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samedi 30 août 2014

La Lituanie à la Coupe du Monde de Basket-ball 2014


La coupe du Monde de Basket-ball 2014 a lieu tous les 4 ans. En cette année 2014, elle se déroule en Espagne, du 30 août au 14 septembre.

24 équipes participent à ce tournoi. Pour le tour préliminaire, elles sont réparties en 4 groupes de 6 équipes chacun.  A l’issue des 5 matches disputés par chaque équipe, les 4 premiers de chaque groupe sont qualifiés pour les huitièmes de finale.

La Lituanie est dans le groupe D. Elle rencontrera successivement :

      # Samedi 30 août – 20H : Mexique
      # Dimanche 31 août – 20H : Angola
      # Mardi 2 septembre – 17H30 : Australie
      # Mercredi 3 septembre – 20H : Corée du sud
      # Jeudi 4 septembre – 21H30 : Slovénie

La France (sans Tony Parker) est dans le groupe A, les Etats-Unis dans le groupe C.

Malgré l’absence de son meneur, Mantas Kalnietis, qui s’est blessé en match de préparation de 26 août contre la Croatie, l’équipe de Lituanie devrait se qualifier sans trop de difficultés pour les huitièmes de finale. Elle joue ses matchs du tour préliminaire à Las Palmas de Gran Canaria. Son entraîneur est Jonas Kazlauskas.
L'entraîneur, Jonas Kazlauskas

On se rappellera que la Lituanie a terminé 3ème de la précédente Coupe du Monde, derrière les Etats-Unis et la Turquie. Ou encore qu’elle a terminé 2ème des Championnats d’Europe 2013, battue par la France en finale.





vendredi 29 août 2014

Lettonie : retour sur une station radar oubliée, Skrunda


Le nom de Skrunda fait d’abord référence à une ville de Lettonie de 2 500 habitants, située en Kurzeme (Courlande) à 35 km de Kuldīga, sur la route Riga – Klaipėda.  



Mais ce fut aussi, et je dirais surtout, une ville secrète de l’époque soviétique, Skrunda-1, qui abritait deux installations radar majeures à 7 km de la précédente (Lorsque les soviétiques construisaient des installations secrètes, le site n’apparaissait pas sur les cartes et son nom était dérivé de la localité la plus proche, suivi d’un numéro. L’arrêt de bus qui desservait la ville secrète était lui-même appelé d’un anonyme « Kombināts » (Usine).  


Les travaux des radars de type « Dnepr » furent effectués secrètement, de 1963 à 1968 pour le premier et de 1968 à 1973 pour le second. Chaque radar occupait un bâtiment à deux ailes, chaque aile étant longue de 250 mètres et large de 12 mètres. Ils étaient baptisés « Hen House » par l’OTAN, sans doute parce qu’ils ressemblaient à des poulaillers ……    

En 1985 commença la construction d’un nouveau radar de type « Daryal » mais qui ne sera pas menée à terme en raison de la chute de l’URSS. Il sera dynamité en mai 1995 par les Lettons bien décidés à montrer aux Russes que l’arrêt du fonctionnement n’était pas négociable.

Destruction du radar inachevé, Daryal

Ces radars étaient des radars d’alerte qui avaient pour objet d’informer sur l’arrivée de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM). Le secret de la construction fut toutefois éventés car, comme il s’agissait de radars de très forte puissance (ils portaient jusqu’à 6000 km), ils perturbaient les émissions radio et télé dans la région ! Par ailleurs, à partir de 1988, les habitants de la région se sont mobilisés pour protester contre les risques que les radiations électromagnétiques faisaient courir sur leur santé.

La ville militaire de Skrunda-1 permettait aux militaires qui servaient les radars de vivre en autarcie. Elle comptait 70 bâtiments sur 45 hectares, dont un hôtel, un mess, une clinique, une cafétéria, une école, deux night-clubs, des serres et, bien sûr, des casernements, le tout pour 5 à 600 personnes. 


Après le retour de la Lettonie à l’indépendance, le devenir de la station et de la ville fit l’objet de discussions, avant que ne soit signé, entre la Lettonie et la Russie, le 30 avril 1994, un accord qui autorisait la Russie à utiliser les radars pendant 4 ans (en fait jusqu’au 31 août 1998), puis à les démanteler. La Russie essayer de faire prolonger de deux ans l’utilisation du radar (jusqu’à ce que la nouvelle station Daryal de Baranovichi au Bélarus soit opérationnelle), mais la Lettonie refusa. La station fut donc fermée le 4 septembre 1998.


Le gouvernement letton lança un appel d’offre pour vendre toute la zone. L’ensemble fut vendu le 5 février 2010 pour 1,55 millions de Lats (2,2 millions d’€) par une société russe de Kinel, près de Samara, Alekseevskoye-Serviss, mais qui sur place n’est connue de personne. Le propriétaire n’a jamais été très clair sur ses intentions et son téléphone ne répond pas. Officiellement, il semblerait qu’il voulait installer une porcherie de 120 000 têtes. Ou un casino ! Ou qu’il ne soit qu’un prête-nom pour le géant pétrolier russe Rosneft. En tout état de cause, il ne s’acquitta jamais de ses obligations. Le site fut à nouveau soumissionné et fut acheté en juin 2010 pour …… 170 000 Lats (243 000 €) par une société lettone, Iniciative Europa mais dont le propriétaire est un citoyen russe originaire de …… Samara. Mais qui ne s’en occupe pas plus que le précédent ! 


Le site est toujours aujourd’hui à l’abandon et Skrunda-1 est une ville fantôme qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Pripyat, à côté de Tchernobyl (photos : http://pamirsta.lt/2013/10/29/karinis-miestelis-skrunda/) .

mardi 26 août 2014

26 – 29 août 1914 : bataille de Tannenberg



Sur le front nord-est, la Première Guerre mondiale avait commencé le 17 août 1914 par l’offensive russe du Général von Rennenkampf contre la Prusse orientale. Les Russes avaient été battus dès le 17 août par l’impétueux Général allemand von François (bataille de Stallupönen), mais ils avaient pris leur revanche dès le 20 août à la bataille de Gumbinnen. Paniqué, le Général von Prittwitz, commandant la VIIIe Armée, ordonna un repli général sur la Vistule. Furieux, le Chef d’Etat-major général, von Moltke, le relèva de son commandement et le remplaca par le Général von Hindenburg (67 ans), assisté du Général Ludendorff (49 ans).

Le Général von Hindenburg

Prenant le commandement le 23 août 1914, le Général Paul von Hindenburg repasse à l’offensive. Il bénéficie pour cela d’une première : les décrypteurs allemands interceptent les messages radios entre les généraux russes qui, ne se méfiant pas, parlent en clair. Ils comprennent que les deux armées russes, la 1ère de Paul von Rennenkampf qui arrive par le nord-est, et la 2ème d’Alexandre Samsonov qui arrive par le sud-est, sont plus éloignées l’une de l’autre qu’ils ne le pensaient. De plus, les généraux allemands savent que les deux Russes se détestent depuis la bataille de Moukden (1905). Hindenbourg et Ludendorff décident alors d’attaquer l’armée de Samsonov, faisant le pari que Rennenkampf hésitera à se porter à son secours.

Le Général Samsonov

Le piège va fonctionner, entre le 26 et le 29 août. Ne laissant qu’un rideau de cavalerie en surveillance face à Rennenkampf, Hindenburg va engager tous ses moyens face à Samsonov. Bien que supérieure en effectifs, la 2ème Armée de Samsonov va être encerclée par la VIIIe Armée d’Hindenburg sans que Rennenkampf n’intervienne. Sur les 200 000 soldats formant la 2ème Armée russe au départ, seuls 10 000 réussissent à s’échapper et 92 000 sont faits prisonniers par les Allemands, qui saisissent également 500 canons ! Ne se sentant pas capable de rendre compte au Tsar Nicolas II d’une telle défaite, Samsonov se suicidera le 29 août.

Une semaine plus tard, du 7 au 15 septembre 1914, Hindenburg battra von Rennenkampf à la première bataille des Lacs de Mazurie. En tout, entre Tannenberg et les Lacs de Mazurie, les Russes perdirent 250 000 hommes et la quasi totalité de leurs matériels. Ces combats eurent toutefois l’intérêt d’obliger les Allemands à acheminer des renforts depuis le front ouest, ce qui permit aux Français de mener la contre-attaque de la Marne.

Prisonniers et matériels saisi russes

Hindenburg, nommé Generalfeldmarschall, demanda à ce que cette victoire, bien qu’ayant eu lieu à Usdau (aujourd’hui Uzdowo en Pologne),  prenne le nom de Tannenberg, afin d’effacer la défaite éponyme de …… 1410 (en Lituanien : Žalgiris) des Chevaliers teutoniques contre les Polono-Lituaniens de Jogaila et Vytautas. 


Un monument commémoratif (ci-dessus), en forme de forteresse médiévale, fut érigé entre 1924 et 1927. Une crypte abrita les restes de vingt soldats inconnus puis, après sa mort le 2 août 1934, ceux du Maréchal Hindenburg. En janvier 1945, les cercueils d’Hindenburg et de son épouse furent extraits de la crypte et le monument partiellement détruit, pour ne pas être profanés par l’armée rouge. La destruction fut achevée en 1952 – 53 par les Polonais.







dimanche 24 août 2014

24 août 1991 : indépendance de l’Ukraine


Contrairement à ce qui se passa dans les Etats baltes, en Pologne et en Finlande, la période post Première Guerre mondiale (1917 – 1920) ne donna pas lieu à l’établissement d’un Etat souverain démocratique en Ukraine. Au contraire, La République Socialiste Soviétique d’Ukraine, créée le 10 mars 1919, sera un des Etats fondateurs de l’URSS le 30 décembre 1922.

L’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl’ (26 avril 1986) marqua un tournant et ouvrit la voie à une critique virulente du régime soviétique. En 1987-88 intervinrent les premières créations d’associations politico-culturelles indépendantes du pouvoir. En 1989 fut créé le « Roukh » (« mouvement » pour « Mouvement populaire ukrainien pour la reconstruction »), mouvement patriotique qui joua un rôle essentiel dans la marche de l’Ukraine vers l’indépendance, à l’image de par exemple Sajūdis en Lituanie.


Le 28 octobre 1989, l’Ukrainien est déclaré langue officielle de la RSS d’Ukraine. De grandes grèves ouvrières ont lieu en 1989 et 1990 dans le Donbass avec des revendications aussi bien socio-économiques que politiques.

Le 16 juillet 1990, à l’instar d’autres républiques de l’URSS, comme la Russie quelques jours auparavant, l’Ukraine adopte une « Déclaration de souveraineté étatique », affirmant la suprématie de la Constitution et des lois de la République d’Ukraine sur celles de l’URSS. Le « Conseil suprême » adopte cette déclaration par 225 voix contre 4 !

Le 19 août 1991 a lieu le putsch de Moscou (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2014/08/aout-1991-retour-sur-letrange-putsch-de.html) qui va conduire, le 24 août 1991, à la pleine indépendance de l’Ukraine (l’appellation République Socialiste Soviétique passe à la trappe !). Dès le lendemain, le Parlement vote la confiscation des biens du Parti Communiste. Le 27 août, le Parlement déclare l’Ukraine puissance non nucléaire et s’engage à remettre les armes nucléaires tactiques à la Russie avant juillet 1992.  

Le 1er décembre 1991, un référendum donne une majorité écrasante de 90,35 % pour l’indépendance de l’Ukraine (80 % de participation). Toutes les régions, y compris les régions orientales et la Crimée, les plus russifiées, se prononcent pour l’indépendance.

Leonid Kravchuk

Le 5 décembre 1991, le Conseil suprême de l’Ukraine constate la nullité du traité fondateur de l’Union soviétique (1922) et Leonid Kravchuk, dernier dirigeant ukrainien de l’époque soviétique, est élu Président de la République avec 60 % des voix (il ne sera installé que l 22 août 1992). Le 7 décembre 1991, les présidents ukrainien, russe et bélarusse prononcent le décès de l’URSS.  

Le 24 août est devenu Fête Nationale « Jour de l’indépendance de l’Ukraine », en 1992.


(Article en partie largement inspiré du livre « Ukraine, une histoire en questions » de Iaroslav Lebedynsky, aux éditions de L’Harmattan)


samedi 23 août 2014

75 ans après le pacte Molotov – Ribbentrop


Les Estoniens, les Lettons, les Lituaniens et leurs amis célèbrent aujourd’hui ce 23 août 1989 lorsque 2 millions d’entre eux, bravant l’occupation soviétique, s’étaient donné la main de Vilnius à Tallinn en passant par Riga pour protester contre l’occupation de leurs Etats souverains depuis 1940. 


La date n’avait pas été choisie au hasard puisque c’était 50 ans après le pacte dit Molotov – Ribbentrop, signé à Moscou le 23 août 1939. Retour sur l’histoire.
Après leur retour (Lituanie – 16 février 1918) ou leur accession à l’indépendance (Lettonie – 18 novembre 1918 et Estonie – 24 février 1918), les trois Etats Baltes avaient signé avec la Russie soviétique (l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques n’étant fondée que le 30 Décembre 1922) :
# en 1920, des traités de paix (Estonie 2 février, Lituanie 12 juillet, Lettonie 11 août)
# des pactes de non-agression (Lituanie 28 septembre 1926, Lettonie 5 février 1932, Estonie 4 mai 1932). Le Pacte avec la Lituanie fut prolongé pour 5 ans le 6 mai 1931, puis, avant même son expiration pour 11 ans le 4 avril 1934.
Au début de novembre 1938, pressentant l’approche du conflit européen, les organes législatifs des trois Républiques adoptèrent des textes de lois identiques, manifestant leur ferme volonté de rester neutres, à l’écart d’un éventuel conflit.
Par ailleurs, inquiétée par les projets d'expansion à l'Est de l'Allemagne nazie (à la recherche de son « espace vital ») ainsi que par la rhétorique très agressive d'Hitler (pour lequel les Slaves sont des « sous-hommes » devant être exterminés ou réduits en esclavage), l'URSS presse à de nombreuses reprises la France et le Royaume-Uni de conclure des accords d'alliance incluant des clauses d'entraide militaire si l'un des pays venait à être attaqué par l'Allemagne.
Les atermoiements franco-anglais face à une telle alliance contre l'Allemagne nazie, ainsi que leurs concessions à Hitler et les indices montrant que ces pays espéraient une guerre entre l'Allemagne et l'URSS, peuvent expliquer que l'URSS, se détournant de démocraties occidentales perçues comme indifférentes, sinon hostiles envers elle, se rabatte sur un accord avec l'Allemagne.
Ribbentrop - Molotov (assis) - Staline

Le 23 août 1939, l'URSS, représentée par Viatcheslav Molotov, et l'Allemagne nazie, représentée par Joachim von Ribbentrop, signèrent à Moscou un Traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union des républiques socialistes soviétiques, plus communément appelé plus communément Pacte Molotov-Ribbentrop, du nom de ses signataires.
Le traité proclamait un renoncement au conflit entre les deux pays, ainsi qu'une position de neutralité dans le cas où l'un des deux pays signataires serait attaqué par une tierce partie.
Mais le traité comportait également plusieurs protocoles restés longtemps secrets qui déterminèrent le destin des Etats Baltes pour 50 ans. Dans ces protocoles, les deux puissances totalitaires s’entendaient pour se partager la Pologne et pour désigner la frontière nord de la Lituanie comme ligne de partage entre leurs « sphères d’influence ». Ainsi, la Finlande, l’Estonie et la Lettonie tombaient dans la sphère d’influence soviétique, la Lituanie dans celle de l’Allemagne.

Ne craignant plus une interférence de l’URSS, Hitler envahit donc « tranquillement » la Pologne le 1er septembre 1939, ce qui conduisit à la Deuxième Guerre mondiale par l’intervention, le 3 Septembre, de la France et de la Grande-Bretagne volant au secours de leur allié polonais. De son côté, l’URSS envahit la Pologne par l’est le 17 Septembre, à partir de l’Ukraine et de la Biélorussie. Le 28 septembre 1939, les deux puissances totalitaires signèrent un nouvel accord de délimitation des frontières, avec un accord secret complémentaire par lequel la Lituanie tombait, à présent, dans la sphère des intérêts soviétiques
Mais il ne faut pas non plus oublier que, suite au pacte, l’URSS approvisionna largement l’Allemagne en matières premières (notamment pétrole, caoutchouc, céréales), ce qui permit à celle-ci de constituer des stocks nécessaires à son armée et à son industrie pour la suite de la guerre.
Aujourd’hui, la Fédération de Russie ne fait commencer la seconde Guerre Mondiale qu’en 1941, revendiquant même le titre de principal vainqueur. C’est « oublier » un peu rapidement que, pendant deux ans, elle fut un allié fidèle du régime nazi.  
Depuis 2009, le 23 août est la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme.
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jeudi 21 août 2014

1ère Guerre Mondiale : à l’est, quoi de nouveau ?


Nous avions vu (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2014/08/17-aout-1914-debut-de-loffensive-russe.html) que, sur le front du nord-est, c’est la 1ère Armée russe du Général Paul von Rennenkampf qui était passée la première à l’offensive, plus tôt que prévu, le 17 août 1914, face à la Prusse Orientale. Mais c’est le Général von François, commandant le 1er Corps allemand, qui, bravant les ordres de son chef, le Generaloberst (Général d’Armée) Maximilian von Prittwitz, commandant la VIIIe Armée, avait remporté la première victoire, le même jour, à la bataille de Stallupönen. Après cette bataille, le Corps de von François s’était regroupé à Gumbinnen.

Carte générale de la manoeuvre d'août 1914 en Prusse orientale

Le Général von Prittwitz savait que la 2ème Armée russe du Général Alexandre Samsonov remontait vers le nord à partir de la Pologne. Sous la pression de von François, von Prittwitz décida d’engager les forces russes de Rennenkampf, avançant vers l’est sur un front de 55 km, laissant un Corps d’Armée en couverture face à l’arrivée possible de Samsonov. Les Allemands étaient largement supérieurs en nombre, ne serait-ce que parce que les Russes n’avaient pas encore terminé leur mobilisation et auraient dû remporter sans problème cette bataille de Gumbinnen.

Mais, toujours aussi impétueux, von François attaque dès 4 heures le 20 août au matin, alors que les deux autres Corps d’Armée (von Mackensen et von Below) n’étaient pas encore prêts (ils le seront respectivement à 8H et à midi !).    

Le général August von Mackensen, lorsqu'il commandait le 1er Hussards de la Garde


Alertés par l’attaque prématurée de von François, les Russes eurent le temps de déployer leur artillerie lourde, qui fit un massacre dans les Corps de Mackensen et von Below. Les Allemands durent se replier sur 24 km et perdirent 6 000 prisonniers.

Paniqué par la contre-attaque russe, redoutant l’arrivée de la 2ème Armée de Samsonov qui, avec la 1ère Armée de Rennenkampf, aurait pu encercler sa VIIIe Armée, von Prittwitz ordonna un repli général sur la Vistule, abandonnant aux Russes la totalité de la Prusse orientale.

Le Général Helmuth von Moltke


Furieux, le Chef d’Etat-major général, Helmuth von Moltke, convoque von Prittwitz et son second, von Waldersee, à Berlin et les démets de leurs fonctions. Ils sont remplacés par Paul von Hindenburg, tiré de sa retraite où il est depuis 1911, et Erich Ludendorff, qui sera son Chef d’Etat-major.

Le Général von Hindenburg, suivi du Général Ludendorff


Hindenburg arrive pour prendre son commandement le 23 août 1914, est nommé Général d’Armée le 26 août, et constate qu’heureusement la retraite sur la Vistule n’était pas pleinement exécutée. Il parvient à endiguer la retraite et choisit de regrouper ses forces pour lancer une offensive contre la Seconde Armée russe de Samsonov, remontant du sud, et encore séparée de la Première Armée de von Rennenkampf. Cette offensive mènera à ce qui est certainement la plus grande victoire allemande de la Première Guerre mondiale : la bataille de Tannenberg (26 – 30 août 1914)

A suivre !


mardi 19 août 2014

19 août 1573 : les Ambassadeurs polonais viennent chercher Henri de Valois


Le 30 juin 1559, le Roi de France Henri II, de la dynastie des Valois-Angoulême, est blessé accidentellement lors d’un tournoi rue Saint-Antoine à Paris. Il en meurt le 10 juillet 1559. Son fils aîné François II, 15 ans, lui succède mais, de santé fragile, il décède un an plus tard, le 5 décembre 1560. Le fils suivant, Charles IX, monte sur le trône à l’âge de 10 ans et la régence est confiée à sa mère, donc veuve d’Henri II, Catherine de Médicis.
Catherine de Médicis

Mais le fils préféré de Catherine de Médicis était le suivant, Henri, duc d’Anjou. Un astrologue lui ayant prédit qu’elle verrait tous ses fils sur un trône, elle se mit en quête de trouver une couronne pour Henri. C’est l’évêque de Valence, Jean de Montluc, qui suggère de faire du duc d’Anjou le successeur du Roi de Pologne / Grand-duc de Lituanie Sigismond II, « qui était en proie à une maladie qui ne laissait aucun espoir de le sauver ».

Henri, duc d'Anjou, à l'âge de 19 ans


Ce fut Jean de Montluc, seigneur de Balagny, 17 ans, fils naturel de l’évêque, qui partit au début de 1572 explorer le terrain accompagné de deux autres gentilshommes, se faisant passer pour un étudiant. Ils allèrent d’ailleurs en Lituanie où le Roi Sigismond s’était réfugié pour fuir une épidémie de peste qui ravageait la Pologne. Mais les jeunes gens ne verront pas le Roi qui meurt le 7 juillet 1572.

Apprenant la mort de Sigismond II, Catherine de Médicis envoie alors le père de Balagny, Jean de Montluc évêque de Valence, pour négocier l’élection d’Henri. Car, suite à l’Union de Lublin (1er juillet 1569), la couronne de Pologne-Lituanie était devenue élective. Grâce à son habileté, sans même – paraît-il – avoir besoin de se servir de moyens de corruption, Henri fut élu Roi de Pologne le 9 mai 1573, sous le nom de Henri de Valois (Henryk Walezy).

Arrivée des Ambasasdeurs polonais à Paris

Le 19 août 1573 arriva à Paris une grande délégation polonaise, constituée de 10 Ambassadeurs et 250 gentilshommes, venue offrir la couronne de Pologne-Lituanie à Henri. La délégation est reçue le 21 août à la Cour. Mais cette délégation polonaise venue aussi lui faire signer les « Articles d’Henri » (Articuli Henriciani), par lesquels la nation recevait de facto la pleine souveraineté, mais qui furent aussi la cause de l’anarchie qui paralysa par la suite l’action des souverains polono-lituaniens. Les « Article d’Henri », que par la suite tous les Rois élus durent jurer de respecter, étaient complétés par la « Pacta conventa », engagements personnels des futurs souverains.

Après avoir longuement traîné des pieds pour arriver, Henri de Valois fut couronné le 21 février 1574 à Cracovie.

henri de Valois sur la route de Cracovie

Mais, le 14 juin 1574, Henri apprend le décès de son frère, le Roi de France Charles IX, décédé sans héritier à l’âge de 24 ans. Ne voulant pas se faire souffler la place de Roi de France par son jeune frère François, duc d’Alençon, mais aussi ne s’étant jamais fait à la Pologne, Henri s’enfuit nuitamment de Cracovie le 18 juin 1574, après un règne de 148 jours, sans rien dire aux Polonais et dans des conditions rocambolesques. Il laisse la Pologne-Lituanie sans souverain mais avec les « Articles d’Henri » lourds de conséquences, pour retrouver la France en proie aux guerres de religion.

Il sera couronné Roi de France à Reims le 13 février 1575 sous le nom d’Henri III.  La Pologne connaîtra, elle, un interrègne de 18 mois, espérant toujours le retour d’Henri, avant d’élire Étienne Báthory  qui sera couronné le 1er mai 1576.


La colline du Wawel à Cracovie

dimanche 17 août 2014

17 août 1914 : début de l’offensive russe en Prusse-Orientale


Après que l’Empire allemand ait déclaré la guerre à l’Empire russe le 1er août 1914, nous avions vu que, rapidement, des navires allemands étaient venus bombarder le port russo/letton de Libau/ Liepaja (http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2014/08/2-aout-1914-premiers-coups-de-canon.html).

Le 6 août, l’Empire austro-hongrois avait à son tour déclaré la guerre à la Russie. (Rappel : je ne traite pas cette partie galicienne du front de l’est).



L’armée allemande a terminé sa mobilisation le 10 août. Sa mission en Prusse-Orientale devait être purement défensive, l’effort étant porté à l’ouest contre la France (Plan Schlieffen). Mais, le 17 août 1914, les forces russes (1ère Armée russe du Général Paul von Rennenkampf, baron balte né en Estonie) attaquent en Prusse-Orientale, plus tôt que prévu par l’Etat-major allemand.

Général Paul von Rennenkampf (Russie)

La mobilisation russe ne devant être terminée qu’au 36ème jour, la 1ère Armée russe ne dispose pas encore de ses divisions de réserve. En outre, comme l’écartement des voies n’est pas le même en Russie et en Allemagne, les soldats russes sont venus à marche forcée alors que les Allemands sont venus en train.

Le commandant de la VIIIe Armée allemande, le Generaloberst (Général d’Armée) Maximilian von Prittwitz, avait toutefois donné l’ordre à ses troupes de se retirer si la Russie exerçait une pression.

Generaloberst Maximilian von Prittwitz (Allemagne)

Mais le Commandant du 1er Corps d’Armée, le Général Hermann von François, ne l’entendait pas de cette oreille. En « bon » descendant d’Huguenot français, convaincu que ses troupes étaient mieux entraînées et mieux équipées que les Russes, il désobéit et, ce même 17 août 1914, il engagea les forces russes de von Rennenkampf dans ce qui sera la bataille de Stallupönen (aujourd’hui Nesterov / Нестеров dans l’oblast russe de Kaliningrad). Sa réponse à son chef est restée célèbre : « Le général von François se retirera lorsqu’il aura défait les Russes ! »

Général Hermann von françois (Allemagne)

Le sort de la bataille lui donna raison. Lançant une offensive d’envergure sur tout le front, il infligea de lourdes pertes aux Russes (5 000 morts, 3 000 prisonniers), qui se retirèrent sur la frontière. Ce n’est qu’après que von François obéit à Prittwitz et retraita de 20 km vers l’ouest, prenant position autour de Gumbinnen (aujourd’hui Goussev / Гусев. Dans l’oblast de Kaliningrad).

L’impétuosité, pour ne pas dire l’impatience, du Général von François aura, a contrario, des conséquences néfastes trois jours plus tard (20 août 1914), à l’occasion de la bataille de Gumbinnen.

(A suivre)

La guerre à Stallupönen



jeudi 14 août 2014

Août 1991 : retour sur l’étrange putsch de Moscou


(En avance sur le calendrier en raison de contraintes personnelles, le présent post revient sur le putsch de Moscou des 19 – 21 août 1991, sur lequel on peut encore légitimement se poser des questions).


Mikhaïl Gorbatchev avait été nommé secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, le 11 mars 1985. Il s’efforce de sauver le système soviétique en lançant dès 1985 un programme de réformes, mettant en place une politique de transparence politique (glasnost) et de restructuration économique (perestroïka).  

Ces changements déclenchèrent des résistances de la part des membres conservateurs du parti communiste, mais aussi des agitations nationalistes de la part des minorités non russes de l’URSS. Sur ce dernier point, les Républiques constituant l’URSS (à l’exception notable des Etats baltes qui avaient déjà déclaré leur indépendance) acceptèrent un traité qui leur donnait une autonomie presque totale, au sein d’une fédération où seules la politique étrangère et la politique de défense seraient communes. Ce traité devait être signé le 20 août 1991.

Or, la veille, 19 août 1991, un groupe se faisant appeler le « Comité d’Etat pour l’état d’urgence » (ГКЧП), essaya de prendre le pouvoir à Moscou. Ce groupe annonça que Gorbatchev, en vacances à Foros en Crimée, était malade et que le vice-président de l’Union soviétique, Guennadi Ianaïev était nommé président pas intérim. Le comité de 8 membres comportait également le responsable du KGB, Vladimir Krioutchkov, le Ministre de l’Intérieur, Boris Pougo, et le Ministre de la Défense, Dmitri Iazov. Or ces hommes d’expérience, à des postes clés, n’utilisent pas les moyens qu’ils possèdent pour prendre réellement le pouvoir !   

Les putschistes

Le Comité utilise les anciennes méthodes, la censure et l’interdiction des médias, tout en restant muet, enfermé au Kremlin. Ses membres vont trouver en face d’eux Boris Eltsine, Président élu de la fédération de Russie, une des républiques constituant l’URSS, va alimenter un courant d’information en continu, faisant appel à l’émotion, à la dramatisation.

En effet, à la nouvelle du coup d’Etat, Boris Ieltsine se rend le 19 août à 10 heures du matin au Parlement, monte sur un des chars mis en place par les putschistes et, dans une déclaration très médiatique, dénonce le coup d’Etat et appelle à la grève générale. Là encore, le Comité d’Etat laisse diffuser par la télévision, que pourtant il contrôle, des images d’Eltsine fraternisant avec les tankistes et faisant son discours ! 

Boris Eltsine, debout sur un char, arrangant la foule devant la "Maison Blanche" (Parlement russe)
   
Il y eu des heurts contre les manifestants, mais, dans l’ensemble, il y eut très peu de violences, et le fait que les troupes se rangent, le 21 août, du côté des manifestants et donc d’Eltsine, signa la fin du putsch.

La conséquence la plus spectaculaire de l’échec du putsch fut que l’URSS reconnut l’indépendance des Etats baltes, puis celle des autres républiques qui suivirent. L’URSS devint une coquille vide et, le 8 décembre 1991, les dirigeants de la Russie (Boris Eltsine), du Bélarus (Stanislav Chouchkievitch) et d’Ukraine (Leonid Kravtchouk) se réunirent à Minsk pour annuler le traité de 1922 qui avait établi l’Union soviétique. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionna de son poste de président soviétique : l’Union soviétique avait cessé d’exister.

Gorbatchev à son retour de Crimée

Ce qui est moins connu, c’est que, dans les mois qui suivent le putsch, l’aide occidentale à l’Union soviétique est augmentée. Le 21 novembre 1991, le G7 accorde un report de paiement des intérêts de la dette publique soviétique et octroie de nouveaux crédits.

Certains, comme par exemple Vladimir Boukovski, pensent que le putsch n’aurait été en fait que l’application d’un scénario monté avec Gorbatchev, destiné à une reprise en main du style Jaruzelski contre Solidarnosc en Pologne en 1980. Il faut en tout état de cause souligner qu’in fine le grand gagnant de ce putsch a été le Président russe Boris Eltsine.