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dimanche 26 juin 2011

Napoléon et l’ile d’Aix

La Révolution et le Premier Empire ont radicalisé l’affrontement séculaire de la France avec l’Angleterre. Cette rivalité a été le pivot de la politique extérieure de Napoléon 1er pour laquelle il a mobilisé les ressources humaines, financières et matérielles de son empire. Car l’Empereur ne supporte pas de ne pas pouvoir surpasser la perfide Albion sur les mers.

Quel rapport avec la Lituanie et la Lettonie ? Pour une fois, aucun ! Je viens juste de passer quelques jours à Fouras, à une encablure de l’ile d’Aix (ci-dessus), laquelle aura un rôle déterminant dans le destin de l’Empereur.

La défaite de Waterloo (18 Juin 1815), met fin aux Cent-Jours. Le 22 Juin, l’Empereur abdique une seconde fois, cette fois au Palais de l’Elysée. La Commission de gouvernement qui assure l’intérim du pouvoir, sous les ordres de Fouché, éloigne l’ex-Empereur à La Malmaison, car, à Paris, on estimait qu’il risquait encore d’ameuter le peuple. C’est là que germe dans l’esprit de Napoléon l’idée de se faire savant, explorateur et trappeur … aux Etats-Unis. Le 29 Juin 1815 au soir, un convoi quitte La Malmaison sur deux itinéraires pour rejoindre la rade d’Aix où l’attendent les frégates la Salle et la Méduse.

L’ile d’Aix est le verrou du pertuis d’Antioche, boulevard menant au port et à l’arsenal de Rochefort, sur la Charente, élevés à partir de 1666 par Colbert pour renforcer Brest dans l’expansion de la flotte du Ponant. Napoléon 1er, à partir de 1806, mais surtout après l’affaire des Brûlots (11 Avril 1809), a décidé d’accélérer la défense de Rochefort, avec notamment les travaux du fameux Fort Boyard, du Fort Enet et des retranchements de l’Ile d’Aix. Il ne se doutait pas à l’époque que celle-ci serait le lieu de son ultime séjour en France.

Car il s’agit en fait d’un piège de Fouché, en liaison avec les Anglais. Le 8 Juillet en fin d’après-midi, « M. Bonaparte » quitte la Préfecture maritime de Rochefort pour se rendre à Fouras (ci-dessus, l’obélisque qui marque l’événement), d’où un canot l’emmène sur la Saale. Le 9 Juillet, à la pointe du jour, il débarque sur l’Ile d’Aix pour se rendre compte de l’attitude de la population et de la garnison (attitude excellente à son égard) et où il s’installera finalement le 12, dans le Pavillon 28 (ci-dessous), que le général commandant la place a déserté. Car le problème est que les Anglais font le blocus de toutes les rades de Charente et que toute tentative de fuite est vouée à l’échec.

Dans un sursaut d'orgueil, Napoléon décide alors de se rendre à ses ennemis. Il écrit, le 13 Juillet 1815, cette lettre célèbre, destinée au Prince-Régent:

« Altesse royale, en butte aux factions qui divisent mon pays et à l'inimitié des plus grandes puissances de l'Europe, j'ai consommé une carrière politique, et je viens, comme Thémistocle, m'asseoir au foyer du peuple Britannique. Je me mets sous la protection de ses lois que je réclame de votre altesse royale comme du plus puissant, du plus constant et du plus généreux de mes ennemis ».

Le 15 juillet à 6 heures du matin, lorsqu'il monte sur le pont du vaisseau de ligne HMS Bellérophon (ci-dessous), Napoléon n'imaginait pas que les Anglais vont l’envoyer en exil à Sainte-Hélène... Il ne reverra plus jamais la France.


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