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jeudi 31 juillet 2014

La Pologne au début de la Première Guerre mondiale


Le Royaume de Pologne, tout comme le Grand-duché de Lituanie, avait été rayé de la carte d’Europe lors des trois partages de 1772, 1793 et 1795, au profit de la Prusse, de l’Autriche-Hongrie et de la Russie. Napoléon 1er ressuscitera un éphémère Duché de Varsovie à partir de 1807, mais lequel ne survivra pas à sa chute (occupation par les Russes à partir de mars 1813). Lors du Congrès de Vienne (1815), la plus grande partie du Duché de Varsovie devient le Royaume de Pologne, dit Royaume du Congrès, Etat autonome sous tutelle russe, dont le souverain est le Tsar, en l’occurrence Alexandre 1er.

Suite à l’échec de l’insurrection de 1863, l’unité administrative avec la Russie est établie et le Russe devient langue officielle. En 1868, les territoires du Royaume du Congrès sont incorporés comme provinces de l’Empire russe, sous le nom de « Pays de la Vistule ». La russification se poursuit sous les règnes d’Alexandre II (règne de 1855 à 1881) et d’Alexandre III (règne de 1881 à 1894). Le début du règne de Nicolas II (1894 – 1917) connaît un relâchement sensible, qui permet l’apparition de grands partis politiques.

Roman Dmowski

Ainsi, lors des élections de 1906 à la Douma russe, qui ont suivi la Révolution de 1905, sur les 36 députés auxquels le « Pays de la Vistule » a droit, 34 provenait du Parti National-Démocrate (Stronnictwo Narodowo-Demokratyczne  - SND) de Roman Dmowski. Mais l’Assemblée, qui réclamait des réformes vigoureuses, sera dissoute au bout de deux mois !

Durant la période plutôt répressive qui suit, le Parti Socialiste Polonais (Polska Partia Socjalistyczna - PPS) de Józef Piłsudski (exilé en Sibérie de 1887 à 1892) va jouer un rôle important dans l’action clandestine. C’est en fait le seul parti politique qui prônait la violence pour obtenir l’indépendance de la Pologne, au contraire des autres partis, dont le SND, qui adoptait une position de conciliation pour obtenir une autonomie limitée. Il forma des organisations paramilitaires sous le couvert de clubs sportifs.

Józef Piłsudski

Dès avant le déclenchement de la guerre, Piłsudski avait déclaré que, pour que la Pologne recouvre son indépendance, il fallait que la Russie soit battue par les Empires centraux (Autriche-Hongrie et Empire allemand). Par contre son rival, Roman Dmowski, considérait que le meilleur moyen d’obtenir une Pologne unifiée et indépendante était de soutenir la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) contre les Empires centraux. On trouvera donc des Polonais dans les armées des trois empires qui les occupaient.

Ce n’est donc pas une surprise, au début de la guerre, de retrouver Józef Piłsudski combattant dans l’Armée austro-hongroise à la tête des Légions polonaises de Galicie. Les Légions polonaises compteront un total de 20 000 hommes répartis en trois Brigades, Piłsudski étant à la tête de la 1ère et la 2ème par le Général Józef Haller de Hallenburg (que l’on retrouvera en 1918 en France à la tête de l’Armée bleue).

Général Józef Haller

Roman Dmowski, pour qui l’ennemi le plus dangereux était l’Allemagne, sera, lui, obligé d’attendre la révolution de février 1917 pour créer des unités polonaises, dans la mesure où les Russes bloquaient toute constitution d’un mouvement national. Début avril 1917, un Comité National Polonais s’installe à Paris sous la direction de Roman Dmowski et du pianiste Ignacy  Paderewski, comité qui sera  reconnu par la France, le Royaume-Uni, l’Italie et les Etats-Unis. Mais, dès août 1914, la diaspora polonaise avait créé en France un Comité des Volontaires Polonais et nombreux seront les Polonais à s’engager dans la Légion Etrangère et à combattre à partir du printemps 1815 en Artois, en Picardie et en Champagne.


Au final, ce sont entre 2,5 et 3,4 millions de Polonais qui combattront sur tous les fronts d’Europe durant la Première guerre mondiale : 1,2 millions dans l’armée russe, 250 000 dans l’armée austro-hongroise, 800 000 dans l’armée allemande et 200 000 dans l’armée française. Les pertes militaires s’élèveront à 500 000 morts (dont 50 000 sur le territoire français) et 700 000 blessés.


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