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lundi 13 juin 2011

Madame de Staël, ennemie de Napoléon, 10 ans d'exil

Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, plus connue sous le nom de Madame de Staël (1766 – 1817 – ci-dessous), femme de lettre et écrivain, était la fille du banquier genevois Jacques Necker, un ancien Ministre des finances de Louis XVI. Très tôt, elle étonne les hôtes du salon de sa mère par son érudition, sa culture et la vivacité de son intelligence. Marquée par les idées des Lumières, elle accueille favorablement la Révolution. Mais la Terreur l’incite à s’exiler en Angleterre en 1793. Ce sera le premier d’une longue succession d’exils.
Napoléon, qui la considère comme une intrigante en raison de ses écrits populaire dans toute l’Europe, en fera une ennemie personnelle, et l’obligera à s’exiler dans le château familial de Coppet (canton de Vaud – ci-dessous) à partir de 1803. « De l’Allemagne », violent pamphlet contre l’Empereur, imprimé en 1810, sera saisi sur ordre de Napoléon qui fait espionner sans trêve l’écrivain, lui interdisant toute publication.

Madame de Staël s'enfuit donc de Coppet avec ses deux enfants encore en vie et son mari du moment, Albert de Rocca. Elle cherche à gagner l’Angleterre mais, comme la plus grande partie de l’Europe est aux mains de Napoléon, elle passe par Vienne, la Moravie (Brünn, aujourd’hui Brno), la Galicie polonaise (Lviv, appelée alors en Français Léopol), quittant l’Autriche, alors alliée de la France et entrant en Russie le 14 juillet 1812. A Gitomir (Jytomyr), chef-lieu de la Volhynie russe, elle apprend que la Grande Armée est déjà à Vilnius. Elle continue donc vers Kiew (Kyiv), d’où 900 verstes (Environ 960 km - 1 verste = 1,066 km) la séparent encore de Moscou, toujours sous la menace de l’armée napoléonienne. Elle arrive enfin à Moscou « vers les premiers jours d’août » et y est invitée à diner par le gouverneur, le comte Fiodor Rostopchine, qui aura son « heure de gloire » peu de temps après en mettant le feu à la ville, à l’arrivée des Français.

Elle quitte Moscou, toujours sous la pression de la Grande Armée (qui entrera dans la ville le 14 septembre 1812) et, via Novgorod, arrive à Saint-Pétersbourg, « l’une des plus belles villes du monde » où elle voit « flotter sur la Néva le pavillon anglais, signal de la liberté » ! Elle loue la munificence souvent démesurée des grand seigneurs russes, comme le comte Orloff, ou encore les Strogonoff, les Narychkine, etc.…. Elle est même présentée au Tsar Alexandre 1er et ne tarit pas d’éloges sur lui. Elle rencontre également le maréchal Koutouzov avant que celui-ci n’aille prendre le commandement de l’armée russe, quelques jours avant la bataille de Borodino / la Moskova (ci-dessous).

Autant Madame de Staël s’étend largement sur sa vie mondaine à Saint-Pétersbourg, autant elle passe rapidement sur son voyage vers l’Angleterre, embarquant en Finlande (alors Duché russe) à Abo (aujourd’hui Turku) via Stockholm. Ses mémoires s’arrêtent même au moment où elle arrive à Stockholm consacrant les 8 mois qu’elle y passe à la rédaction des mémoires ci-dessous référencées.

Référence : Mémoires de madame de Staël : dix années d'exil par Anne Louise Germaine Necker De Staël-Holstein (baronne), à partir du chapitre VIII.

Epilogue : Pourquoi donc parler de Madame de Staël, qui n’a jamais mis les pieds dans les Pays baltes et juste un peu au nord-ouest de l’actuelle Ukraine ? Sur la foi d’un site internet, où il était indiqué qu’elle avait quitté la Russie pour l’Angleterre par le port de Riga. Ce n’est qu’à la dernière page de ses Mémoires que je me suis aperçu qu’il n’en était rien. Mais je n’allais tout de même pas laisser perdre mes notes sans vous en faire profiter !

3 commentaires:

  1. Cher Gilles,
    Je souhaite d'abord, via ce commentaire, saluer l'ensemble de votre œuvre. Vous écrivez vraiment avec flair et talent. C'est toujours avec un grand plaisir que je vous lis. Votre façon de mêler articles historiques, de fond avec une actualité plus anecdotique est très réussie.

    Ensuite, je me permets une petite observation.
    Il y a deux mois maintenant, je lisais le journal gratuit "métro" à Moscou et un article y mentionnait la condamnation du chef des OMONs qui avait commandité l'attentat contre les gardes frontière de Lituanie, en 1991. Selon le journal, la sentence a été prononcé par le tribunal lituanien de Riga... (sic). J'étais persuadé que vous alliez relayer cette information sur votre site mais il me semble que vous ne l'avez pas fait ! C'est dommage car c'est grâce à vous que j'ai été - il y a trois ans - sensibilisé par cette affaire. Si vous avez des informations particulières, je vous serez très reconnaissant de m'en faire part. Par exemple, Y-a-il eu extradition de l'intéressé ? Sue quel chef d'inculpation précisément ?
    Avec ma profonde et sincère estime,
    Victor Dotal

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  2. Bonjour Victor,

    Tout d'abord, merci pour votre appréciation.

    J'essaye effectivement de varier le thème des articles et les pays. Vous pouver imaginer, comme il s'agit d'articles originaux (pas des copier-coller), souvent historiques donc dont il faut vérifier les sources, que ça me prend ...... un certain temps. En marge d'autres activités toutes plus bénévoles les unes que les autres !

    En ce qui concerne le procès que vous évoquez, j'avoue que son dénouement m'a quelque peu échappé dans la mesure où il s'est étalé sur plusieurs années (au moins 3 ans).

    Le prévenu, Konstantin Michailov, un ancien OMON, a été jugé à Vilnius pour l'assassinat de 7 garde-frontières du poste de Medininkai, le 31 Juillet 1991 . S'il était présent au procès c'est qu'après le retour à l'indépendance il s'était installé à Riga et avait pris la citoyenneté lettone. Il avait donc été extradé de Lettonie. Il a été condamné à la prison à vie, mais ses avocats ont a priori l'intention de faire appel dans la mesure où l'accusé nie avoir participé aux faits.

    A noter que l'ancien Président Vytautas Landsbergis a regretté que le chef d'accusation retenu n'ait pas été "crimes de guerre".

    Trois autres accusés, Alexander Ryzhov, Andrei Laktyonov et Cheslav Mlynik, ont la citoyenneté russe et se trouvent en Russie, laquelle, comme c'est son habitude, a refusé de les extrader.

    Cordialement
    Gilles

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  3. Oh, intéressant.
    La notion de "crime de guerre" est en effet très fluctuante... pour ne pas dire insaisissable. Elle dépend de l'appréciation des juges ( CPI, cours nationales ) mais aussi du choix des textes de référence pris par ces derniers ( Protocole 1er de 1977, Convention de Genève de 1949, article 8 du statut de la CPI).
    Merci en tout cas pour toutes ces précisions.
    Cordialement,
    Victor

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