou décrète l’état d’urgence en Lettonie. Ils menèrent ainsi plusieurs actions contre la Maison de la Presse (27 septembre, 2 et 7 novembre 1990), en en prenant le contrôle complet le 2 janvier 1991. En outre, des séries d’explosions eurent lieu à proximité de lieux de pouvoir soviétiques, toutes dimensionnées et situées de façon à ne pas faire de victimes.

Le 13 janvier 1991, en réaction aux événements violents de Vilnius, les rues de Riga se hérissèrent de barricades pour protéger les symboles du jeune pouvoir letton et, de facto, tout le centre de la vieille ville.

Manifestation sur les bords de la Daugava, le 13 janvier 1991

Les OMON firent leur première victime le 16 janvier 1991, sur le pont de Vecmīlgrāvja, en tirant sur le véhicule de Roberts Mūrnieks.

Le 20 janvier 1991, à partir de 21H09, les OMON attaquèrent le Ministère de l’Intérieur letton, installé à l’époque au 6 boulevard Rainis, mais qui était défendu par des membres de la police de Bauska. Les OMON tuèrent les policiers Vladimir Gomorovich et Sergey Kononenko, un collégien, Edijs Riekstiņš, ainsi que deux membres d’une équipe de télévision qui filmaient les échanges de tir, Andrejs Slapiņš et Gvido Zvaignze. Parmi les blessés, on releva quatre policiers lettons ainsi que des opérateurs télé de Russie et de Hongrie.


La provocation n’alla pas plus loin. Il faut dire que la présence de télés étrangères faisait une mauvaise publicité à l’Union soviétique. Les barricades furent ultérieurement levées.  

Mais les Lettons n’étaient pas pour autant débarrassés des OMON ni, plus généralement de l’URSS. Les soviétiques s’attaquèrent en effet, dans la nuit du 23 mai, à quatre postes frontière lettons, jugés illégaux par Moscou. Les OMON « s’illustrèrent » encore tristement, de concert avec le KGB et des communistes lettons, pendant l’étrange coup d’Etat de Moscou (19 – 20 août 1991), en s’emparant de plusieurs bâtiments officiels à Riga, dont la radio, la télévision et le Ministère de l’Intérieur, y tuant le conducteur de la Maison de la Culture de Jūrmala, Jānis Salmiņš.   


Les crimes des OMON durant les événements de janvier, que ce soit à Vilnius ou à Riga, n’est qu’une petite partie de leurs crimes pendant l’occupation soviétique. Aujourd’hui, les OMON sont 25 000, répartis en 208 unités et sont utilisés comme police anti-émeute. Mais ils ont aussi participé aux conflits armés contre la Géorgie (2008) et, bien sûr, en Tchétchénie.   

OMON en action aujourd'hui en Russie

mardi 12 janvier 2016

25e anniversaire des événements de janvier 1991 à Vilnius et à Riga


En préambule, il n’est pas inutile de rappeler que, le 23 août 1939, l’Allemagne nazie et la Russie soviétique avaient signé le pacte dit Molotov – Ribbentrop par lequel elles se partageaient les Etats souverains qui se trouvaient entre elles. C’est en vertu de ce pacte que, les 15 et 16 juin 1940, l’URSS procède à l’occupation puis à l’annexion les Etats baltes, avec leur cortège d’exécutions, d’emprisonnements et de déportations.

Le 11 mars 1990, à 22H44, le Soviet Suprême de Lituanie, devenu Diète Reconstituante, adoptait l’Acte de rétablissement de l’Etat indépendant de Lituanie. La Diète déclarait également le retour en vigueur de la Constitution de 1938, afin de bien monter la continuité de la souveraineté de la Lituanie, occupée depuis 50 ans par l’Union soviétique.

Janvier 1991 : la foule devant le Seimas (Parlement lituanien)
Pour cause de Perestroïka, les autorités soviétiques ne réagirent pas tout de suite, jusqu’au début de 1991.

Le 2 janvier 1991, à Riga, capitale de la Lettonie,  ce sont les troupes spéciales du Ministère de l’Intérieur d’URSS qui investissent l’imprimerie d’où sortent presque tous les journaux du pays. Le 7 Janvier, ce sont les parachutistes du Ministère de la Défense d’URSS qui sont dépêchés dans les trois Etats baltes pour contraindre les conscrits à rejoindre l’armée soviétique. A Vilnius, où les blindés soviétiques patrouillent dans les rues, le Président Vytautas Landsbergis, issu des élections démocratiques de 1990, appelle la population lituanienne à se rassembler pour exiger liberté et indépendance.

Le 10 janvierMikhaïl Gorbatchev, président non élu d’URSS, exige du « soviet suprême de Lituanie » la restauration de la Constitution soviétique. Les dirigeants lituaniens se tournent vers les gouvernements occidentaux à qui ils demandent d’être garants de l’indépendance de leur pays. Ceux-ci pensent généralement que Gorbatchev ne bougera pas.

Vytautas Landsbergis passant les sacs de sable protégeant le Seimas 

Les 12 et 13 janvier à Vilnius, alors que le monde entier a les yeux tournés vers l’Irak où la guerre va bientôt se déclencher (premières frappes aériennes le 16 Janvier), les parachutistes de l’Armée rouge tentent de prendre le contrôle de la tour de télévision lituanienne, défendue par des civils sans arme. On y relèvera 14 morts et plus de 600 blessés. Le 13, Gorbatchev s’entretient au téléphone avec Vytautas Landsbergis à qui il assure n’avoir appris les faits qu’après coup. Qui peut croire ça une seule seconde, dans l’URSS hyper centralisée ?! Une partie du monde a enfin ouvert les yeux et découvert le vrai visage du « gentil Gorby », lauréat du Prix Nobel de la paix, tellement adulé à l’ouest.

Des civils lituaniens face aux OMON soviétiques 

Pendant ces journées, des milliers de Lituaniens formeront un rempart humain pour défendre le Parlement et empêcheront ainsi sa prise d’assaut.



A Riga, c’est le 17 janvier que les militaires soviétiques se heurtent aux civils qui avaient mis en place des barrages pour bloquer les accès de la ville. Un manifestant est tué. Le 20 janvier, quatre personnes sont tuées lorsque les forces spéciales du Ministère de l’intérieur d’URSS donnent l’assaut au Ministère de l’Intérieur letton à Riga. 

Vytautas Landsbergis et Boris Eltsine à Moscou en 1991

Dès le 13 janvier, Boris Eltsine, Président élu de la Fédération de Russie, avait condamné l’attaque et avait reconnu la souveraineté des Etats baltes, tout en organisant celle de la Russie. A Moscou, 100 000 personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre la répression qui sévissait dans les républiques baltes. Gorbatchev recula, les Lituaniens avaient fait reculer l’Union soviétique. Mais celle-ci continuera à tuer : 7 douaniers et gardes-frontières lituaniens sans armes seront assassinés à Medininkai le 31 Juillet 1991.

On me dira que tout ça c’est le passé. Outre que 25 ans, ce n’est pas si vieux que ça, alors qu’on juge toujours des criminels nazis, la Russie d’aujourd’hui refuse toujours de reconnaître qu’il y ait eu occupation des Etats baltes. Et son autocrate, Vladimir Poutine, a toujours considéré le démantèlement de l’URSS comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ! D’autres, comme Vladimir Jirinovski, demandent ouvertement le « retour » des Etats baltes au sein de la Russie ! Aujourd’hui, on réhabilite même Staline !

Oui, il faut écouter les Lituaniens quand ils disent que la Russie est toujours un danger pour l’équilibre de la paix en Europe !   








jeudi 7 janvier 2016

Retour sur l’AG de l’association « Laba Diena »


Il m’arrive très épisodiquement de traverser la France pour faire des conférences lors d’assemblée générales, à la demande d’associations qui œuvrent pour la Lituanie. C’est toujours pour moi un plaisir. Ce fut particulièrement le cas les 7 et 8 novembre 2015, lorsque je me suis rendu à Saint-Seine l’Abbaye auprès de l’association « Laba Diena ».



Saint-Seine l’Abbaye est un gros bourg d’environ 360 habitants, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Dijon. Il est à proximité de la source de la Seine qui, pour l’anecdote, est propriété de la ville de Paris depuis 1864 !

Et pourtant, depuis 20 ans, l’association « Laba Diena » est un élément moteur des relations entre la France et la Lituanie. Une bonne moitié des personnes présentes dans la salle étaient déjà allées en Lituanie. Une cinquantaine de familles du Pays de Saint-Seine ont déjà reçu des étudiants lituaniens. Des nombreux échanges amicaux dans les domaines culturel, sportif et éducatif ont déjà eu lieu.

Si j’en crois le nombre de participants à la soirée du 7 novembre, cet intérêt pour la Lituanie n’est as prêt de se tarir. On notait notamment la présence de Madame Patricia Gourmand, vice-présidente du Conseil départemental de la Côte d’Or, et de plusieurs Maires. Mais c’est l’enthousiasme de Jean-François Jougnot, qui était encore alors Président de l’association, qui était manifestement communicatif. Et jamais, je dis bien jamais (même pas à Kaunas, c’est pour dire !) je n’avais été si longuement applaudi à l’issue d’une conférence. Enfin, il y eut un article fort sympathique dans le journal « Le Bien Public ».

Avaient fait également le déplacement mes amis Consuls honoraires de Lituanie Anne-Marie Goussard (Champagne – Ardennes) et Pierre Minonzio (Rhône-Alpes).

de g. à dr.: Pierre Minonzio, Anne-Marie Goussard, Gilles Dutertre, Patricia Gourmand, Jean-François Jougnot, Michèle Minonzio

Le tableau ne serait pas complet si je n’évoquais pas la visite que nous avons faite, au village-commune de Champagny (28 habitants) au sculpteur Eric de Laclos dont l’inspiration est très nettement lituanienne. Il a notamment sculptée une statue monumentale en bois de Saint Seine, dont la finition a été réalisée par un artiste lituanien.

Jean-François Jougnot (à gauche) et Eric de Laclos, devant Saint Seine 

Bref, il y a une évidente synergie entre le Pays de Saint-Seine et la Lituanie. Nul doute que, si on me sollicite à nouveau, j’accourrai !    






mardi 5 janvier 2016

Nathalie Pasternak nous a quittés ......


Cette nuit j'ai perdu une amie et l'Ukraine a perdu une grande Dame. Nathalie Pasternak, ancienne présidente de la Communauté Ukrainienne en France, est allée rejoindre au Paradis ceux dont elle a inlassablement et jusqu'à la fin défendu la juste cause, les combattants de l’Ukraine libre.

On s'était connus en 2010, à l'occasion d'une conférence croisée qu'elle avait organisée à Montmartre sur la lutte armée des résistances ukrainienne et lituanienne à l'occupation soviétique. J’avais alors rejoint les rangs de ceux qui, au sein de la Coordination France – Lituanie, avaient des liens privilégiés avec elle, au nom de quelques siècles d’Histoire commune. Depuis, Nathalie n'avait cessé de me témoigner son amitié, allant même jusqu'à me prêter son appartement rue du Baigneur pendant une semaine, alors qu’elle et sa famille étaient en Ukraine, pour que je puisse faire visiter Paris à un ami letton.

Car c'était ça Natalka : elle pensait d'abord aux autres avant de penser à elle !

Aujourd'hui, c'est à nous de penser très fort à elle ainsi qu'à Jean-Pierre et aux enfants. Et à nous de continuer à combattre pour l’intégrité territoriale, la liberté et la démocratie en Ukraine pour lui rendre hommage.

Repose en paix Natalka !

(Photos prises à l'occasion de la remise du Prix Grégoire Orlyk à la Mairie du 6e arrondissement en 2013)


samedi 2 janvier 2016

Le 1er janvier, jour du drapeau en Lituanie


Le 1er janvier, en Lituanie, c’est bien sûr le Jour de l’An. Mais c’est également le Jour du Drapeau (Vėliavos diena), en commémoration du 1er janvier 1919, lorsque le drapeau aux trois couleurs jaune/vert/rouge a été hissé pour la première fois au sommet de la tour de Gediminas à Vilnius.

1er janvier 2016

La Lituanie étant un Etat souverain depuis 1253, elle eut très tôt son drapeau pour la distinguer, notamment sur les champs de bataille. Depuis au moins la bataille de Žalgiris (15 Juillet 1410) jusqu’au troisième partage de la Pologne – Lituanie (1795), le drapeau du Grand-duché de Lituanie était une bannière rouge portant le Vytis (= le poursuivant). Au cours du XIXe siècle, avec l’émergence du mouvement national lituanien, le Vytis devint le symbole de la liberté perdue.

Le Duc Narimantas, fils de Gediminas, avec la bannière du Vytis

Mais, lors du Grand Seimas de Vilnius de 1905, puis de la Conférence de Vilnius de 1917, il lui fut préféré le drapeau tricolore actuel (Trispalvė), apparemment parce que le fond rouge du Vytis évoquait trop les bolcheviques.

Le 1er janvier 1919, c’est un jeune Lituanien de 24 ans, nommé Kazys Škirpa, qui deviendra par la suite diplomate et politicien, qui, à la tête d’une équipe de soldats volontaires, hissa le drapeau. Malheureusement, celui-ci ne flotta pas longtemps car, dès le 6 janvier, les partisans de Lucjan Zeligowski, leader de la fantoche République de Lituanie centrale, faux-nez de la Pologne, l’arrachèrent.

Kazys Škirpa

Banni pendant l’occupation soviétique de 1940 – 1990, le drapeau tricolore jaune-vert-rouge a été de nouveau officiellement arboré dès le 7 Octobre 1988. Si le drapeau jaune-vert-rouge est le drapeau national lituanien, le Vytis est devenu en 2004 le drapeau de l’Etat lituanien.

Chaque 1er janvier, lors de la cérémonie commémorative, les soldats de la Garde d’Honneur descendent le drapeau qui a flotté sur la tour de Gediminas lors de l’année qui a précédé. Le lever du nouveau drapeau s’accompagne de l’hymne national lituanien et de trois coups de canon, un pour la Lituanie, un pour Vilnius et un pour le drapeau lituanien.

1er janvier 2016, en haut de la tour de Gediminas à Vilnius

Le drapeau qui a été descendu est traditionnellement (depuis 2006) confié à une école lituanienne. Cette année, le drapeau de 2015 a été confié au Simono Daukanto Gymnazija de Papilė (entre Šiauliai et Mažeikiai). Ce lycée s’est distingué par son éducation patriotique et civique et a fourni cette année le plus grand nombre de volontaires pour effectuer leur service militaire.  

Remise du drapeau de 2015 au Simono Daukanto Gymnazija par M. Juozas Olekas, Ministre de la Défense (dont on remarquera le noeud papillon aux couleurs de la Lituanie)