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dimanche 31 juillet 2011

Retour aux sources ….


Je pars ce dimanche 31 Juillet après-midi pour un aller-retour à Riga par la route. Retour prévu le dimanche 7 Aout.

Il n’y aura donc pas de mise à jour du blog pendant cette période.



samedi 30 juillet 2011

31 Juillet 1991 : les soviétiques tuent encore à Medininkai

Après que la Lituanie eut restauré son indépendance le 11 Mars 1990, elle a été rapidement confrontée à un défi important : assurer la protection et l’inviolabilité de ses frontières. Conformément à une décision du Département de la Défense, des gardes frontières ont commencé à prendre leur service le 19 Novembre 1990 sur les 64 points de passage, notamment à la frontière avec le Bélarus (alors encore nommé Biélorussie).

Le gouvernement soviétique, considérant que ces postes étaient illégaux, envoya ses OMON (Otriad Militsii Ossobogo Naznatchenïa - Отряд милиции особого назначения), les forces spéciales du Ministère de l’Intérieur, contre eux.

Suite aux événements du 13 Janvier 1991 à Vilnius, au cours desquels 14 civils furent tués près de la tour de télévision, les troupes soviétiques attaquèrent et brulèrent les postes frontières de Medininkai et Lavoriškės le 27 Janvier 1991.

Le 19 Mai 1991, Gintaras Žagunis, un garde frontière du poste de Krakūnai, à la frontière entre la Lituanie et la Biélorussie, était tué pendant son service.

Mais c’est surtout le massacre du poste de douane de Medininkai, sur la voie express Vilnius-Minsk, le 31 Juillet 1991 qui a horrifié les Lituaniens. Vers 4 heures du matin, les OMON, en provenance de Riga, ont fait irruption dans le poste et ont tué les douaniers désarmés d’une balle dans la tête. Sept fonctionnaires des douanes ont été tués instantanément, un huitième, Tomas Šernas (ci-dessous) a été très grièvement blessé et ne se déplace plus désormais que dans fauteuil roulant. Les victimes ont été enterrées au cimetière d’Antakalnis et le poste de douane est devenu un mémorial.

L’attaque s’est déroulée, et ce n’est certainement pas un hasard, alors que le Président américain George Bush Sr était en visite à Moscou. Les conservateurs du Parti communiste soviétique ont sans doute voulu embarrasser Mikhaïl Gorbatchev, Président de l’URSS. Ce pouvait être aussi une réponse à la décision de Boris Eltsine, Président (élu démocratiquement) de la Russie, qui, deux jours avant, avait « reconnu l'État lituanien indépendant et démocratique et {…} s’engageait à instaurer des relations bilatérales entre la Lituanie et la Russie, fondées sur les principes de l'amitié, du bon voisinage, de l'égalité de traitement et de bénéfice réciproque ainsi que sur les normes du droit international universellement reconnues. »

La plupart des hommes suspectés d’avoir participé à ces actions sont désormais citoyens russes. La Russie, en conséquence, refuse de coopérer avec la Lituanie quand celle-ci demande que les suspects soient interrogés et jugés en Lituanie, argumentant que cela violerait la Constitution de la Fédération de Russie. Quand on constate les remous autour de la récente affaire Golovatov (cf. http://gillesenlettonie.blogspot.com/2011/07/bruits-de-bottes-entre-la-lituanie-et.html ), on peut penser que le massacre de Medininkai va encore empoisonner pendant longtemps les relations russo-lituaniennes.

Le musée des douanes (Jeruzalės g. 25 à Vilnius), ouvert en 1994 dans les locaux du centre d’entrainement des douanes, renferme des souvenirs de ces exactions (http://old.cust.lt/en/rubric?rubricID=244 )
Le mémorial de Medininkai

In Memoriam


Mindaugas Balavakas


Algimantas Juozakas


Juozas Janonis


Algirdas Kazlauskas


Antanas Musteikis,


Stanislovas Orlavičius


Ričardas Rabavičius

vendredi 29 juillet 2011

Saint Volodymyr et le baptême de la Rus’

Fils de Sviatoslav I Ihorovych dit le Brave, Grand Prince de Kyiv, petit-fils de la Princesse Olha (Olga) devenue Sainte, Volodymyr le Grand (Володимир en Ukrainien, 956 – 1015, en Russe … Vladimir) est un Riourikide, c’est-à-dire de cette dynastie d’origine Varègue (= viking), issue de Riourik, premier Prince de Novgorod, dynastie qui régna sur la Rus’ de Kyiv jusqu’en 1240. Bien que le Christianisme fût connu dans la région depuis le 1er siècle après Jésus-Christ et que sa grand-mère Olga se soit convertie, Volodymyr était lui-même encore païen. Il fut d’abord Prince de Novgorod avant de devenir Grand-Prince de Kyiv, régnant de 980 à 1015.
Le monument de Volodymyr à Kyiv
En 987, l'empereur byzantin Basile II « tueur de Bulgares » lui demande de l'aide pour mettre fin à la révolte du général usurpateur Bardas Phocas. Volodymyr lui envoie 6 000 guerriers Varègues et obtient en échange la main de la princesse Anna Porphyrogénète, sœur de l’Empereur. La princesse sera envoyée à Kyiv, malgré ses réticences, avec une ambassade. Après son mariage, Volodymyr renonce au paganisme et à ses nombreuses concubines. Il reçoit le baptême en 988 et impose à son peuple le christianisme de rite byzantin.

Volodymyr, d'après la tradition, avait envoyé des ambassadeurs recueillir de plus amples renseignements sur les principales religions connues à l’époque, le christianisme latin, le christianisme orthodoxe, le judaïsme et l'islam. L'islam des Bulgares respire la tristesse dirent les envoyés; les offices latins des allemands sont dépourvus de beauté. A Constantinople, la splendeur de la liturgie célébrée dans l'église Sainte Sophie, l'encens projeté vers le ciel par le balancement des lourds encensoirs, l'or des icônes, les hymnes célestes transportent d'enthousiasme les âmes slaves des envoyés du prince: « Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre ! C'est là que Dieu demeure avec les hommes ! ». Volodymyr se fait donc baptiser dans le christianisme orthodoxe, apparemment à Cherchonèse en Crimée, puis dans le Dniepr pour sa Droujina (les amis et les serviteurs du Prince) et ses sujets, le 28 Juillet 988.
Le baptême du peuple Rus' dans le Dniepr (tableau du XIXe siècle)

Une évangélisation plus profonde du pays suivit rapidement cet acte fondateur du baptême de la Rus’. Car nous parlons bien là d’une principauté médiévale slave orientale, la Rus’ ou Ruthénie (rousskaya zemlia ou terre ruthène), qui exista entre environ 860 et le milieu du XIIIe siècle, époque où elle se désagrégea en une multitude de principautés avant de tomber formellement devant l'invasion mongole de 1240. Au XIe siècle, la Rus’ de Kyiv était le plus grand État d’Europe en superficie (cf. ci-dessous). Aujourd’hui, non seulement l’Ukraine mais aussi le Bélarus et la Lituanie peuvent en revendiquer l’héritage.

On lira avec intérêt (et minutie) l’article http://pan-doktor-exrudis-vseznayko.over-blog.com/article-empire-des-mots-mots-d-empire-45683889.html et on retiendra que c’est le Tsar Pierre 1er, en voleur d’ethnonyme, qui en 1721, grâce à un tour de passe-passe linguistique, fera de la Moscovie le Rassìïskaïa Impèria, faisant croire à une continuité entre la Rus’ et la Russie, supercherie encore en vigueur aujourd’hui (cf. Medvedev parlant du 1150ème anniversaire de l’Etat russe http://fr.rian.ru/politique/20110722/190229026.html alors que la Principauté de Moscou n’a commencé à constituer un Etat qu’au XIVe siècle !). Un peu comme si on faisait remonter l’Etat français à la fondation de Rome par Romulus et Remus…….

Le patriarche Kirill « de Moscou et de toutes les Russies » a effectué une visite à Kyiv du 26 au 28 Juillet 2011. Officiellement, il venait fêter la christianisation de la Russie (sic). Mais c’était aussi une occasion, pour celui que l’on sait très proche du Kremlin et dont le discours pastoral est souvent politique, de rappeler l’influence de Moscou dans les affaires religieuses ukrainiennes.

lundi 25 juillet 2011

25 Juillet 1211 : première pierre de la cathédrale de Riga

Le 25 Juillet 1211, l’archevêque Albert von Buxhövden (ci-dessous, sa statue dans le cloitre de la cathédrale - voir aussi http://gillesenlettonie.blogspot.com/2010/06/albert-von-buxhovden-et-riga.html ) posait la première pierre de la cathédrale de Riga (Rīgas Doms).

Peu de choses sont connues sur cette étape initiale de la construction de la cathédrale, sinon qu’elle brûla rapidement et que la construction de la nouvelle, cette fois en briques, se fera à partir de 1215. Elle brûlera toutefois à nouveau en 1547. C’est certainement la raison pour laquelle elle renferme aujourd’hui une architecture et des trésors artistiques de différentes époques, romane, gothique, baroque et même art nouveau. Pendant la période soviétique, l’autel fut démonté et la cathédrale fut transformée en salle de concert.

C’est aujourd’hui le plus grand lieu de culte de l’époque médiévale dans les Etats baltes. Elle sert au culte de l’Eglise Evangélique Luthérienne, mais elle est aussi le théâtre de cérémonies œcuméniques. Elle est le siège de l’archevêque de l’Eglise luthérienne lettone.

Une des pièces les plus remarquables est un orgue, fabriqué de 1883 – 1884 par la compagnie E.F. Walcker & Cie, l'une des plus prestigieuses manufactures d'orgues allemandes. L’orgue comprend 6 768 tuyaux, de 13 mm à 10 mètres. Bien qu’il ne soit jamais venu à Riga, Franz Liszt a écrit un choral, "Nun danket alle Gott", pour sa consécration. De nos jours, des concerts ont lieu régulièrement.

On rappellera que plusieurs confessions chrétiennes ont une cathédrale à Riga. Outre cette cathédrale protestante, il y a en effet la cathédrale Saint Jacques pour l’Eglise catholique romaine et la cathédrale de la Nativité pour l’Eglise orthodoxe.

A l’occasion de ce 800e anniversaire, la Banque de Lettonie a réalisé à 5 000 exemplaires une pièce d’1 Lats en argent (ci-dessous), qui sera vendue au prix unitaire de 29,1 Lats.

Les célébrations de ce jubilé se dérouleront du 25 au 31 Juillet. Le programme (en Letton) peut être notamment consulté sur http://www.diena.lv/kultura/maksla/nakamaja-nedela-atzimes-rigas-doma-800-gadu-jubileju-13893612  

dimanche 24 juillet 2011

Les Lettons votent la dissolution à 94,3 %


Selon les résultats provisoires (1009 bureaux de vote sur 1028), publiés par la Commission Centrale Electorale à 03H38 locales (02H28 heure de Paris), les Lettons ont voté à 94,3 % pour la dissolution de la Xe Saeima. 5,49 % ont voté contre, et on compte 0,21 % de bulletins nuls. http://www.tn2011.cvk.lv/results.html  

La participation a été de 44,62 % (inscrits : 1 542 593 – votants : 688 246), mais avec des disparités suivant les régions :
# Vidzeme : 54,38 %
# Kurzeme (Courlande) : 53,04 %
# Zemgale : 47,61 %
# Riga : 38,69 %
# Latgale : 34,83 %

(NB : la disparité est à relativiser car les électeurs pouvaient voter dans n’importe quel bureau de vote, donc, par exemple, sur leur lieu de vacances ou de week-end)

Les Lettons de l’étranger ont voté à 11,49 %

Ce résultat de 94,3 % pour la dissolution du Parlement est largement supérieur aux estimations des sondages, qui donnaient généralement une victoire du « Oui » entre 75 et 79 %. Cela confirme la défiance des Lettons vis-à-vis de leur Parlement. Et c’est une indubitable victoire pour le Président sortant Valdis Zatlers (ci-dessous), non réélu par le dit-Parlement, et qui avait demandé la dissolution.

Pour l’anecdote, à Rēzeknē, 20 ans après le retour formel de la Lettonie à l’indépendance, une femme de 80 ans a présenté un passeport soviétique pour pouvoir voter ! Il est généralement estimé que 20 000 citoyens lettons ont un passeport non valide (NB : en Lettonie, la carte d’identité n’existe pas. En tout état de cause, un passeport est nécessaire pour pouvoir voter car un tampon est apposé dessus, prouvant le vote et empêchant donc de voter à plusieurs endroits)

La Xe Saeima est donc dissoute. De nouvelles élections législatives vont devoir être organisées entre le 24 Aout et le 24 Septembre. Les résultats officiels seront publiés le 26 Juillet. Le même jour, la Commission Centrale Electorale fixera la date des législatives qui pourraient avoir lieu le samedi 17 Septembre.

jeudi 21 juillet 2011

Référendum du 23 Juillet en Lettonie : les règles du « jeu »


Le 28 Mai, le Président de la République lettone de l’époque, Valdis Zatlers, annonçait qu’il demandait la dissolution de la Saeima, le Parlement monocaméral. Voir à ce sujet http://gillesenlettonie.blogspot.com/2011/05/dissolution-du-parlement-letton-les.html

Le 30 Mai, la Commission Centrale Electorale (Centrālā vēlēšanu komisija) annonçait que le réferendum aurait lieu le samedi 23 Juillet. La question posée sera „Soutenez vous la dissolution de la Xe Saeima” ? Les bureaux de vote seront ouverts de 7H à 22H locales. Les votants pourront se présenter à n’importe quel bureau de vote en Lettonie ou à l’étranger (là où il y en aura, bien sûr.....) pour voter. Afin de s’assurer qu’il n’y ait qu’un vote par électeur, un tampon spécial est apposé sur le passeport.

Si au moins la moitié des votants sont en faveur de la dissolution (aucun quorum minimum n’est exigé), la Saeima sera déclarée dissoute. Des élections législatives devront alors être organisées entre 1 et 2 mois suivant la dissolution, vraisemblablement donc au mois de Septembre. Si la Saeima est dissoute, elle continue son travail, mais c’est le Président Andris Bērziņš qui établit son ordre du jour.
Le Président Andris Bērziņš

Selon la Fondation Robert Schuman, 75 % des Lettons devraient voter pour la dissolution de la Saeima, 9 % y étant opposés et 12 % n’ayant pas encore fait leur choix (Je sais, il manque 4 %.....).

Une analyse détaillée à J-7, faite par Corinne Deloy, peut être consultée sur le site de la Fondation Robert Schuman http://www.robert-schuman.eu/doc/oee/oee-710-fr.pdf 

En cas de dissolution – vraisemblable – de la Saeima, les élections législatives qui suivront seront plus que jamais intéressantes, avec notamment l’apparition dans la vie politique lettone du Parti de la Réforme de l’ancien Président Valdis Zatlers (Zatlera reformu partija), dont le congrès fondateur doit avoir lieu, justement, le 23 Juillet. On suivra également, comme d’habitude, le score du „Saskaņas centrs" (Centre de l’Harmonie) russophone.
Le Président sortant Valdis Zatlers





mercredi 20 juillet 2011

URGENT - Manifestation mercredi 20 juillet à 13 h devant l'Ambassade d'Autriche

Mielieji,

Po "nesusipratimo" Austrijoje paleidziant sausio 13-osios agresijos itariamaji,
ir sios agresijos auku atminimui, kvieciame Paryziaus lietuvius taikaus protesto vardan
susirinkti prie Austrijos ambasados Paryziuje adresu 6 rue Fabert - 75007 Paris
(metro Invalides) si treciadieni liepos 20 d., 13 val. ir uzdegti zvakute.
Atsineskite lietuviskos simbolikos ir aisku zvakuciu.

PrLB ir PrLJS Valdybos


Chers tous,

Après le relâchement par l'Autriche de l'ex-officier du KGB recherché pour
crimes contre l'humanité et crimes de guerre à Vilnius le 13 Janvier 1991
tous les amis de la Lituanie et des Pays Baltes sont invités à se recueillir pacifiquement près
de l'Ambassade d'Autriche à Paris ce mercredi 20 juillet à 13h au 6 rue Fabert, 75007
(métro Invalides) et à rendre hommage aux victimes de 1991 en allumant des bougies.
Merci,

Communauté Lituanienne en France et Union de la Jeunesse Lituanienne



mardi 19 juillet 2011

Bruits de bottes entre la Lituanie et l’Autriche ?

Le titre est à l’évidence racoleur, car il n’est bien sûr pas question d’une guerre entre la Lituanie et l’Autriche ! Mais le fait est que le Ministère lituanien des Affaires Etrangères a convoqué le Chargé d’Affaires d’Autriche pour lui demander des explications et a rappelé son Ambassadeur à Vienne « pour consultations ». De quoi s’agit-il ?

Le 14 Juillet, l’Autriche arrête le dénommé Mikhail Golovatov, citoyen russe (ci-dessous), en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la Lituanie. Cet ancien officier des services spéciaux soviétiques était recherché pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle dans l'assaut meurtrier contre la tour de la télévision à Vilnius le 13 Janvier 1991. L'attaque menée par l'unité spéciale Alpha qu'il commandait avait fait au moins 14 morts et 700 blessés. Au total, 23 personnes sont soupçonnées d'avoir participé au massacre, 21 Russes et deux Bélarusses, mais la Russie a pour principe de ne jamais extrader ses ressortissants.

Or, moins de 24 heures après, les Autrichiens ont libéré Golovatov, qui est prudemment rentré en Russie. Les autorités de Vienne ont fait valoir que le mandat d'arrêt européen le visant n'était pas assez précis. Il n’en fallait pas plus pour que certains soupçonnent que la Russie ait exercé une pression sur l’Autriche.

Hier 18 Juillet, l’affaire a tourné au psychodrame.

Le Vice-Ministre des Affaires Etrangères lituanien, Mme Asta Skaisgirytė Liauškienė a convoqué le Chargé d’Affaires autrichien, M. Josef Sigmund. Le Ministre des Affaires Etrangères, M. Audronius Ažubalis, a rencontré son homologue autrichien, M. Michael Spindelegger, en marge d’un sommet à Bruxelles, afin de lui demander de clarifier la situation, soulignant que les peuples de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie étaient choqués et précisant que la Lituanie avait formellement respecté la procédure.

Le Président lituanien Dalia Grybauskaitė a elle-même déclaré que « La rapidité de l'Autriche à libérer le suspect de l'affaire du 13 Janvier est un acte politiquement injustifiable qui compromet la coopération des pays européen en matière judiciaire ».

Hier soir, une manifestation a regroupé quelques dizaines de personnes devant l’Ambassade d’Autriche à Vilnius, arborant des bannières sur lesquelles on pouvait lire « Honte à l’Autriche » et « Pourquoi ? » (cf. ci-dessous).



L’affaire a donc pris un caractère émotionnel que n’avait peut-être pas prévu l’Autriche. Mais surtout, il va falloir que l’UE (Commission ? Président du Conseil ?) se penche sur l’affaire.

Pour les germanophones, le point de vue autrichien sur l’affaire :

Le point de vue russe, quant à lui, est « nominal » (voir par exemple « La voix de la Russie » http://french.ruvr.ru/2011/07/18/53389947.html ): les morts du 13 Janvier 1991 sont dus à « des provocations de la part des éléments radicaux » (sous-entendus lituaniens) et Vilnius essaye de politiser l’affaire pour faire croire que la Lituanie a été occupée de 1940 à 1991.

dimanche 17 juillet 2011

17 Juillet 1933 : mort de Darius et Girėnas avec le « Lituanica »

Steponas Darius (1896 – 1933) et Stasys Girėnas (1893 – 1933) sont des héros en Lituanie et, comme bien souvent, inconnus à l’étranger. Ils ont pourtant écrit une des plus belles pages de l’histoire de l’aviation, qui s’est hélas terminée tragiquement.

Tous les deux émigrés aux Etats-Unis pour fuir l’Empire russe tsariste, ils rejoignirent l’Armée américaine pendant la Première Guerre mondiale. Steponas Darius combattit même en France, y fut blessé et reçut donc pour cela la « Purple Heart ». Darius participe même à l’organisation de la révolte de Klaipėda contre les Français en 1923.

Les années 30 les retrouvent tous les deux pilotes aux Etats-Unis. Le 18 Juin 1932, ils achètent un avion Bellenca CH-300 Pacemaker, et le font modifier pour l’adapter à un vol transatlantique, notamment par l’adjonction de réservoirs de carburant supplémentaires et d’un moteur plus puissant. Les modifications sont terminées le 29 Mars 1933, l’avion est peint en orange et reçoit le nom de Lituanica.
Darius et Girenas devant le "Lituanica"
Le 15 Juillet 1933, à 6H24 du matin (Eastern Time Zone) l’avion décolle de l’aéroport municipal de New York, le Floyd Bennett Field. Ils parcoururent 6 411 km en 37 heures 11 minutes, avant de s’écraser à proximité du village de Kuhdamm, près de Soldin, en Prusse orientale (aujourd’hui Pszczelnik en Pologne), à seulement 650 km de leur destination, Kaunas. Les causes du crash ont fait l’objet d’interprétations divergentes, mais il semblerait que des problèmes avec le moteur et le mauvais temps en soient les causes principales.

Ce vol était le deuxième plus long de l’histoire en distance et le quatrième en durée, et est considéré comme étant au moins équivalent à celui effectué par Charles Lindbergh en Mai 1927 qui ne faisait « que » 5 800 km.
Le billet lituanien de 10 Litas, avec, au recto, Darius et Girenas, et, au verso, le "Lituanica"

Par ailleurs, cette journée du 17 Juillet a été instaurée « Journée mondiale de l’Unité Lituanienne » (Pasaulio Lietuvių vienybės dieną)

NB : Steponas Darius a une deuxième raison d’être un héro en Lituanie : par la publication de brochures sur le basketball il est considéré comme l’initiateur de ce sport en Lituanie, dont c’est devenu la deuxième religion.



vendredi 15 juillet 2011

15 juillet 1410 : bataille de Žalgiris

La date du 15 Juillet 1410 est connue des écoliers lituaniens à l’instar de celle de la bataille de Marignan pour les écoliers français (du moins à mon époque). Il s’agit de la bataille de Žalgiris, également appelée Grünwald ou Tannenberg, qui a mis un coup d’arrêt aux visées expansionnistes des Chevaliers Teutoniques.

(NB : ce post est une actualisation d’un post du 15 Juillet 2007, paru sur mon précédent blog)

Contexte historique

L’Ordre Teutonique, installé dans la région depuis 1226, avait passé le XIVème siècle à combattre la Lituanie païenne. Mais, en 1386, la donne avait changé : le Grand-duc de Lituanie, Jogaila, s’était marié avec la princesse polonaise Edwige (Jadwiga) d’Anjou et était devenu Roi de Pologne, instituant une union personnelle entre la Pologne et la Lituanie. Mais, pour ce faire, il avait dû se faire baptiser et faire baptiser la Lituanie. En 1404, l’Ordre Teutonique et la Pologne avaient signé une paix perpétuelle.

Mais, en 1409, la Žemaitija (nord-ouest de la Lituanie actuelle), toujours païenne, prend les armes contre l’Ordre Teutonique qui l’occupe; l’Union Pologne-Lituanie, qui considère la Žemaitija comme une partie de son territoire, appuie sa révolte. Le 14 Août 1409, le Grand-maitre des Teutoniques, Ulrich von Jungingen, déclare la guerre à l’Etat polono-lituanien. Mais il propose également un armistice, car aucun des deux camps n’était prêt à la guerre. Celui-ci dura du 8 Octobre 1409 au 24 Juin 1410, et fut prolongé de 3 semaines, car chaque camp, comprenant l’importance capitale de la bataille à venir, regroupait ses forces. Côté Teutoniques, des chevaliers vinrent de toute l’Europe, notamment de France (on parle de 120 chevaliers), de Grande-Bretagne et des Pays-Bas. De l’autre côté des Cosaques ukrainiens, des chevaliers de Bohème, des Russes et des Tatars rejoignirent l’armée polono-lituanienne. Les Polono-Lituaniens étaient les plus nombreux (45 000 à 50 000), mais les Teutoniques (32 000 à 36 000) étaient mieux équipés et mieux entrainés.

La bataille

NB : la bataille est appelée Tannenberg par les Allemands, Grünwald par les Polonais et Žalgiris (traduction littérale de Grünwald) par les Lituaniens.

Au matin du 15 Juillet 1410, le soleil se leva vers 4H30. Mais ce n’est qu’à 8H30, alors que les Teutoniques transpiraient au soleil sous leurs cuirasses, mais que les alliées étaient, eux, à l’ombre des bois, que Jogaila accepta le combat. Celui-ci fut longtemps indécis. Le Grand-duc de Lituanie Vytautas (ci-dessous) était de facto le commandant opérationnel sur le terrain, le Roi Jogaila observant depuis une colline à l’écart.

Les Teutoniques furent prêts de l’emporter. Mais Jogaila avait gardé son infanterie en réserve et ne l’engagea qu’à six heures du soir. Les paysans polonais et lituaniens s’élancèrent fanatiquement, remplis de haine et de revanche contre ces Teutoniques qui avaient détruit leurs villages et tué leurs amis.

A 19H20, le Grand-maitre Ulrich von Jungingen fut tué. 28 000 Teutoniques et leurs aides périrent dans cette bataille, dont 50 des 60 Commandeurs de l’Ordre et 209 chevaliers. Seuls 1 400 réussirent à quitter le champ de bataille et à rejoindre leur capitale Marienburg (aujourd’hui Malbork en Pologne). Les Alliés polono-lituaniens comptèrent environ 20 000 tués, dont 12 chevaliers et les 2/3 des fantassins.

Les conséquences

Le Grand-duc Vytautas alla mettre le siège à Malbork, mais sans trop de conviction, ne voulant pas servir sur un plateau une victoire trop éclatante à son rival de toujours, Jogaila. Il se retira d’ailleurs rapidement sur son territoire de Lituanie.

La Paix de Toruń fut signée entre l’État polono-lituanien et l’Ordre teutonique le 1er Février 1411. Les pertes territoriales de l’Ordre furent relativement minimes, les Polonais et les Lituaniens récupérant toutefois la Žemaitija et une partie de la Poméranie. La rançon était par contre colossale, équivalent à 20 tonnes d’argent pur et ruina totalement le trésor teutonique pour deux siècles !

Mais surtout, le plus important est que cette victoire permit à la Pologne et à la Lituanie de ne pas subir le sort des malheureux Vieux-Prussiens, exterminés par les Teutoniques, et de conserver leur indépendance et leur culture pour les siècles à venir. Pas étonnant donc que ce qui est important en Lituanie, comme une bière ou une équipe de basket, soit baptisé du nom de Žalgiris.

Le traumatisme fut énorme côté germanique. À un point tel que, lorsque le général Paul von Hindenburg battit les Russes dans la région le 30 Août 1914, il obtient que sa victoire porte le nom de Tannenberg, afin d’effacer l’affront subi 500 ans auparavant !


"La bataille de Grünwald" par Jan Matejko, au Musée National de Varsovie. Au centre, en tunique rouge, le Grand-duc Vytautas



lundi 11 juillet 2011

L’image du week-end : les Lituaniens champions du monde de basket !

Les supporters lituaniens avaient bien fait de venir en voisins. Hier soir 10 Juillet, à Riga (Lettonie), l’équipe de Lituanie des moins de 19 ans (U19) est devenue championne du monde de basket en battant largement en finale son homologue serbe (85 – 67).

Le Russie (battue en demi-finale 85 – 68 par la Lituanie) termine troisième, devant l’Argentine et les Etats-Unis (tenants du titre). La Lettonie termine 10e et la France n’était pas qualifiée pour ce tournoi final à 16 équipes. A noter que la Lituanie avait remporté la médaille d’argent en 2003.

En prime, le Lituanien Jonas Valančiūnas, (ci-dessous - actuellement au Lietuvos Rytas, mais futur joueur de NBA, drafté aux Toronto Raptors), a été sacré meilleur joueur du tournoi (MVP=Most Valuable Player) « avec des stats de folie » écrivent les spécialistes. Hier soir, il a notamment passé 36 points à la Serbie (record du tournoi), ce qui lui fait une moyenne de 23 points par match (record du tournoi-bis). L’équipe de Lituanie n’est pas en reste puisqu’elle est l’auteur du plus grand nombre de point passés dans un match du tournoi (117 points contre la Corée).

Les seniors n’ont donc « plus qu’à » suivre l’exemple lors des Championnats d’Europe qui commencent le 31 Août en Lituanie. Il n’est pas exclu que l’on retrouve dans l’équipe de Lituanie un certain Jonas Valančiūnas…….


dimanche 10 juillet 2011

Adam Mickiewicz : Polonais ? Lituanien ? Bélarusse ? Européen !

Wikipedia en français qualifie Adam Mickiewicz de « poète et écrivain polonais, qui a passé une partie de sa vie en France ». Ça parait être un peu trop simpliste. Retour sur cet immense écrivain pour qui l’Europe n’avait peut-être déjà pas de frontières.

Adam Bernard Mickiewicz de Poraj (ci-dessus en 1828), est né le 24 Décembre 1798 à Navahroudak (en biélorusse : Навагрудак) ou Novogroudok (en russe : Новогрудок) ou en polonais : Nowogródek ou encore en lituanien : Naugardukas. La multiplicité des noms de son lieu de naissance en montre déjà toute l’ambiguïté. Mais c’est indubitablement en Lithuania propria.

En 1798, Navahroudak est un siège de district de l’Empire russe. Mais, jusqu’à la troisième partition de la Pologne-Lituanie de 1795 (soit trois ans avant la naissance d’Adam Mickiewicz), c’était une ville de la partie biélorusse du Grand-duché de Lituanie (Elle a d’ailleurs été évoquée dans mon post du 7 Juillet, comme lieu du couronnement du Roi Mindaugas, le 6 Juillet 1253). Mickiewicz fit ses études à Vilnius, fut enseignant à Kaunas et fut mis en prison en 1823 au couvent des Basiliens à Vilnius, en tant que membre de la société des Philomates. On ne fait pas plus Lituanien. Surtout si on considère le début de Pan Tadeusz (écrit en 1834 à Paris) :

« Ô ma Lituanie ! Ainsi que la santé,
Seul qui te perd connaît ton prix et ta beauté.
Je vois et vais décrire aujourd’hui tous tes charmes,
Ma patrie ! et chanter mes regrets et mes larmes. »


On pourrait également citer Konrad Wallenrod, écrit en 1828, qui décrit la lutte des Lituaniens contre les Chevaliers Teutoniques.

Pourtant, me direz-vous, Mickiewicz écrivait en Polonais et a été enterré au château du Wawel à Cracovie. Sa famille était de petite noblesse (la szlachta) et, comme toute la noblesse, elle s’était polonisée après l’Union de Lublin (1569), la Pologne apparaissant plus raffinée et moins rustre que la Lituanie. (NB : Cracovie a été une ville libre, instituée par le Congrès de Vienne en 1815, qui a été annexée par l’Autriche en 1846. Mais, après la guerre austro – prussienne de 1866, l’Autriche, battue, accorde l’autonomie à la province de Galicie et Cracovie, qui a été capitale de la Pologne jusqu’en 1596, redevient un symbole national polonais. C’est ainsi que la dépouille de Mickiewicz a pu être rapatrié à Cracovie en 1890)

En outre, les Bélarusses sont en droit de se réclamer de l’héritage de Mickiewicz, outre son lieu de naissance, tant le folklore bélarusse, avec les thèmes historiques lituaniens, a exercé une grande influence sur son œuvre. Il a d’ailleurs son buste à Brest (-Litovsk ; ci-dessous).

Mickiewicz fut obligé de quitter la Lituanie en 1823, s’en va à Saint-Pétersbourg, Odessa et Moscou, puis quitte la Russie en 1829 pour l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et enfin la France, où il arrive à Paris en 1832. Il occupe la première chaire de littérature slave au Collège de France de 1840 à 1844. En 1849, il fonde même un journal en français, « La Tribune des Peuples ».

Pas uniquement poète, comme on l’a vu plus haut avec son implication dans la lutte contre l’occupation russe de la Lituanie, il participe en 1848 à la création d’une Légion Polonaise et part en 1855 à Constantinople pour organiser leur intervention contre les Russes dans la guerre de Crimée. C’est là qu’il meurt, vraisemblablement du choléra, le 26 Novembre 1855. Initialement enterré dans une crypte sous son appartement à Constantinople (Istanbul), puis transféré à Montmorency, il fut réenterré le 4 Juillet 1890 au Wawel (ci-dessous), dans la crypte des bardes.

Difficile donc de « classer » Mickiewicz. En fait, dans son œuvre, il prône souvent les avantages du pluralisme culturel, de la coexistence des différentes religions, des groupes ethniques et des cultures. Il attend une unification future des peuples, et, en tant qu’ Européen, il refuse de respecter les frontières, « ces lignes tracées par les doigts des rois pour séparer les nôtres des étrangers et en faire des ennemis naturels », considérant que la liberté est au-dessus des appartenances nationales.

En cela, Adam Mickiewicz est bel et bien un Européen de notre temps.


vendredi 8 juillet 2011

Bye, bye Zatlers ?

C’est ce vendredi 8 Juillet que se termine officiellement le mandat du Président letton Valdis Zatlers, après un mandat de 4 ans. Il est remplacé par Andris Bērziņš, de l’Union des Verts et des Paysans, élu le 2 Juin 2011.
Valdis Zatlers
Andris Bērziņš

Valdis Zatlers avait été élu le 31 Mai 2007 « par défaut ». En effet, à l’époque, la coalition de centre-droit, majoritaire à la Saeima, n’arrivant pas à départager deux de ses candidats potentiels (Māris Riekstiņš et Karina Pētersone), avait porté son choix sur ce chirurgien, directeur de l'hôpital national de traumatologie et d'orthopédie, novice en politique, et qui admettra, durant la brève campagne électorale, avoir reçu des enveloppes contenant de l'argent données par plusieurs de ses patientes (NB : c’est le contraire qui eut été étonnant !). On peut dire que son mandat de quatre ans a été tranquille (pour lui).

Aujourd’hui, Valdis Zatlers est considéré par certains comme un héros pour avoir annoncé le 28 Mai 2011, soit 3 jours avant l’élection présidentielle par la Saeima (Parlement monocaméral), qu’il demandait la dissolution de la dite-Saeima. Valdis Zatlers avait justifié son geste par le refus des parlementaires de lever l’immunité parlementaire d’Ainārs Šlesers, oligarque notoire, soupçonné de « versement et d'acquisition de pots-de-vin, de blanchiment d'argent, de fausses déclarations et d'abus de pouvoir » (rien que ça !).

Certains regrettent que Zatlers ait pris le risque de plonger la Lettonie, qui peine à sortir d’une crise économique profonde, dans la crise politique.

D’autres enfin pensent, sachant qu’il risquait fort de ne pas être réélu, qu’il a voulu faire un coup médiatique lui permettant de rebondir. Justement, il regroupe aujourd’hui 58 % d’opinions favorables sur son nom, alors qu’il n’y avait que 28 % de Lettons pour le soutenir lors de son élection, quatre ans auparavant. Un groupe de ses supporters a d’ailleurs ouvert un site internet www.reformupartija.lv , pour un futur « Parti de la réforme » qui reste à créer, et l’on attend que le futur ex-Président en dise plus sur ses intentions dans la journée.

La première tâche se son successeur, Andris Bērziņš, va être d’organiser le référendum du 23 Juillet sur la dissolution de la Saeima. Si les électeurs sont favorables à la dissolution (ce qui est probable), de nouvelles élections législatives devront avoir lieu dans les deux mois. S’ils s’y opposent, c’est a priori le nouveau Président qui devra démissionner.

En tout état de cause, Valdis Zatlers devrait avoir peu de temps pour s’occuper de ses fleurs......

Plus de développements sur http://www.robert-schuman.eu/oee.php?num=706  

Voir également http://gillesenlettonie.blogspot.com/2011/06/andris-berzins-elu-president-de.html

jeudi 7 juillet 2011

6 Juillet : jour de l’Etat lituanien

Le 6 Juillet est le jour de l’Etat lituanien, qui commémore le couronnement du Grand-duc Mindaugas comme Roi de Lituanie. C’est un jour férié, mais pas la Fête Nationale contrairement à ce qui est régulièrement écrit ici et là (il y a déjà deux Fêtes Nationales, le 16 Février et le 11 Mars, ça devrait suffire).

Le Roi Mindaugas (vers 1200 – 1263, gravure ci-dessus) fut le seul Roi couronné de Lituanie, le 6 Juillet 1253. Il est généralement considéré comme le fondateur de l’Etat lituanien, mais on lui devrait également le début de l’ouverture de l’Etat vers l’ouest et l’arrêt de l’avance des Tatares vers la Baltique. En conflit avec les autres ducs et ses parents, il fut assassiné en 1263 par son neveu Treniota et son beau-frère Daumantas, dont il venait d’épouser … la femme, sœur de sa propre femme Morta, décédée peu auparavant.

Il reste toutefois une part de mystère quant aux lieux où ces événements se sont passés. Selon la chronique d’Ipatiev, Navahroudak (Nowogródek en Polonais, Naugardukas en Lituanien), aujourd’hui au Bélarus, était alors la capitale du Grand-duc de Lituanie (ci-dessous, les ruines du château, gravure de Napoléon Orda). C’est là que Mindaugas et son épouse Morta auraient été baptisés selon le rite latin et que Mindaugas aurait été couronné, le 6 Juillet 1253. Et c’est là aussi qu’il aurait été assassiné. Mais la ville lettone d’Aglona, célèbre lieu de pèlerinage puisque la Vierge Marie y serait apparue le 15 Aout 1698 à une jeune fille, dispute à Navahroudak cet honneur.

On notera que la Lituanie eut deux autres Rois, mais qui ne furent pas couronnés :

# Vytautas le Grand. En 1429, avec le soutien de l'Empereur Sigismond Ier, il tente de recevoir le titre du roi, mais les délégués qui transportaient la couronne sont arrêtés par des magnats polonais. Il faut dire qu’il était en conflit permanent avec le Roi de Pologne, son cousin Jogaila, pourtant lui aussi Lituanien. Une autre couronne est envoyée, mais Vytautas meurt quelques semaines avant qu'elle ne parvienne en Lituanie.

# Le duc Wilhelm von Urach, comte de Württemberg, marionnette des Allemands, qui fut un éphémère Mindaugas II du 11 Juillet 1918 au 2 Novembre 1918. Il ne vint d’ailleurs jamais en Lituanie.

Statue du Roi Mindaugas à Vilnius

mardi 5 juillet 2011

L’image du jour : le grand Arvydas Sabonis


A 56 jours de l’ouverture de l’Eurobasket 2011 (qui, comme chacun devrait le savoir, aura lieu en Lituanie), le Président Dalia Grybauskaitė a reçu aujourd’hui le comité d’organisation du championnat.

Parmi les membres de ce comité d’organisation, on remarque le grand Arvydas Sabonis. Certes grand par la taille (2m20). Mais aussi grand par le talent, au point que certains le considèrent comme le meilleur joueur européen de tous les temps. Champion du monde 1982, champion d’Europe 1985, champion olympique 1988, à chaque fois avec l’équipe d’URSS, il emmène encore la Lituanie à la médaille de bronze des J.O. de 1992. Il a fait par ailleurs les beaux jours du Žalgiris Kaunas, avec qui il sera plusieurs fois champion d’URSS. Il est élu joueur européen de l’année en 1984, 1985, 1988, 1995, 1997, et 1999.

NB : pour vous mettre en jambes et en voix en prévision du championnat, je vous recommande sa chanson officielle : http://www.youtube.com/watch?v=vQwmR5KLUI8  

“I feel it coming
From my head to my feet
I see the people going crazy on the streets”

Celebrate basketball ! And Lithuania !!

dimanche 3 juillet 2011

3 Juillet : un Jour de l’indépendance ubuesque et orwelien au Bélarus

Le 3 Juillet, le Bélarus fête son « jour de l’indépendance ».

Il ne s’agit pas de la proclamation de l’indépendance de la République Populaire Biélorusse, qui a eu lieu le 25 Mars 1918 et qui n’a pas été reconnue par la Russie soviétique, laquelle envahira le pays et créera, le 2 Janvier 1919, la République socialiste soviétique de Biélorussie.

Il ne s’agit pas non plus du 27 Juillet 1990, quand le soviet suprême déclara la souveraineté nationale. Le 25 Aout 1991, la République socialiste soviétique de Biélorussie devient officiellement la République de Biélorussie, dont le Président élu fut alors Stanislaw Chouchkievitch.

On notera que ces deux journées ne sont même pas considérées comme des fêtes.

Car, le 3 Juillet, il s’agit du jour de la « libération » de Minsk de l’occupation allemande, par deux divisions blindées soviétiques, le 3 Juillet 1944. Pendant la deuxième guerre mondiale, un quart de la population bélarusse va mourir, soit 1 million 400 000 personnes. 1 million de personnes seront en outre déplacées. Minsk est détruite à 100%. Il a même été question de ne pas la reconstruire. 9200 villages sont rayés de la carte… 616 autres sont brûlés avec leurs habitants, que ce soit à cause de la répression nazie ou des représailles soviétiques.

Traditionnellement, les avenues de Minsk accueillent une parade militaire (ci-dessus, les répétitions) et un défilé d’athlètes et d’organisations de jeunesse. Mais ce défilé risque, cette année, de se passer dans une ambiance très particulière.

En effet, depuis la soirée du 19 Décembre 2010, au terme d’élections présidentielles qu’aucun observateur international n’a voulu avaliser comme légitimes et régulières, le gouvernement d’Alyaksandr Ryhoravich Lukashenka (ci-dessous) est devenu de plus en plus autoritaire, en même temps que l’économie s’écroulait. Le sourire et les applaudissements sont désormais les seules armes qui restent aux Biélorusses pour contester le gouvernement.

Les manifestants se donnent généralement rendez-vous devant le palais de la République, place Ocktiabravskaïa. Ils prennent bien soin de se tenir à quelques mètres les uns des autres pour éviter d’être accusés de manifester. Ils se contentent d’applaudir et de sourire (cf. ci-dessous). Les plus courageux regardent ostensiblement les policiers et rient. Ainsi, ce dimanche, en guise de répression, quiconque se hasardera à applaudir le discours du leader, les troupes à la parade, ou, pire encore, les agents des services secrets (qui ici portent toujours le sigle KGB), sera arrêté. "Les applaudissements seront autorisés seulement au passage des vétérans et des anciens combattants. Dans tous les autres cas, nous interviendrons", annonce le chef adjoint de la police. Ubuesque, mais surtout orwellien !


Mais si Lukashenka arrive à juguler son opposition, les problèmes économiques risqueraient de le jeter à bas. Les prix augmentent à la vitesse grand V, et le rouble bélarusse a déjà perdu près de 50 % de sa valeur. L'Euro est à présent échangé contre 7 200 roubles, voire plus de 8 500 au marché noir, contre 4 000 en Décembre. Le Bélarusse cherche de 10 à 12 milliards d’Euros, afin d’éviter que les grandes entreprises nationales ne ferment. Dans le cas contraire, la rue risquerait de ne plus être maitrisable. La Russie veut bien aider, mais à ses conditions, comme d’habitude léonines.

Il serait peut-être donc judicieux de s’intéresser un peu moins à ce qui se passe en Lybie ou en Syrie, et un peu plus à l’évolution du Bélarus dont la nation, qui a vécu en parfaite harmonie pendant plus de 550 ans au sein du Grand-duché de Lituanie, est indubitablement européenne.

(NB : la redondance étant un procédé pédagogique éprouvé, je rappellerai que la Biélorussie a informé l’ONU dès le 19 Septembre 1991 que son nom officiel en Français serait désormais Bélarus. Vingt ans après, il serait temps que certains médias en soient informé……)

A Minsk, un manifestant agite le drapeau traditionnel bélarusse devant une gigantesque statue de Lénine