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dimanche 20 décembre 2015

20 décembre 1917, création de la Tchéka, ancêtre du KGB

Lénine

Le 20 octobre 1917, Lénine était revenu clandestinement à Petrograd depuis la Finlande où il était en exil. Le 7 novembre 1917 (calendrier grégorien) a lieu la révolution …… d’octobre (calendrier julien). Deux jours après, Lénine supprime la liberté de la presse.

Chargée d’interroger les suspects accusés d’actions contre-révolutionnaires comme le sabotage, le recel de vivres, le pillage des cargaisons (sic), une section spéciale est créée au sein du Comité central exécutif. Elle est sous la responsabilité d’un Polonais fanatique, Feliks Dzierżyński.

Feliks Dzierżyński

Le 20 décembre 1917, le Conseil des commissaires du peuple ou Sovnarcom, autorité gouvernementale bolchevique, décide de donner à la section le nom de « Commission extraordinaire panrusse près le Conseil des commissaires du peuple pour combattre la contre-révolution et le sabotage » (!) d’où l’acronyme en Russe чрезвычайная комиссия (commission extraordinaire). Son rôle : confiscation, expulsion des lieux, retrait des cartes d’alimentation, publication des listes des ennemis du peuple, etc …… En 1918, un membre du Collegium de la Tchéka, le Letton Mārtiņš Lācis, précisait : « La commission extraordinaire {…} ne juge pas l’ennemi, elle le frappe. {…} Nous exterminons la bourgeoisie comme classe.

En mars 1918, la Tchéka compte 66 agents quand elle s’installe à Moscou dans le bâtiment de la Loubianka, un millier en juin 1918, 40 000 fin 1918 (!!) et 280 000 début 1921.  

La Loubianka avant 1917

C’est officiellement le 20 décembre 1920 qu’est créé au sein de la Tchéka un département étranger, l’INO.
La Tchéka est dissoute le 6 février 1922 et laisse la place à la GPU (Государственное политическое управление, Direction Politique d’Etat). La GPU sera dirigée jusqu’au 15 novembre 1923 par Feliks Dzierżyński. A cette date, la GPU est divisée en deux organismes parallèles, le NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) et l’OGPU (Direction politique d’Etat unifiée). Les opérations extérieures des services secrètes soviétiques continuent d’être gérées par l’INO, qui est placée sous le contrôle de la GPU.

Le NKVD absorbe l’OGPU en 1934. Il regroupe les différentes forces de police de l’union soviétique. Il est surtout connu pour les activités du Goulag et de la Direction principale de la Sécurité d’Etat (Главное управление государственной безопасности, GUGB), l’ancêtre du KGB. A son apogée, le NKVD aurait compté 50 000 fonctionanires et 500 000 délateurs plus ou moins forcés. De 1938 à 1946, le directeur du NKVD sera Lavrenti Beria. Parmi les victimes du NKVD, les 20 000 officiers polonais assassinés à Katyn.
En février 1941, les attributions de la GUGB sont réparties entre le NKVD et le NKGB (Commissariat du Peuple de la sécurité de l’Etat.

Lavrenti Beria

Le 19 mars 1946, le NKVD devient le Ministère des Affaires Intérieures, MVD, et le NKGB le Ministère de la Sécurité de l’Etat (MGB).

Le 15 mars 1953, le MGB et le MVD fusionnent et la nouvelle entité est placée sous le responsabilité de Béria. En juin 1953, Béria tente de prendre le pouvoir de force ; son entreprise échoue et Béria « disparaît ». Le MGB perd son statut de ministère et il devient subordonné au conseil des ministres le 13 mars 1954. C’est en cette occasion qu’il prend la désignation de KGB.

Le 11 octobre 1991, après l’échec du putsch de Moscou, le KGB est dissout. De réorganisation en changement d’appellations, ce n’est que le 3 avril 1995 que le Président Boris Eltsine crée le FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie Федеральная служба безопасности Российской Федерации).


Tout ça vous paraît bien compliqué ? Ca l'est ! Retenez toutefois que le FSB assure la continuité car, tout comme la Tchéka, il est toujours installé à la Loubianka. 

Vladimir Poutine, officier du KGB

lundi 14 décembre 2015

De la trouée de Fulda à la trouée de Suwałki


Ceux qui, comme moi, ont servi pendant un certain temps dans les Forces Françaises en Allemagne ont entendu parler de la trouée de Fulda. Aujourd’hui, par analogie, on entend parler de plus en plus de trouée de Suwałki (en Lituanien : Suvalkai).

La trouée de Fulda ("Fulda gap")

La trouée de Fulda était l’une des deux routes possibles, voire probables, d’une hypothétique invasion des forces blindées du Pacte de Varsovie contre l’Allemagne de l’Ouest (notamment Frankfurt-am-Main) et, au-delà, vers le saillant d’Alsace, Lauterbourg n’étant qu’à 250 km de Fulda.

Moins favorable à l’avancée des troupes blindées du Pacte de Varsovie que l’autre option (la grande plaine d’Allemagne du nord), la trouée de Fulda aurait permis aux soviétiques et du Pacte d’atteindre les ponts du Rhin et de franchir le fleuve avant que l’OTAN n’ait pu organiser une riposte.

Le lieutenant-général Frederick Ben Hodges

Aujourd’hui, c’est une autre trouée qui donne des insomnies au Lieutenant-général (***) Frederick Ben Hodges, Commandant de l’Armée de Terre US en Europe (USAREUR), ainsi vraisemblablement à son chef, le Général (****) Phillip Breedlove, Commandant des Forces US en Europe (Cdr EUCOM) et Commandant Allié en Europe (SACEUR). Cette trouée, sur laquelle le Général Hodges a attiré l’attention du Pentagone mercredi dernier, est la bande de terrain plat de 91 km qui sépare l’exclave de Kaliningrad de la Fédération de Russie à l’ouest de l’allié bélarusse à l’est, bande au milieu de laquelle court la frontière entre la Pologne et la Lituanie. C'est la trouée de Suwałki.


Il faut dire que la tension est alimentée par le Président russe qui fait monter la pression dans la région en convoquant des exercices inopinés dans l’oblast de Kaliningrad, auxquels aucun observateur n’est convié ; et en insistant auprès de son alter ego bélarusse, Aliaksandr Loukachenka, pour pouvoir installer (à Babruïsk ?) une nouvelle base aérienne, en plus de celle de Baranovitchi, capable d’accueillir des chasseurs Su-27. Sans parler des incursions ou quasi incursions récurrentes d’aéronefs russes dans l’espace aérien balte et de la présence de missiles balistiques Iskander-M (portée 500 km) à Kaliningrad.  


"Les missiles de théâtre Iskander figurent parmi les armes de frappe les plus performantes en dotation des forces armées russes. Equipé de différents types d'ogives, le système Iskander est en mesure de neutraliser des cibles très variées: des troupes adverses jusqu'aux centres de commandement souterrains. Les missiles peuvent au besoin être dotés d'ogives nucléaires. L'armée russe dispose de deux versions de cette arme: Iskander-M et Iskander-K." (Source : http://rpdefense.over-blog.com/)

Portée des Iskander-M de Kaliningrad


Une attaque surprise des Russes entre Kaliningrad et le Bélarus dans la trouée de Suwałki couperait les Etats Baltes du reste de l’Union Européenne, (surtout si elle s’accompagnait d’une saisie de l’île suédoise de Gotland, peu défendue, au large de la Lettonie). Et les forces russes stationnées à Kaliningrad pourraient limiter la réaction de l’OTAN.

Le Général Ben Hodges ajoute que cette hypothèse est improbable. Mais l’imprévisibilité de Poutine, mise en exergue lors de l’occupation de la Crimée et, plus récemment, lors de l’intervention en Syrie, fait qu’un chef militaire de l’OTAN digne de ce nom ne peut pas faire l’impasse face à une telle menace potentielle. Car improbable ne veut pas dire impossible !

Pour dissuader la Russie de se lancer dans une telle aventure, le Général Hodges a organisé des rotations au sein des troupes d’USAREUR pour alimenter des exercices permanents dans l’est de l’Europe et a mis sur pied une Force de Réaction Rapide de 5 000 hommes. Sera-ce suffisant ?  

Débarquement d'un char Abrams M1 à Klaipeda



   



  

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mardi 8 décembre 2015

Démission du Premier Ministre letton

M. Raimonds Vējonis et Mme Laimdota Straujuma

Le lundi 7 décembre 2015 matin, après une rencontre avec le Président de la République, M. Raimonds Vējonis, le Premier Ministre letton, Mme Laimdota Straujuma, 64 ans, a annoncé la démission de son gouvernement.  

Cette démission a été le point final d’un psychodrame qui s’est principalement joué dans les coulisses de son parti, Vienotība le mal nommé (Unité).

Laimdota Straujuma avait été nommée Premier Ministre le 22 janvier 2014, après que Valdis Dombrovskis ait démissionné, endossant la responsabilité de la tragédie du supermarché Maxima de Zolitude qui avait fait 54 morts. Suite aux élections législatives du 4 octobre 2014, elle avait été reconduite à son poste, à la tête d’une coalition de centre-droit regroupant Vienotība (Unité), Zaļo un Zemnieku savienība - ZZS (Union des Verts et des Paysans) et Nacionālā Apvienība, NA (Alliance Nationale), ainsi qu'ultérieurement le Reformu partija, RP (Parti Réformateur).

Mais, le 4 novembre 2015, Straujuma a limogé son Ministre des Transport, Anrijs Matīss. Celui-ci était accusé de ne pas avoir informé le gouvernement d’un investissement de 80 millions d’€ au profit de la compagnie aérienne nationale Air Baltic, en liaison avec un homme d’affaire véreux allemand, ex-agent de la Stasi (équivalent est-allemand du KGB). De plus, cet investisseur, qui promettait d’injecter 52 millions d’€, avait des liens avec l’industrie aéronautique russe et il était question d’acheter des avions Sukhoi Superjet pour Air Baltic. Certains pensent que Matīss n’a été qu’un bouc-émissaire et que Straujuma aurait dû démissionner.

Solvita Āboltiņa

La pression sur Straujuma s’était alors intensifiée, venant de son propre parti Vienotība qui devait faire face à une cote de popularité en chute libre depuis les élections. Un de ses membres éminent, Dzintars Zakis, fut accusé d’avoir acheté des votes en sa faveur. Sa présidente, Solvita Āboltiņa, ne dut sa réélection au Parlement que parce qu’un des membres de son parti placé avant elle, Jānis Junkurs, démissionna.  

C’est pourtant Solvita Āboltiņa qui semble avoir été « à la manœuvre » pour pousser Laimdota Straujuma à la démission. Malgré soin impopularité, elle espère d’ailleurs accéder au poste de Premier Ministre. Straujuma a déclaré qu’elle verrait mieux l’actuel Ministre de l’Intérieur, Rihards Kozlovskis lui succéder. Il n’est pas exclu que les partenaires de Vienotība dans la coalition en profitent pour s’emparer du poste de Premier Ministre.

Rihards Kozlovskis

Laimdota Straujuma était certes un Premier Ministre faible. Mais la Lettonie aurait pu faire l’économie d’une crise politique en ces temps troublés. Savoir qui la remplacera sera sans nul doute le jeu de ce mois de décembre……  

Laimdota Straujuma



dimanche 6 décembre 2015

5 décembre 1994 : signature du mémorandum de Budapest


A la dislocation de l’URSS, l’Ukraine avait hérité d’un stock important d’armes nucléaires, estimé en 1992 à 1 408 ogives nucléaires stratégiques et à environ 2 500 armes nucléaires tactiques.

Dès le 24 octobre 1991, le Parlement ukrainien avait adopté un statut de non-nucléaire. En novembre 1993, il ratifia le Protocole de Lisbonne du 23 mai 1992 (protocole au traité START du 7 juin 1991) qui stipulait que les armes nucléaires de feu l’URSS, stationnées sur le sol de la Russie, du Bélarus, de l’Ukraine et du Kazakhstan seraient détruites ou transférées sous le contrôle de la Russie.

de g.à dr. : Boris Eltsine, Bill Clinton, Leonid Koutchma et John Major


En contrepartie de l’adhésion de l’Ukraine au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Russie (Boris Eltsine),  les Etats-Unis (Bill Clinton), la Grande-Bretagne (John Major) et l’Ukraine (Leonid Koutchma) signèrent le 5 décembre 1994 une série de protocoles, appelés « Mémorandum de Budapest », par lesquels ils s’engageaient notamment à « respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine ».
La Chine et la France ont ratifié ultérieurement ce mémorandum.

Le deuxième article de l’accord est en effet ainsi rédigé« La Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis réaffirment leur obligation de s’abstenir de la menace ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance de l’Ukraine, et qu’aucune de leurs armes ne sera jamais utilisée contre l’Ukraine, sauf en cas de légitime défense ou en conformité avec la charte des Nations unies. ». Un autre article, les Etats signataires s’engageaient à s’abstenir d’utiliser toute coercition économique.
Le texte complet du mémorandum, en anglais, peut être consulté sur http://www.msz.gov.pl/en/p/wiedenobwe_at_s_en/news/memorandum_on_security_assurances_in_connection_with_ukraine_s_accession_to_the_treaty_on_the_npt?printMode=true
Lors de l’occupation de la Crimée à partir du 28 février 2014, puis de son annexion par la Russie, l’Ukraine s’est référée à ce mémorandum pour rappeler à la Russie que celle-ci s’était engagée à respecter les frontières ukrainiennes et aux autres signataires qu’ils étaient les garants de cette intégrité. L'invasion a d'ailleurs été revendiquée peu de temps après par Vladimir Poutine. 
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce rappel ukrainien n’a guère été suivi d’effets……. Il est vrai que, depuis, la Cour constitutionnelle russe a instauré (le 14 juillet 2015) la primauté de la loi nationale sur les traités internationaux !  
"Petit homme vert"