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mardi 30 octobre 2012

Législatives en Ukraine : flou et magouilles



Staline disait : « Ce qui compte ce n’est pas le vote c’est comment on compte les votes ». Il semblerait que l’Ukraine ait emboîté le pas à la Russie pour remettre à l’honneur cet aphorisme, à l’occasion des élections législatives qui se sont déroulées ce dimanche.

On rappellera tout d’abord que le Parlement monocaméral ukrainien, la Verkhovna Rada, est composé de 450 députés, élus pour moitié au scrutin proportionnel de listes (pour autant que celles-ci reçoivent au moins 5 % des votes), pour moitié au scrutin majoritaire à un tour dans les circonscriptions. Un point de détail est important : il faut 300 députés sur 450 pour pouvoir modifier la Constitution.  



Dimanche 28 Décembre à 20H, cinq instituts de sondage donnaient les fourchettes suivantes pour les résultats « sortie des urnes » :

# Parti des Régions (Yanukovych)        entre 27 et 32 %
# Opposition unie (dont Tymoshenko) entre 23 et 24 %
# UDAR (Klitschko)                            entre 13 et 15 %
# Communistes                                    entre 11 et 13 %
# Svoboda (nationalistes)                   entre 11 et 12 %

Lundi 29 décembre à 21H10, alors que seulement 79,24 % des votes ont été comptés, les résultats à la proportionnelle seraient les suivants (source Kyiv Post) :

# Parti des Régions     32,5 %
# Opposition Unie       23,6 %
# Communistes            14,1 %
# UDAR                      13,3 %
# Svoboda                   9,3 %

C’est une relative déception pour UDAR qui, dans les derniers sondages d’avant vote, avait atteint la deuxième place. C’est une bonne surprise pour Svoboda qui va entrer pour la première fois au Parlement. Ce devrait être une déception pour l’Opposition unie, quand on sait qu’en 2007 le parti Batkivshchyna de Ioulia Tymoshenko, aujourd’hui un des membres de la coalition d’opposition, avait atteint à lui seul 30 %.   

En outre, chacun est resté dans son rôle, le Parti des Régions criant victoire, l’opposition criant à la fraude, les observateurs de la CEI attestant d’élections démocratiques, ceux de l’OSCE dénonçant une transparence insuffisante et critiquant l’abus de « ressources administratives ». Ioulia Tymochenko, en prison en principe pour 7 ans, a engagé une grève de la faim pour protester contre « la falsification des élections ».  



Mais ce sont les résultats des 225 circonscriptions qui votaient au scrutin majoritaire, attendus plus tard dans la semaine, qui vont être déterminants. Or, d’après les premières tendances (le dépouillement étant toujours en cours), une moitié des élus devraient provenir du Parti des Régions, l’autre moitié seraient des indépendants. L’expérience de 1998 et 2002 a prouvé que ces « indépendants » votaient le plus souvent avec le parti au pouvoir ; c’est la raison pour laquelle le scrutin de circonscription avait été abandonné après la Révolution orange de 2004. Et sans doute la raison pour laquelle il a été rétabli pour ces législatives 2012.

Savoir combien d’ « indépendants » vont rejoindre de facto le Parti des Régions ou les communistes est très important. Car, si l’ensemble dépassait les 300 députés, cela pourrait ouvrir la voie à une modification de la Constitution. Le Président Viktor Yanukovych ne fait pas mystère de son intention de garder le pouvoir le plus longtemps possible, le fait que son principal adversaire, Ioulia Tymochenko, soit en prison en est la preuve. Or, il n’est pas sûr d’être réélu au suffrage universel en 2015. Si un changement de la Constitution pouvait permettre qu’il soit élu par le Parlement arrangerait manifestement ses affaires.

D’un autre côté, le Parlement serait la tribune indispensable d’un contre-pouvoir, si tant est que l’Opposition unie et UDAR arrivent à s’accorder. Ce n’est pas évident, à l’aune des ambitions personnelles en vue des présidentielles de 2015. Le succès de Svoboda est d’ailleurs peut-être à chercher dans la lassitude des électeurs vis-à-vis de l’opposition traditionnelle.  

Dans tout cela, le grand perdant risque d’être la démocratie en Ukraine, donc les Ukrainiens, et il y a un risque réel de voir un deuxième Bélarus à nos portes.


lundi 29 octobre 2012

Législatives en Lituanie : tout reste à faire



Comme il fallait s’y attendre, le 2ème tour des législatives lituaniennes, qui portait sur 68 circonscriptions au scrutin majoritaire, a légèrement infléchi les résultats du premier tour.

Le Darbo partija de Viktor Uspaskich, qui avait viré en tête au premier tour, est repassé à une troisième place plus logique. Il laisse la tête aux Socio-démocrates d’Algirdas Butkevičius, lequel devrait donc devenir Premier Ministre, même si la désignation de celui-ci est de la responsabilité du Président de la République. Tėvynės sąjunga ne subit pas la déroute qu’on lui prédisait, et on se rendra peut-être rapidement compte que, comme en France, le TSK (Tout Sauf Kubilius) ne fait pas une politique. On notera deux originalités, pour ne pas dire anomalies : le Parti anti-pédophiles, monté après l’émotion suscitée par l’affaire Drąsius Kedys à Kaunas, obtient 7 sièges, et le parti communautariste polonais, 8.

Algirdas Butkevičius, futur Premier Ministre ? 

Car, même si un accord de gouvernement lie en principe le LSDP, le Darbo partija et Tvarka ir Teisingumas, tout reste en fait à faire, car ils ne sont pas d’accord sur de nombreux points, notamment vis-à-vis de la construction d’une future centrale nucléaire. Plus globalement, beaucoup d’observateurs – dont je suis - pensent qu’une telle majorité, allant de la gauche à la droite populiste, risque de ne pas durer longtemps. En tout état de cause, la formation du nouveau gouvernement risque de prendre plusieurs semaines.

Les résultats provisoires publiés par Delfi (http://www.delfi.lt/) à 00H35 (heure lituanienne) ce matin seraient les suivants (le premier chiffre est celui des sièges obtenus à la proportionnelle le 14 Octobre. Le second chiffre est celui des sièges obtenus au scrutin majoritaire. Le troisième chiffre est le nombre total de députés dont les partis disposeraient dans le nouveau Seimas).

(NB : Pour la signification du nom des partis, se reporter à mes précédents posts, notamment http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/10/elections-lituaniennes-resultats-et.html)

Lietuvos socialdemokratų partija   15  +  23  =  38
Tėvynės sąjunga – LKD                 13  +  20  =  33
Darbo partija                              17 +  12  =  29
Tvarka ir Teisingumas                   6  +  5  =  11
Liberalų sajūdis                            7  +  3  =  10
Lenkų rinkimų akcija (Polonais)       5  +  3  =  8
Drąsos kelias (anti-pédophiles)       7  +  0  =  7
Sans parti                                    0  +  3  =  3
Valstiečių ir žaliųjų (verts)             0  +  1  =  1

NB : Ceux qui feront le total s’apercevront qu’il manque une circonscription, le résultat du premier tour dans la circonscription de Visaginas – Zarasai ayant été annulé pour fraude. Un nouveau scrutin devrait s’y tenir dans les six mois.  

Le taux de participation a été de 35,86 % (à comparer avec les 52,93 % du premier tour).

Pour l’anecdote (encore que ce soit plus triste qu’anecdotique), on notera que le « Nouvel Obs » a inventé un nouveau parti lituanien, le Paksas ! « Un troisième parti, le Paksas, mené par un ancien président, décrocherait 11 sièges ». Comment voulez-vous que de tels « journalistes », confondant le nom d’un leader avec celui de son parti, soient crédibles ?!  

de g. à dr. : Butkevičius, Paksas et Uspaskich



dimanche 28 octobre 2012

28 Octobre 1888 : naissance de Kārlis Zāle



Je reconnais que Kārlis Zāle n’est pas le plus connu des Lettons. Et pourtant, quiconque est venu à Riga a obligatoirement vu son œuvre la plus emblématique.

Kārlis Zāle 

Kārlis Zāle est né le 28 Octobre 1888, à Mažeikiai (alors dans l’empire russe, aujourd’hui en Lituanie), a commencé une formation professionnelle de sculpteur à Kazan, puis à Moscou où il a travaillé avec le sculpteur Stepana Erzjas. A partir de 1915, il est à Saint-Pétersbourg / Petrograd à l’Académie des Arts. Après un passage à Berlin, il rentre en 1923 à Riga, devenue entre temps capitale de la Lettonie indépendante.

C’est un peu par hasard qu’en 1923 il participe au concours pour l’aménagement artistique du Cimetière des Frères (Brāļu Kapi), destiné à honorer les soldats lettons mort entre 1915 et 1920 pendant la Première Guerre mondiale et la Guerre d’Indépendance. Il gagne le concours et, entre 1924 et 1936, il va diriger les travaux combinat sculptures et aménagement du paysage.

Mais Kārlis Zāle était surtout venu à Riga pour participer au concours, lancé le 27 Juillet 1922 par le Premier Ministre Zigfrīds Anna Meierovics, pour la construction du Monument de la Liberté (Brīvības piemineklis). Après pas mal d’atermoiements, c’est là aussi Kārlis Zāle qui gagna le concours en Octobre 1929 ! La construction commença le 18 Novembre 1931, sur Brīvības bulvāris (boulevard de la Liberté) à la place d’une statue équestre de Pierre le Grand.


Inauguré le 18 Novembre 1935 (17e anniversaire de l’indépendance de la Lettonie), haut de 42 mètres, le monument symbolise la Liberté, l’Indépendance et la Souveraineté de la Lettonie. Reposant sur un socle rendant hommage aux héros lettons (dont le légendaire Lāčplēsis), il est surmonté d’une statue de 9 mètres de haut, allégorie de la Liberté, surnommée familièrement Milda, qui tient trois étoiles symbolisant les trois régions historiques de la Lettonie : Kurzeme, Vidzeme et Latgale.  


Le monument failli être démoli après l’occupation soviétique du 14 Juin 1940. C’est le sculpteur soviétique d’origine lettone, Vera Ignatyevna Mukhina, qui paraît-il le sauva, en vantant sa valeur architecturale. Mais le monument fut dédié à la « libération » des Etats baltes par Staline et les étoiles représentèrent alors l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Il resta malgré tout le symbole de la liberté perdue et c’est devant lui que, le 14 Juin 1987, 5 000 personnes se réunirent pour déposer des fleurs, première manifestation d’hostilité au régime d’occupation soviétique en Lettonie.

Kārlis Zāle était déjà décédé depuis le 19 Février 1942 à Inčukalns (entre Riga et Sigulda). Il est inhumé au Cimetière des Frères.



« Lève les yeux. Arrête-toi et regarde : Saint est ce lieu, Saint est ce moment. » (Leonīds Breikšs)











samedi 27 octobre 2012

Deux élections législatives ce dimanche



Il y a ce dimanche 28 Octobre deux élections législatives à l’est de l’Europe qui ne manquent pas d’intérêt.
Tout d’abord, en Lituanie, c’est le deuxième tour des élections législatives. Le premier tour du 14 Octobre a déjà pourvu 73 des 141 sièges (70 à la proportionnelle et 3 au scrutin majoritaire). Cf. http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/10/elections-lituaniennes-resultats-et.html . C’est le Parti du Travail qui était arrivé en tête, devant les sociaux-démocrates.

Mais l’entre deux tours a vu le Parti du Travail mis en difficulté, en raison de suspicion de fraudes, mais surtout parce que, ce vendredi, le procureur général a requalifié des charges anciennes contre le parti et son leader, Viktor Uspaskich, en fraude fiscale et comptabilité opaque pour la période 2004 – 2006. Uspaskich risque jusqu’à 8 ans de prison !

Viktor Uspaskich

Est-ce que ces ombres portées sur le Parti du Travail aura une influence sur le vote ? En tout état de cause, il y aura un troisième tour dans la mesure où une coalition de gouvernement devra être formée. Celle qui tient la corde (à défaut de tenir la route) pourrait être constituée des Sociaux-démocrates (gauche), du Parti du Travail (centre populiste) et d’Ordre et Justice (droite populiste).

L’Ukraine élit également les 450 députés de son Parlement unicaméral, la Verkhovna Rada Oukraïny. 225 députés sont élus au scrutin majoritaire, les 225 autres au scrutin proportionnel, une liste devant recueillir au moins 5 % des voix pour avoir des élus. Voir : http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/10/dans-une-semaine-les-elections.html


Ce qui domine dans cette élection, c’est surtout l’ingéniosité des partis (mais surtout, a priori, du Parti des Régions actuellement au pouvoir) pour frauder. Ce prend principalement la forme de cadeaux divers et variés, pouvant aller jusqu’à …… un mouton ! Mais aussi, on peut voir sur VKontakte (le Facebook russe) des étudiants vendre leur vote au plus offrant ! Mais ce serait 10 % des Ukrainiens qui seraient prêt à le faire, soit 3,6 millions de personnes !! On note également un nombre anormalement élevé de malades qui ont demandé à ce que l’urne, comme c’est légal, vienne chez eux.

Mais, là également, il faudra bien qu’il en sorte une coalition, qui pourrait être constituée d’une alliance entre le Parti des Régions de Yanukovych et le Parti Communiste. Même si, mathématiquement, on pourrait voir également une alliance entre l’opposition unie, conduite par Arseny Yatsenyuk (comprenant Batkivshchyna de Yulia Tymoshenko), et UDAR de Vitaliy Klychko.

Dans les deux cas, résultats à partir de lundi.  

vendredi 26 octobre 2012

Passage à l’heure d’hiver …… mais pas partout



En France, comme dans tout le fuseau horaire CET (Central European Time) ce dimanche matin 28 Octobre, à 3 heures du matin il sera 2 heures. C’est-à-dire que ce fuseau horaire revient à l’heure UTC + 1 en hiver, alors qu’il est à UTC + 2 en été.  

Les Etats Baltes, qui sont dans le fuseau horaire EET (Eastern European Time) passeront eux à l’heure d’hiver dimanche à 4 heures ; il sera alors 3 heures (passage d’UTC + 3 à UTC + 2). Depuis 1998, les dates de changement d’heures sont en effet harmonisées au sein de l’Union Européenne.


Deux Etats se distinguent, la Russie et le Bélarus.

En effet, le 8 Février 2011, le Président russe du moment, Dmitry Medvedev, avait décidé que le territoire de la Russie, de Kaliningrad à Vladivostok, sur 9 fuseaux horaires, resterait en permanence à l’heure d’été. En bon allié fidèle, le Bélarus avait suivi dans la foulée. La Douma avait essayé de revenir sur cette décision, mais le gouvernement du désormais Premier Ministre Dmitry Medvedev a décidé de rester en permanence à l’heure d’été. Comme cette confirmation a été tardive, elle a entraîné pas mal de confusion, d’autant que Vladimir Poutine, à qui toute réforme prônée par son prédécesseur donne des boutons, était favorable au statu quo ante.  

A partir de samedi, Moscou (UTC + 4) aura donc deux heures d’avance sur Vilnius, Riga ou Kyiv, au lieu d’une heure précédemment, trois heures d’avance sur Paris et quatre heures d’avance sur Londres. Kaliningrad est et reste à UTC + 3 et aura donc une heure d’avance sur les Etats baltes.

Le changement d’heure a pour objectif principal de faire correspondre au mieux les heures d’activité avec les heures d’ensoleillement, et donc de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel. Il permet également à quelques associations de se faire connaître en défendant le stress des vaches et le sommeil des enfants.


En ce qui me concerne, dès samedi soir comme d’habitude, je mettrai montre, pendules sans oublier téléphone à la nouvelle heure, et on n’en parle plus ! L’ordinateur est censé faire la bascule tout seul, mais « la confiance n’exclut pas le contrôle »……

Le prochain passage à l’heure d’été aura lieu le dimanche 31 Mars 2013 à 2 heures du matin (à moins de fin du monde entre temps……)


jeudi 25 octobre 2012

Mouvements diplomatiques imminents en Lituanie



Il faudrait que les Lituaniens prennent subitement conscience de la vacuité de leur vote du 14 Octobre pour inverser drastiquement la tendance ce dimanche 28. Les accusations de fraude vis-à-vis du Parti du Travail pourraient les y aider. Mais, à dire vrai, il faudrait un miracle pour qu’une  coalition hétéroclite allant des socialistes à la droite populiste n’accède pas au pouvoir.  

Par anticipation au probable changement de gouvernement, quelques Ministres ont déjà une idée de leur future affectation.

La première de ces personnalités concernées est Madame Asta Skaisgirytė-Liauškienė, actuelle vice-ministre des Affaires étrangères. Elle a reçu hier, 24 Octobre 2012, ses lettres de créances, en tant qu’Ambassadeur de Lituanie au Royaume-Uni de Grande-Bretagne, poste d’autant plus important qu’il y a dans ce pays une très importante diaspora lituanienne.

Asta Skaisgirytė-Liauškienė (à g.) avec le Président Dalia Grybauskaite

J’ai connu Mme Asta Skaisgirytė-Liauškienė alors qu’elle était Ambassadeur de Lituanie en France (1998 – 2003). C’est une des deux grandes dames (la deuxième se reconnaîtra) qui m’ont donné le goût de la Lituanie où j’étais allé, la première fois, totalement par hasard. Je me souviens d’une réunion à la Chambre de Commerce de Paris où elle avait « secoué » les entrepreneurs français en leur disant qu’ils étaient trop frileux et qu’il devait venir investir en Lituanie. Le message est toujours d’actualité !   

Je l’avais revue à plusieurs reprises, et notamment à Vilnius, où elle avait bien voulu me recevoir dans son bureau au Ministère afin que je lui dédicace mon livre sur « Les Français dans l’histoire de la Lituanie ». Lors de nos rencontres, elle avait toujours fait preuve de beaucoup de gentillesse et d’écoute.

Diplômée de l’Ecole Nationale d’Administration (1992 – 1993), Mme Asta Skaisgirytė-Liauškienė est commandeur de la Légion d’Honneur et Officier dans l’Ordre national du Mérite français. Même en poste à Londres, je suis persuadé qu’elle restera une grande amie de la France.

L’autre personnalité est Monsieur Arūnas Gelūnas, actuel Ministre de la Culture. Je l’avais rencontré le 9 Février dernier à l’occasion de la réception donnée au Ministère français de la Culture, à l’occasion du lancement du cycle de manifestations regroupées sous le vocable « Voyage en Lituanie ». J’avais pu lui parler – en Français – et il m’était apparu comme un homme très sympathique et ouvert.

Arūnas Gelūnas

M. Arūnas Gelūnas devrait être nommé Délégué permanent de la Lituanie auprès de l’UNESCO, donc à Paris, le poste étant vacant depuis 2009, Madame Violeta Baltrušytė, Délégué permanent adjoint, assurant l’intérim.   

mercredi 24 octobre 2012

24 Octobre 1795 : 3ème partage de la République des Deux Nations



La République des Deux Nations était une république aristocratique, dirigée par un Roi élu, formée en 1569 (Union de Lublin) à partir du Royaume de Pologne et du Grand-duché de Lituanie. Les deux Etats formant la République étaient formellement égaux, mais, de facto, la Pologne y exerçait le leadership.

Le Roi y avait un pouvoir limité, au profit de la noblesse (la Szlachta), avec qui il devait signer la Pacta conventa avant son élection. Le Liberum veto, c’est-à-dire le droit pour tout député de bloquer toute décision prise par la majorité de la Sejm (Diète ou Parlement), conduisit de facto à la paralysie du système et à l’anarchie politique. Certains députés de la Sejm étaient d’ailleurs soudoyés par les puissances étrangères, afin de bloquer toute tentative de réforme.

Les trois partages de la Pologne - Lituanie

Le premier partage eut lieu le 5 Août 1772, à l’instigation du Roi de Prusse Frédéric le Grand, afin de détourner vers la Pologne les visées expansionnistes de la Russie de Catherine II après une série de victoires contre l’Empire Ottoman. 211 000 km2 sont enlevés à la République des Deux Nations.

Le deuxième partage est initialement dû à la Confédération de Targowica, qui s’oppose à la Constitution polonaise du 3 Mai 1791, et qui, pour la combattre, demande l’aide de la Russie, à laquelle se joindra la Prusse. Le 23 Janvier 1793, la Prusse signe un traité avec la Russie, stipulant que les réformes polonaises seront abandonnées et que les deux Etats signataires recevront des morceaux du territoire polonais (300 000 km2).  

Les confédérés de Targowica, rejoints par le Roi Stanisław August Poniatowski, ne s’attendaient pas à un deuxième partage, perdent ipso facto de leur crédibilité. A contrario, les réformateurs reçoivent un soutien croissant, ce qui permettra à Tadeusz Kosciuszko de déclencher une insurrection générale le 24 Mars 1794. Celle-ci durera jusqu’en Novembre et sera vaincue suite au massacre de Praga dans la banlieue de Varsovie (massacre de 20 000 civils par les forces russes) et à la capitulation de Tomasz Wawrzecki (qui a remplacé Kosciuszko capturé par les Russes) le 16 Novembre.

Tadeusz Kosciuszko

Suite à cette capitulation, Russes, Prussiens et Autrichiens signent à Saint-Pétersbourg, le 24 Octobre 1795, un accord pour effectuer le troisième partage, démembrant le reste de la Pologne – Lituanie (215 000 km2), Etats qui disparaîtront des cartes du monde pendant 123 ans, à l’exception d’une brève parenthèse quand Napoléon 1er créera le Duché de Varsovie de 1807 à 1815.     

mardi 23 octobre 2012

23 Octobre 1812 : la conspiration du Général Malet



Claude-François de Malet, né le 28 Juin 1754 à Dole (Jura) est d’une famille noble et aristocratique, ce qui l’empêche pas d’être un farouche républicain, qui s’oppose au coup d’état de Bonaparte et, plus tard, à l’instauration de l’Empire. Nommé général le 19 Octobre 1799, il a une carrière en pointillé et il est finalement mis en disponibilité puis en non-activité le 2 Mars 1805.


Compromis dans plusieurs scandales, il est finalement destitué en 1807. Amer, il lance un premier complot en 1808, ce qui lui vaut d’être emprisonné, puis un deuxième en 1809. En 1810, il est placé en résidence dans la maison médicale du docteur Dubuisson. C’est là qu’il met au point un nouveau coup d’Etat avec d’autres détenus, notamment royalistes.

Dans la nuit du 22 au 23 Octobre 1812, profitant que Napoléon est à la campagne de Russie (la bataille de Maloyaroslavets aura lieu le 24 Octobre), il échappe à la faible surveillance de ses gardiens. Revêtu de son uniforme de général, munis de faux ordres, il annonce la mort de l’Empereur le 7 Octobre devant Moscou, libère les généraux La Horie et Guidal de la prison de la Force, soulève la garde de Paris et la 10e cohorte de la Garde Nationale, s’empare du Ministre de la Police, Savary, duc de Rovigo, et du Préfet de police, et il prépare l’installation d’un gouvernement provisoire.


Mais le général Hulin, gouverneur de la place de Paris, soupçonne une conspiration et demande à Malet des ordres écrits. Malet panique et tire sur le général. Il est maîtrisé et arrêté par l’Etat-major, puis jeté en prison. A midi, tout est terminé. Les généraux Malet, La Horie et Guidal sont traduits le 29 Octobre devant un conseil de guerre et fusillés le même jour.  

Informé de la conspiration de Malet, Napoléon 1er décide de quitter la Grande Armée le 5 Décembre 1812 pour rejoindre Paris au plus vite. Après avoir convoqué ses généraux de corps d’armée à Smorgoni (aujourd’hui au Bélarus) et laissé le commandement à Murat, il prend la route à 22H avec une petite suite de trois voitures. Maret, Ministre des Affaires Etrangères, l’attend à Medininkai au petit matin du 6 Décembre, l’Empereur atteint Vilnius à 10H15 mais ne s’y arrête pas, en repartant à 12H30. Il atteint Kaunas le 7 Décembre à 5H du matin, talonné par les cosaques, et dine à Marijampolė le 7 soir. C’est le 18 Décembre à 23H45 qu’il atteindra Paris, après deux semaines passées en tête à tête avec son Grand écuyer, le général Armand de Caulaincourt. 

  
C’est le Maréchal Ney qui quittera le dernier « cette fatale Russie » le 14 Décembre soir en retraversant le Niémen à Kaunas.   







dimanche 21 octobre 2012

Dans une semaine, les élections législatives en Ukraine

La Verkhovna Rada Oukraïny

Rares, pour ne pas dire inexistantes, sont les analyses sur les futures élections législatives en Ukraine dans les médias grand public français. Ce qui tendrait à prouver que ce qui se passe à l’est du périphérique parisien leur est étranger. J’attirerai néanmoins l’attention sur l’analyse de Corinne Deloy sur le site de la Fondation Robert Schuman : http://www.robert-schuman.eu/doc/oee/oee-802-fr.pdf

Dimanche 28 Octobre prochain, les Ukrainiens éliront donc pour 5 ans les 450 membres de leur Parlement monocaméral, la Verkhovna Rada Oukraïny (Верховна Рада України). Les députés sont élus au scrutin mixte comparable à celui de la Lituanie : 225 à la proportionnelle par un scrutin de listes, celles-ci devant recueillir au moins 5 % des voix pour avoir des élus, et 225 par un scrutin majoritaire dans les circonscriptions. 22 partis se présentent au suffrage des électeurs (Source : « La parole ukrainienne » d’Octobre 2012). 

Viktor Ianoukovytch
  
Depuis le 18 Octobre, il ne doit plus être publié de sondage en Ukraine concernant ces élections. Un des derniers sondages, conduit par Rating group, indiquait que le Parti des Régions (Партія регіонів) du Président Viktor Ianoukovytch (bien que son leader factuel soit le Premier Ministre Mykola Azarov) arrivait toujours en tête, avec 23 % des intentions de vote. Il devançait, et c’est une surprise, le parti UDAR (УДАР - acronyme de Ukrainian Democratic Alliance for Reforms, qui, en Ukrainien, veut dire punch !) du boxeur Vitali Klitschko, crédité de 17,9 %. Il devancerait donc la coalition Batkivschyna (Всеукраїнське об'єднання "Батьківщина"  - Mère Patrie), dont le co-leader Yulia Tymoshenko  est en prison, créditée de 16,5 %. Il est vrai que Klitschko peut en effet apparaître comme la nouvelle opposition, donc un nouvel espoir. Le Parti Communiste d’Ukraine (Комуністична партія України12,8 %) et le parti nationaliste Svoboda (Всеукраїнське об’єднання «Свобода»  - Liberté – 6 %) devraient également avoir des députés.

Vitali Klitschko

Deux questions se posent désormais :

    # Comment UDAR et Batkivschyna vont-ils négocier et coopérer ? (On se souvient, à partir de 2007, de la cohabitation quelque peu rugueuse entre Yulia Tymoshenko et le Président d’alors Viktor Iouchtchenko, tous deux héros de la Révolution orange de 2004). Un accord a été récemment signé pour qu’il y ait un retrait mutuel entre candidats UDAR et Batkivschyna, en cas de concurrence éventuelle.

    # Quel sera l’ampleur de la fraude, car la question n’est pas de savoir s’il y aura fraude, mais si elle sera de nature à modifier le sens du scrutin ? De nombreux cas de corruption, que ce soit par des cadeaux ou par des achats de votes, sont déjà signalés. 73 % des Ukrainiens pensent d’ailleurs que ces élections ne seront ni libres ni justes. Ce n’est pas le fait d’équiper (à grand frais) les 33 755 bureaux de vote du pays en webcam ou les 3 000 observateurs internationaux (1 pour 10 bureaux de vote .....) qui vont changer grand-chose !

La réponse à ces deux question est d’importance car UDAR et Batkivschyna, éventuellement alliés à Svoboda, s’ils arrivent à s’entendre, peuvent obtenir la majorité absolue à la Rada. Les dernières évolutions laissent déjà à penser à des dissensions.  


NB : J’aurais dû normalement aller observer ces élections législatives en Ukraine. Malheureusement, un problème d’importance, indépendant de la volonté de quiconque, au sein de la Communauté Ukrainienne en France a fait que ce ne fut pas possible.   




vendredi 19 octobre 2012

19 Octobre 1813 : mort du prince Józef Poniatowski à Leipzig



Né à Vienne le 7 Mai 1763, prince polonais et du Saint-Empire romain germanique, neveu du dernier Roi élu de la République des Deux Nations (Stanisław August Poniatowski),  Józef Antoni Poniatowski a commencé sa carrière dans l’armée autrichienne, devenant Colonel et aide-de-camp de l’Empereur d’Autriche.

En 1789, il rejoint l’armée polonaise en tant que Major-Général et son oncle le Roi lui confie le commandement de l’armée polonaise d’Ukraine avec laquelle il combat les Russes en 1792. En 1794, il rejoint comme simple soldat dans l’armée de libération de Tadeusz Kościuszko, mais celui-ci lui confie le commandement d’une division. Après l’échec de l’insurrection, il se retire sur ses terres.

Napoléon 1er et le Prince Poniatowski

Après la création du Duché de Varsovie par Napoléon 1er (Traité de Tilsit du 7 Juillet 1807), Józef Poniatowski se rallie à l’Empereur des Français car il pense que c’est la seule chance pour la Pologne de recouvrer son indépendance. Il est fait Ministre de la Guerre, poste où il réorganise une armée polonaise, puis, en 1808, généralissime du Duché. Il participe à la campagne de Russie à la tête du Ve Corps d’Armée et il se distingue notamment à la bataille de la Moskova. Il est blessé lors du passage de la Bérézina. 
  
Józef Poniatowski rejoint Napoléon en Saxe en Juillet 1813. Il s’illustre aux combats de Löbau, Altenburg, Pening et Wachau, ce qui lui vaut de recevoir le bâton de Maréchal des mains de Napoléon le 16 Octobre 1813. Il fut le seul des 16 Maréchaux d’Empire à être étranger.

Le saut dans l'Elster


Le 19 Octobre 1813, lors de l’ultime phase de la bataille de Leipzig, celle de l’évacuation de la ville, l’explosion prématurée du pont sur l’Elster (dommage collatéral de la trahison des Badois et des Saxons, fait qu’une partie de l’armée française est bloquée dans la ville. Certains, comme Macdonald, réussissent à passer le fleuve à la nage pour échapper à l’ennemi. Józef Poniatowski qiui, bien que blessé, veut en faire autant, est emporté par le courant. Son corps ne sera retrouvé que le 24 Octobre.

Son corps, d’abord transporté à Varsovie, est inhumé en 1817 dans la crypte Saint Léonard de la cathédrale du Wawel à Cracovie, aux côtés notamment du Roi Jan III Sobieski et de son épouse, Marie Casimire de la Grange d’Arquien, et de Tadeusz Kościuszko. 


   
Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Las Cases rapporte que Napoléon disait de lui : « Le vrai roi de Pologne, disait Napoléon, en entendant passer en revue les rois auxquels on l'avait crue destinée, le vrai roi de Pologne, c'était Poniatowski; il en réunissait tous les titres et en avait tous les talents ».