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dimanche 4 novembre 2012

Roland de la Poype, héros de Normandie – Niémen



Né le 28 Juillet 1920 dans le Puy-de-Dôme, Roland Paulze d’Ivoy de la Poype s’engage à 19 ans comme élève-pilote, en Décembre 1939. Réussissant à s’embarquer pour l’Angleterre avant la ruée allemande, il intègre le squadron 602 et obtient sa première victoire le 22 Août 1942.  Volontaire pour rejoindre le Groupe de Chasse (GC 3) des Forces Aériennes Françaises Libres que le Général de Gaulle veut envoyer combattre aux côtés des soviétiques, il est parmi les premiers à débarquer à Ivanovo (Russie) le 28 Décembre 1942.

Aux ordres du Commandant Pouliquen puis du Commandant Tulasnes, le GC 3, devenu « Normandie » en souvenir de l’une des provinces françaises qui souffre le plus de l’occupation allemande, enregistre ses premiers succès dès le 5 Avril 1943. Régiment depuis le 7 Février 1944, il devient Régiment « Normandie – Niémen » le 21 Juillet 1944, par décision de Staline lui-même, pour souligner la part capitale qu’il avait prise dans l’offensive soviétique et notamment dans le franchissement du Niémen.

Roland de la Poype (2ème en partant de la gauche) devant un Yak-3

« Normandie – Niémen » est sur le sol lituanien du 15 Juillet au 21 Novembre 1944, notamment à Alytus (29 Juillet – 18 Septembre), qui garde encore son souvenir. Pendant leur séjour, les pilotes visiteront Vilnius libérée (« Nous avons retrouvé l’Europe, notre Europe ! » déclarera l’un d’eux), mais aussi le ghetto de Kaunas, anéanti par les Allemands dans la nuit du 13 au 14 Juillet 1944.

Du 13 Avril 1943 au 12 Avril 1945, « Normandie – Niémen » aura effectué 5 240 missions. 273 victoires aériennes sont homologuées, 36 autres sont probables. 42 pilotes ont été tués ou ont disparu sur 97 engagés au combat. A lui seul, Roland de la Poype obtient 15 victoires aériennes sur le front de l’est, ce qui lui vaut d’être le premier Français à être fait héros de l’Union soviétique.

Le 20 Juin 1945, avec les pilotes survivants du Normandie - Niémen, le Capitaine de la Poype se pose au Bourget avec son Yak-3, cadeau de Staline. Il est un temps attaché de l’air en Belgique puis en Yougoslavie, mais il décide de quitter l’armée en 1947 « car on n’y fait pas fortune » déclare-t-il avec son franc-parler.
Devenu industriel en plasturgie, il monte sa première usine dès le mois de Mai 1947. A l’époque, l’avenir appartient au plastique et aux emballages jetables et, en 1952, il se lance dans la fabrication d’un produit novateur, le berlingot DOP.

En 1968, c’est une autre révolution. Il fabrique la carrosserie en plastique ABS de la Citroën Méhari, la jeep en plastique comme nous l’avions baptisée à l’armée, dont elle fera longtemps les « beaux jours ». Il s’en vendra 140 000 exemplaires, dans des couleurs « voyantes » alors inédites.


Enfin, amoureux de la mer et de son milieu, sans doute un héritage de son ancêtre du XVIIe siècle, l'Amiral de la Poype de Vertrieux, il créera en 1970 le Marineland d’Antibes. « J’ai créé Marineland pour mieux faire connaître les animaux marins et mieux les défendre face aux massacres dont ils étaient victimes », expliquait celui qui fut citoyen d’honneur d’Antibes en 1996. Il fut en outre Maire de Champigné (Maine-et-Loire) dans les années 60, où il créa un golf.



Roland de la Poype est décédé à Saint-Tropez le 23 Octobre 2012, à l’âge de 92 ans. Ses obsèques ont eu lieu le 30 Octobre dans la cour d’honneur des Invalides.


Compagnon de la Libération, Héros de l’Union soviétique, Grand-croix de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 39-45 avec 12 citations, pour ne citer que ses décorations les plus remarquables, ce n’était sans doute pas assez pour qu’un Ministre se déplace aux obsèques du Colonel Roland de la Poype. De même, alors que deux Alphajets avaient survolé les obsèques de l’acteur Christian Marin, interprète à l’écran du héros de bande dessinée Laverdure, nul avion n’est venu troubler le ciel de Paris le 30 Octobre. Il est vrai que, défendre la France d’abord en risquant sa vie, puis en investissant son argent, peut être considéré aujourd’hui comme doublement suspect. O tempora, o mores……

« On peut faire la guerre sans l'aimer.
On peut aimer la vie sans craindre la mort. »
Roland Paulze d’Ivoy de la Poype (1920 – 2012)


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