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mardi 19 juillet 2011

Bruits de bottes entre la Lituanie et l’Autriche ?

Le titre est à l’évidence racoleur, car il n’est bien sûr pas question d’une guerre entre la Lituanie et l’Autriche ! Mais le fait est que le Ministère lituanien des Affaires Etrangères a convoqué le Chargé d’Affaires d’Autriche pour lui demander des explications et a rappelé son Ambassadeur à Vienne « pour consultations ». De quoi s’agit-il ?

Le 14 Juillet, l’Autriche arrête le dénommé Mikhail Golovatov, citoyen russe (ci-dessous), en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la Lituanie. Cet ancien officier des services spéciaux soviétiques était recherché pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle dans l'assaut meurtrier contre la tour de la télévision à Vilnius le 13 Janvier 1991. L'attaque menée par l'unité spéciale Alpha qu'il commandait avait fait au moins 14 morts et 700 blessés. Au total, 23 personnes sont soupçonnées d'avoir participé au massacre, 21 Russes et deux Bélarusses, mais la Russie a pour principe de ne jamais extrader ses ressortissants.

Or, moins de 24 heures après, les Autrichiens ont libéré Golovatov, qui est prudemment rentré en Russie. Les autorités de Vienne ont fait valoir que le mandat d'arrêt européen le visant n'était pas assez précis. Il n’en fallait pas plus pour que certains soupçonnent que la Russie ait exercé une pression sur l’Autriche.

Hier 18 Juillet, l’affaire a tourné au psychodrame.

Le Vice-Ministre des Affaires Etrangères lituanien, Mme Asta Skaisgirytė Liauškienė a convoqué le Chargé d’Affaires autrichien, M. Josef Sigmund. Le Ministre des Affaires Etrangères, M. Audronius Ažubalis, a rencontré son homologue autrichien, M. Michael Spindelegger, en marge d’un sommet à Bruxelles, afin de lui demander de clarifier la situation, soulignant que les peuples de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie étaient choqués et précisant que la Lituanie avait formellement respecté la procédure.

Le Président lituanien Dalia Grybauskaitė a elle-même déclaré que « La rapidité de l'Autriche à libérer le suspect de l'affaire du 13 Janvier est un acte politiquement injustifiable qui compromet la coopération des pays européen en matière judiciaire ».

Hier soir, une manifestation a regroupé quelques dizaines de personnes devant l’Ambassade d’Autriche à Vilnius, arborant des bannières sur lesquelles on pouvait lire « Honte à l’Autriche » et « Pourquoi ? » (cf. ci-dessous).



L’affaire a donc pris un caractère émotionnel que n’avait peut-être pas prévu l’Autriche. Mais surtout, il va falloir que l’UE (Commission ? Président du Conseil ?) se penche sur l’affaire.

Pour les germanophones, le point de vue autrichien sur l’affaire :

Le point de vue russe, quant à lui, est « nominal » (voir par exemple « La voix de la Russie » http://french.ruvr.ru/2011/07/18/53389947.html ): les morts du 13 Janvier 1991 sont dus à « des provocations de la part des éléments radicaux » (sous-entendus lituaniens) et Vilnius essaye de politiser l’affaire pour faire croire que la Lituanie a été occupée de 1940 à 1991.

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