Pages vues le mois dernier

mardi 31 mai 2011

Dissolution du Parlement letton : les bases légales

Suite à la déclaration du Président letton Valdis Zatlers, demandant la dissolution du Parlement (la Xe Saeima actuelle), « The Baltic Course » a publié les bases légales du processus (http://www.baltic-course.com/eng/analytics/?doc=41544 ). En voici quelques extraits traduits en français.

L’article 48 de la Constitution permet au Président de demander la dissolution du Parlement, sans qu’il y ait de limitation due à l’approche d’une éventuelle élection (Rappel : le processus de l’élection du nouveau Président de la République par le Parlement débutera ce jeudi 2 Juin 2011, voir plus loin).

Suite à cette demande, un référendum doit se tenir entre un et deux mois après la demande du Président. La Commission Centrale Electorale a fixé le référendum au 23 Juillet 2011, entre 7H et 22H. La question est « Etes-vous pour ou contre la dissolution de la Saeima ? ». Il n’y a pas de quorum minimum pour que le résultat soit validé et seule la majorité simple des votes est requise.

La Xe Saeima continue son travail normal jusqu’au référendum, notamment l’élection d’un nouveau Président. Si un nouveau Président n’est pas élu à l’échéance du mandat du Président Zatlers (le 7 Juillet), c’est le Président du Parlement (Mme Solvita Āboltiņa, de la coalition Vienotība / Unité, ci-dessous) qui assurera l’intérim jusqu’à la publication des résultats du référendum.

Si au moins la moitié des votants au référendum se prononce pour la dissolution, la Xe Saeima est immédiatement dissoute et de nouvelles élections doivent se tenir entre un et deux mois après la dissolution pour élire la XIe Saeima.

Si les votants se prononcent contre la dissolution, la Xe Saeima reste en place et le Président de la République est révoqué. Dans le cas présent, ce point n’aura pas d’importance dans la mesure où son mandat sera arrivé à son terme depuis le 7 Juillet.

L’article 52 de la Constitution précise que, si le siège de Président de la République est vacant pour quelque raison que ce soit (mort, démission, renvoi), sa charge est momentanément prise par le Président du Parlement. Mais il se pose apparemment un problème au cas où un nouveau Président de la République n’aurait pas été élu et si le résultat du référendum du 23 Juillet concluait à la dissolution du Parlement. Il n’y aurait plus alors ni Président de la République ni Président du Parlement (d’où l’inconvénient d’avoir un Parlement monocaméral).

Par ailleurs, l’article ne précise pas explicitement, dans le cas où un nouveau Président de la République serait élu avant le référendum, mais si le résultat du référendum concluait à un maintient du Parlement actuel, ce qu’il adviendrait. Il me semble toutefois comprendre que le Président de la République nouvellement élu ne serait pas contraint à la démission (si je me trompe, me le dire).

NB : En ce qui concerne l’élection présidentielle qui commence ce jeudi 2 Juin, sont en lice le Président actuel, Valdis Zatlers, soutenu par Vienotība (33 députés sur 100) et les nationalistes de TB/LNNK (7 députés), et Andris Bērziņš (ci-dessous), soutenu par certains députés de Zaļo un Zemnieku savienība (Union des Verts et Paysans – 22 députés en tout). Si aucun des candidats ne recueille les 51 suffrages indispensables à son élection après deux tours, un nouveau scrutin présidentiel est organisé dans les deux semaines qui suivent. Dans ce cas, de nouveaux candidats peuvent se déclarer. Si de nouveau aucun d'entre eux n'obtient la majorité absolue, une nouvelle élection est organisée. Etc., etc., etc.…… Perpetuum mobile !

lundi 30 mai 2011

Edouard-François André et La Croix en Touraine

Dans le cadre du « Printemps balte en Touraine » s’est ouverte ce samedi 28 Mai une « Exposition sur les jardins d’Edouard André » à la Mairie de La Croix en Touraine (ouverte jusqu’au 14 Juin). En outre, les 4 et 5 Juin, auront lieu les « Rendez-vous aux Jardins » dans le Parc Edouard André qui jouxte la dite-Mairie. Pourquoi Edouard André ? Pourquoi La Croix en Touraine ? Retour sur l’histoire.

Edouard François André (1840 – 1911 ci-dessous, photo prise à l’exposition) était un architecte paysagiste mondialement connu qui a commencé par mener à bien les plantations du parc des Buttes Chaumont à Paris avant de réaliser des parcs dans le monde entier : Liverpool, Buenos Aires, Luxembourg, Montevideo, etc.…… en tout 130 chantiers en France et une soixantaine dans des pays étrangers.

C’est à la toute fin du XIXe siècle que le comte lituanien Feliksas Tiškevičius fera appel à lui pour réaliser des parcs autour de quatre de ses châteaux : Palanga (ci-dessous), Lentvaris, Užutrakis et Trakų Vokė. C’est d’ailleurs le long du domaine de Trakų Vokė que se trouve la seule rue de Vilnius portant le nom d’un Français : Edouard André ! C’est dire s’il est connu, du moins en Lituanie. D’ailleurs, quand j’évoquais des Français dans l’histoire de la Lituanie, les Lituaniens me citaient automatiquement Napoléon et Edouard André, avant même leur Grand-duc d’origine française, Henri de Valois (futur Roi de France Henri III) !!

C’est en 1871 que le paysagiste acquiert une propriété à La Croix en Touraine et y crée une structure pour expérimenter ses méthodes, aussi bien en matière d’aménagement des parcs que de botanique et d’horticulture. La propriété est devenue aujourd’hui la Mairie, et le parc de la propriété le parc Edouard André.

Plus étonnant. A proximité d’Amboise, la Pagode de Chanteloup (ci-dessous), « folie » qui est pratiquement la seule survivante du château éponyme, appartenant jadis au Duc de Choiseul, a été restaurée en 1908 – 1910 sous la direction de l'architecte et ingénieur René Edouard André, fils d’Edouard André, qui lui-même avait participé à l’élaboration du parc de Palanga. Le domaine de Chanteloup appartient toujours à la famille André.

dimanche 29 mai 2011

Le Président letton demande la dissolution du Parlement

Je me demandais hier de quoi j’allais pouvoir vous parler ? De la parade des blondes à Riga ? D’une exposition sur l’architecte-paysagiste Edouard André à la Croix en Touraine ? Heureusement, le Président letton Valdis Zatlers (ci-dessous) est venu à mon secours. Dans un discours télévisé hier samedi 28 Mai soir, il a demandé à ce que le processus pour dissoudre le Parlement, la Saeima, soit initié.

Retour sur les faits.

Le Parlement letton, la Saeima, est composé de 100 députés, élus à la proportionnelle au suffrage universel. Les dernières élections législatives ont eu lieu le 2 Octobre 2010 et ont reconduit la majorité de centre-droit dirigée par Valdis Dombrovskis.

La décision du Président a été motivée par un refus de la Saeima de lever l’immunité parlementaire d’Ainārs Šlesers, homme d’ « affaires » leader du parti "Par Labu Latviju", dans une enquête sur des soupçons de corruption.

Selon l’article 48 de la constitution lettone, le Président a le droit de proposer la dissolution de la Saeima. Cette demande doit être suivie d’un référendum. Si plus de 50 % des votants se prononcent pour la dissolution, de nouvelles élections législatives doivent se tenir. Dans le cas contraire, c’est le président qui est contraint à la démission.

Point de détail. Le mandat actuel du Président Valdis Zatlers prend fin le 7 Juillet 2011 et une nouvelle élection devait avoir lieu ce jeudi 2 Juin. La réélection de Valdis Zatlers était soutenue par la majorité de centre-droit.

Cette proposition de dissolution risque de changer la donne et de jeter une certaine perturbation dans le paysage politique letton. Imagine-t-on désormais des députés, menacés de perdre leur siège acquis il y a 8 mois, voter pour celui qui les vire ? Si le Parlement choisit un/une autre Président(e), celui-ci/celle-ci va se retrouver devoir mener à son terme un processus qu’il/elle n’a pas initié et qui risque de le/la faire sauter !

Cette démarche au demeurant a priori populaire (voire populiste), quel que soit son bien fondé, est quelque peu surprenante de la part d’un Président à quelques jours de la fin de son mandat. Quelque chose dans le genre coup de pied dans la fourmilière ou « Après moi le déluge » ! Même si elle est moralement défendable, ce n’est peut-être pas ce dont avait le plus besoin la Lettonie actuellement.


La Saeima


mercredi 25 mai 2011

25 Mai 1926 : assassinat à Paris de Symon Petlura


Symon Petlura (ci-dessus) est né le 23 mai 1879, à Poltava dans une famille modeste descendant de cosaques ukrainiens. L’année 1900 marque un premier tournant dans sa vie : devenu président de la section de Poltava du Parti révolutionnaire ukrainien, il milite pour une Ukraine indépendante. Fuyant la police tsariste, emprisonné à plusieurs reprises, il mène une vie errante entre Krasnodar, l’Ukraine et Lviv, alors dans l’empire austro-hongrois, et Saint-Pétersbourg.

Mobilisé en 1917 dans l’armée tsariste, Symon Petlura organise au mois de mai le premier Congrès militaire qui se tient à Kyiv et qui le choisit comme président du Comité général de Guerre. Puis il devient Secrétaire général à la guerre dans le gouvernement autonome d’Ukraine.

L'indépendance totale de l'Ukraine fut proclamée le 22 janvier 1918. Lénine reconnaît l’indépendance de l’Ukraine mais dans le même temps lui déclare la guerre. Lorsque Kyiv se trouve menacée par l’armée rouge, Symon Petlura prend le commandement de l’armée et, le 4 février 1918, c’est la victoire de l’Arsenal qui chasse les unités russes de Kyiv, notamment grâce au bataillon Sloboda Ukraina, organisé par Petlura. Mais privée de vivres et de munitions que l’Entente refuse de vendre à l’Ukraine, l’armée ukrainienne doit se retirer de la capitale après une seconde attaque. Le lendemain de la chute de Kyiv, l’Ukraine signe avec les Puissances centrales la paix de Brest Litovsk, le 9 février 1918.

Une période de troubles s’ensuit: corps francs allemands, troupes russes débandées, anarchistes de Nestor Makhno, différentes factions ukrainiennes (pro-alliées, pro-allemandes ou pro-bolchéviques) s’affrontent.

Quelques temps après le coup d’état du 29 avril 1918, conduit par le général Pavlo Skoropadsky, l’opposition s’organise en Union Nationale Ukrainienne, qui met en place un Directoire de 5 membres, au sein duquel Symon Petlura est chargé de la défense nationale. Face à la situation chaotique du pays, le Président du Directoire, Volodymyr Vynnytchenko démissionna du gouvernement et Symon Petlura devint président le 11 février 1919.

En 1920, Symon Petlura conclut avec la Pologne un traité d’alliance contre l’envahisseur bolchevique. Mais après l’échec de l’offensive polono-ukrainienne, les Bolcheviques finissent par l’emporter sur les autres belligérants, et la partie ex-russe de l’Ukraine, avec Kiev pour capitale, est intégrée à l’URSS créée en 1922, tandis que la partie ex-autrichienne, avec Lviv pour ville principale, est intégrée à la Pologne en 1921. Petlura est contraint à l’exil avec son gouvernement et s’installe en Pologne de 1921 à 1923. Mais la Russie soviétique n'avait de cesse de réclamer Petlura aux autorités polonaises. L'établissement des relations diplomatiques entre la Pologne et l’Union soviétique contraignit celui-ci à quitter ce pays en 1923.

Symon Petlura arrive à Paris en octobre 1924, la France ayant toujours été pour lui le symbole de la liberté et des Droits de l’Homme. Il y dirige le gouvernement ukrainien en exil et s’attache à réaliser l’unité de l’émigration ukrainienne.


Le 25 mai 1926, Symon Petlura est assassiné rue Racine à Paris par un anarchiste juif, Samuel Schwartzbard (ci-dessus), lequel proclama qu’il voulait venger les Juifs d’Ukraine assassinés lors des pogroms de 1919, initiés, selon lui, par Petlura (ce qui était une totale affabulation). Le procès de Schwartzbardt fut instrumentalisé par les autorités soviétiques, par l’intermédiaire du Komintern (encore appelé Internationales Communiste) afin de compromettre l’idée de l’indépendance ukrainienne, en rendant responsable un de ses artisans de la persécution des Juifs.

Samuel Schwartzbard fut acquitté le 26 octobre 1927 au motif qu'il avait vengé les pogroms, alors qu'aucun des chercheurs juifs et ukrainiens n'ont relevé le moindre antisémitisme chez Symon Petlura. L’assassinat avait été en fait commandité par la Guépéou (police soviétique qui a remplacé la Tchéka en 1922) qui assassina également en 1928 deux sœurs de Petlura, religieuses dans un couvent orthodoxe. Voir à ce sujet : « Un puissant arsenal contre Symon Petlura » http://www.ukrscope.com/index.php?option=com_content&task=view&id=44&Itemid=61  


Symon Petlura est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris. En 2005, le Président Viktor Iouchtchenko et son épouse sont venus déposer une gerbe sur sa tombe (cf. ci-dessous). Il est considéré comme un héros national par une grande partie des Ukrainiens.



Pour plus de détails sur l'"affaire Petlura", on consultera avec profit http://pan-doktor-exrudis-vseznayko.over-blog.com/article-l-affaire-petlura-45898904.html



mardi 24 mai 2011

Aujourd’hui, où va le Bélarus ?


Le Bélarus (ou Biélorussie, comme souvent on l’appelle improprement en France) a disparu de vos médias. Ca ne veut pas dire qu’il ne s’y passe plus rien. Au contraire. Aujourd’hui, non seulement le Bélarus semble être plus que jamais une des dernières dictatures en Europe, mais sa dégringolade économique risque d’en faire bientôt un concurrent du Zimbabwe. Tout ça à 30 kilomètres de Vilnius.

Avant les élections présidentielles du 19 Décembre 2010, d’aucun avait pu croire que le Bélarus d’Aliaksandr Lukashenka semblait vouloir se rapprocher de l’Union Européenne. A contrario, il semblait que les relations entre la Russie et le Bélarus étaient au plus bas, si l’on en croit le documentaire « крестный батька Лукашенко » (Le parrain de la nation) sur la chaine russe NTV. Le président russe Dmitri Medvedev avait dénoncé les discours "hystériques" et "antirusses" de Lukashenka qui, pour sa part, avait accusé Moscou de financer ses opposants à l'approche de la présidentielle.

Qu’en est-il donc aujourd’hui ?

Sur le plan de la politique intérieure, on peut dire que Lukashenka a les choses bien en main. 7 des 9 candidats de l’opposition ont été arrêtés au cours des manifestations du 19 Décembre soir dénonçant un scrutin falsifié. L’opposant principal de Lukashenka aux présidentielles, Andrey Sannikaw (ci-dessous), (2,5 % des voix contre 79 % à Luka ……) vient d’être condamné à 5 ans d’emprisonnement pour « organisation de troubles massifs à l'ordre public ». Quatre autres candidats ont été inculpés pour les mêmes faits. Vingt-deux opposants sont encore en détention provisoire et cinq ont fui à l'étranger, notamment l'un des ex-candidats à la présidentielle, Ales Mikhalevitch, qui a obtenu l'asile politique en République tchèque. Quatre militants de l'opposition ont déjà été condamnés en février et mars à des peines de trois à quatre ans de camp pour "troubles à l'ordre public".

Andrey Sannikaw, prisonnier politique 

L’UE et les Etats-Unis ont réagi à cette répression. Hier 23 Mai, 13 noms sont venus s’ajouter à la liste des 170 responsables bélarusse, y compris Alyaksandr Lukashenka, qui ont leurs avoirs gelés et qui sont interdit d’entrée sur le territoire de l’UE. Je ne suis pas sûr que ça les impressionne beaucoup.

Mais c’est surtout sur le plan économique que le Bélarus est au bord du gouffre. C’était prévisible et c’est même la raison pour laquelle l’élection présidentielle avait été avancée en Décembre plutôt qu’en Février.

Tout d’abord, la Russie / Gazprom, qui vendait son gaz au prix de 169,22 $ les 1 000 m3 au 1er trimestre 2010, a porté ce prix de vente à 223,15 $ un an plus tard !

En outre, le salaire moyen est passé de 330 à 500 US$ juste avant l’élection, mesure purement électoraliste, ce qui a eu pour effet de vider les caisses de l’Etat. Les Bélarusses en ont profité pour faire des provisions de devises étrangères en prévision des jours difficiles. La banque centrale bélarusse a procédé à plusieurs dévaluations partielles du rouble avant une dévaluation plus drastique pendant cette nuit 23/ 24 Mai : 54,42 %, ce qui porte à 71,62 % la dépréciation du rouble depuis le 1er Janvier 2011. Les prix augmentent pratiquement chaque jour (+ 20 % pour le litre d’essence entre hier et aujourd’hui), et, avec une balance commerciale négative de près de 10 milliards$ par année et une dette extérieure dépassant les 50% du PIB du pays au 1er janvier, l'horizon est peu prometteur.

Or le FMI n’est pas actuellement un prêteur potentiel, tant que le Bélarus ne se lancera pas dans des réformes libérales (son économie est encore contrôlée à 80 % par l’Etat). La Russie a donc sauté sur l’occasion !

Vladimir Poutine était à Minsk le 19 Mai (cf. ci-dessous) et a « offert » un prêt de 3 milliards de $ (qui serait en fait fourni par l’EurAsEC, la Communauté Economique Eurasiatique), assorti de conditions drastiques, à savoir la vente à la Russie d’entreprises bélarusses stratégiques. A commencer par le réseau d’oléoducs, actuellement détenu par Beltransgaz, qui serait vendu à Gazprom, ce qui rapporterait 2,5 milliards de $ au Bélarus, et ce qui donnerait à la Russie le contrôle complet du réseau transportant le gaz de Russie vers l’Union Européenne. Mais deux raffineries de pétrole, le principal opérateur téléphonique et le principal producteur de potasse seraient également sur la liste des courses, pour un total de 7,5 à 9 milliards de $……
Deux prédateurs: Aliaksandr Lukashenka et Vladimir Poutine
On soulignera en marge que, d’une façon non conformiste, tout comme l’avait été la réception de Lukashenka à Vilnius juste avant les élections de Décembre 2010 (ci-dessous), le Président lituanien Dalia Grybauskaitė s’oppose « catégoriquement » à ce que des sanctions économiques soient imposées au Bélarus, argumentant qu’elles pénaliseraient plus les citoyens bélarusses que les dirigeants et indiquant que la Lituanie était intéressé par la stabilité de son voisin.

dimanche 22 mai 2011

L’image du week-end : le Printemps balte en Touraine

Hier, samedi 21 Mai, j’ai assisté à une des manifestations phares du Printemps balte en Touraine, à l’espace André Malraux de Joué-lès-Tours. L’événement avait été organisé par l’association Touraine Baltique et les villes de Joué-Lès-Tours, Chambray-lès-Tours et La Croix en Touraine, jumelées respectivement avec Ogre (Lettonie), Vöru (Estonie) et Birštonas (Lituanie).

Outre des stands présentant les trois villes jumelées dans le hall de l’espace Malraux, une table ronde, animée par Yves Plasseraud, a réuni les trois Ambassadeurs des trois Etats baltes (ci-dessous, de gauche à droite : Mme Jolanta Balčiūnienė (Lituanie), Mme Sanita Pavļuta-Deslandes (Lettonie) et M. Sven Jürgenson (Estonie).

Un film de 28 minutes, « La voie balte », a suivi et s’est avéré très émouvant car il décrivait de l’intérieur l’organisation de cette protestation de 2 millions de Baltes, formant une chaine humaine de Vilnius à Tallinn via Riga, contre l’occupation soviétique, mais surtout les sentiments des participants de l’époque. Un chiffre m’a marqué. Les organisateurs de la voie balte espéraient 1 participant tous les 10 mètres, reliés par des rubans. Ce 23 Aout 1989, ils étaient 10 participants par mètre sur 560 km ! L'importance historique de la Voie balte a été soulignée par son inscription le 30 juillet 2009 au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO.

A l'issue, un pot a réuni les participants et l’assistance, ce qui m’a permis de me retremper avec beaucoup de nostalgie dans l’atmosphère des Etats Baltes.




mercredi 18 mai 2011

Mes villes de l’Europe médiane (4) : Minsk

Armoiries de la ville de Minsk
Minsk, capitale du Bélarus, sur les bords du fleuve Svislotch (affluent de la Bérézina), n’est pas une ville où je me précipiterais pour y finir mes jours. Mais elle a un petit côté, disons …… exotique qui ne peut que ravir ceux qui aiment voyager hors des sentiers battus.

Je suis allé à Minsk une seule fois, en voiture, en Avril 2006. Il s’est trouvé que c’est tombé sur le week-end de la 3ème investiture de Lukashenka (cf. ci-dessous - c’était réellement un hasard) et ça a donné du piment au séjour. L’aventure a commencé dès la frontière, passée en 1H¾ : il parait que j’ai été rapide (quelques semaines plus tard, deux Britanniques de mon cours de lituanien à Vilnius ont mis 3 heures pour passer !). De beaux écrans plats d’ordinateurs dans les guérites, mais tout se passe sur papier, à la main et à grands coups de tampons. Et si, comme ce fut mon cas, vous n’avez pas l’assurance voiture ad hoc, on vous envoie l’acheter à la guérite 7, avant de pouvoir revenir à la guérite 1 pour avoir le tampon qui vous permettra d’aller faire la queue à la guérite 2 ……

Minsk en elle-même est décevante. En effet, bien que 1067 soit considérée comme la date de sa fondation, il n’y a quasiment pas de centre ancien. Et pourtant, la Principauté de Minsk fut incluse dans le Grand-duché de Lituanie en 1242 et le resta jusqu’en 1793, lors du deuxième partage de la Pologne – Lituanie, lorsqu’elle fut annexée par la Russie. Mais la ville, qui comptait 300 000 habitants (dont 100 000 Juifs) avant la seconde guerre mondiale, fut détruite à 90 % lors de sa « libération » par l’armée rouge en 1944. Elle fut alors entièrement reconstruite en « style » architectural stalinien, dont la fantaisie n’était pas la vertu première.
Le palais des sports (le même qu'à Vilnius) devant l'hôtel Belarus, ancien hôtel Intourist, où je logeais. 

Minsk comptait en 2007 1 814 000 habitants, sur environ 10 millions de Bélarusses.

La Place d'Octobre est le noyau de la ville et regroupe l'Hôtel de Ville, la cathédrale Sainte-Marie, mais surtout le Palais de la République (Дворец Республики - ci-dessous), surnommé "le sarcophage". C’est sur cette place qu’avait lieu la cérémonie d’investiture de Lukashenka quand j’y étais. Tout le centre était bien sûr bouclé et la cérémonie réservée aux happy few. Le parcours qui devait être emprunté à l’issue par le Président était balisé de policiers, en tenue ou en civil, au ratio d’un tous les 5 mètres. J’ai d’ailleurs été très impressionné lorsque la stretched Mercédès de Luka est passée dans le silence le plus absolu, alors qu’on aurait pu s’attendre qu’un Président, élu (prétendument) par plus de 80 % des votants, soit acclamé. La raison de ce silence nous fut donnée par un ami bélarusse de mon accompagnateur lituanien ; toute manifestation, même de joie, pouvant être mal interprétée par la police, les spectateurs cherchaient à avoir une attitude la plus transparente possible, afin d’éviter les 15 jours de prison qui sont le tarif de base de tout « hooliganisme » !

A noter que, comme je discutais en anglais avec mon compagnon de voyage lituanien, j’ai remarqué que le policier en civil à 4-5 mètres devant nous, commençait à s’intéresser à nous plus que de coutume. Pensez ! Deux possibles hooligans étrangers, donc terroristes potentiels, sur le parcours de bats'ka (petit père)…… Nous avons donc rapidement décidé de changer de trottoir pour éviter les 15 jours etc.

Par ailleurs, pour en revenir à l’exotisme, entrer dans un magasin est un retour 20 ans en arrière dans un univers très soviétique. Je crois même que celui que je suis allé voir s’appelait « Goum », comme à Moscou. J’ai réussi à y acheter un drapeau car les noms étaient écrit en russe (ФЛАГ) et non pas en bélarusse (сцяг) ; or ФЛАГ = flag = drapeau en allemand ! Elémentaire ……

En résumé, Minsk est une ville contrastée, propre et sûre (jusqu’au récent attentat dans le métro) avec, tout au moins en 2006, un côté « Back to USSR » très marqué. Mais, comme tout ce qui est hors de la monotonie, j’adore !



dimanche 15 mai 2011

L’image du week-end : Eurovision à Vilnius

On aurait pu croire hier soir (samedi 14 Mai) qu’il y avait un match important de basket, à voir la foule sur Rotušės aikštė à Vilnius. Ce n’était « que » la retransmission de la finale du Grand Prix Eurovision de la chanson en direct de Düsseldorf, sur grand écran.

La Lituanie, dont la chanteuse chantait une partie de sa chanson en français (dont le titre était d’ailleurs « C’est ma vie »), a terminé 19e sur 25. A peine plus mal que le chanteur français (qui, lui, ne chantait pas en français….), donné archi favori par les bookmakers, et qui a terminé 15e. Mais mieux que l’Estonie, 24e.

Certains s’étonneront que le vainqueur, l’Azerbaïdjan (ci-dessous le couple vainqueur), ne soit pas (géographiquement) européen. Il ne l’est pas moins que l’Arménie, la Géorgie, Israël et que la Turquie, eux aussi participants. Car c’est oublier que c’est un concours organisé par l’Union européenne de Radiotélévision (UER), dont les contours n’épousent pas la géographie.

La Lettonie ne s’étant pas qualifié pour la finale, hier soir à Riga c’était Nuit des Musées (ci-dessous). Chacun sa culture ……

samedi 14 mai 2011

14 Mai 1972 : le sacrifice de Romas Kalanta à Kaunas

Le 14 Mai 1972, un étudiant de 19 ans, Romas Kalanta (22 Février 1953 – 14 Mai 1972) s’aspergea de 3 litres d’essence et s’immola par le feu, sur une place de Kaunas jouxtant Laisvės Alėja (allée de la Liberté), devant le Théâtre de Musique. Le lieu n’avait pas été choisi au hasard. C’est là qu’en Juillet 1940 un Seimas populaire fantoche, issu d’élections truquées « à la soviétique », avait demandé le rattachement de la Lituanie occupée à l’Union soviétique.

Après le retour un l’indépendance en 1990, le carnet que Romas Kalanta avait déposé sur le banc à côté de lui avant de s’immoler a été retrouvé dans les archives du KGB. Il y était écrit : « Le régime est seul responsable de ma mort » (Dėl mano mirties kaltinkite tik santvarką). Apparemment, Romas était membre d’un groupe d’étudiants patriotes et celui qui s’immola pour protester contre l’occupation soviétique avait été a priori tiré au sort. Romas Kalanta mourut 14 heures plus tard.

Les soviétiques essayèrent de passer l’événement sous silence, mais, grâce aux témoins oculaires, la nouvelle se répandit. Le 18 Mai, ses obsèques furent avancées par les autorités afin de détourner l’attention. Mais cela eut l’effet inverse. Kaunas connut des émeutes et 402 personnes furent arrêtées par le KGB, la Milice et les forces du Ministère de l’Intérieur. La moitié de ceux qui ont été arrêtés avaient moins de 20 ans. L’agitation se répandit même dans les autres villes de Lituanie et dura jusqu’en 1973. Pendant cette période, le KGB enregistra 3 à 4 fois plus d’incidents antisoviétiques qu’à l’habitude. En 1972, à la suite de Romas Kalanta, la Lituanie connut 13 autres suicides par le feu.

Le sacrifice de Romas Kalanta, même s’il fut connu à l’ouest, eut un retentissement moindre que celui de Jan Palach en Janvier 1969 à Prague car la Lituanie, à l’époque République Socialiste Soviétique, était sous une chape de plomb. Mais, dans les années 70 et 80, Romas Kalanta devint le symbole de la résistance au régime soviétique liberticide et mortifère. Au retour à l’indépendance, il fut décoré à titre posthume de l’Ordre de la Croix du Vytis, conféré à ceux qui avaient héroïquement défendu la liberté et l’indépendance de la Lituanie.

Romas Kalanta a bien mérité l’hommage des défenseurs de la Liberté.
Le monument en mémoire de Romas Kalanta sur Laisvės Alėja, à l'endroit même où il s'immola par le feu

jeudi 12 mai 2011

11 raisons d’aller en Lituanie en 2011


L’Office du Tourisme de Lituanie à Paris diffuse une brochure décrivant 11 raisons d’aller en Lituanie en 2011. Je vais y revenir. Mais j’y rajouterai une douzième. A une époque où les lieux autour de la Méditerranée, où les Français vont traditionnellement s’adonner au sea, sex and sun, peuvent donner quelques sueurs froides côté sécurité, il n’est pas inutile de rappeler que la Lituanie est dans son ensemble un lieu sûr, où les températures dépassent régulièrement l’été les 30 degrés (Celsius).

A noter que l’OT de Lituanie à Paris ne s’adresse qu’à des professionnels du tourisme. Malheureusement, ceux-ci ont la fâcheuse habitude de programmer des circuits fast food du style les trois Pays (sic) Baltes en 6 jours ou les trois capitales baltes en un week-end (si,si, je vous promets, j’ai des noms ! J’ai même vu un programme où les déplacements entre les capitales devaient se faire par téléportation, car sinon c’était irréalisable). C’est hélas un dommage collatéral du stéréotype qui veut que les Etats Baltes soient de petits pays.

Je vous recommande donc de monter vous-même votre programme en vous aidant du site très fourni de l’Office du Tourisme (http://www.infotourlituanie.fr/ ), ou encore de http://www.tourmagazine.fr/La-Lituanie-Partez-a-la-decouverte-de-son-histoire-et-de-son-art_a17939.html  . Préparer soi-même son programme permet également de mieux s’imprégner du pays, de savoir que la monnaie locale est le Litas, que l’on y parle – ô surprise – le lituanien (mais aussi anglais), que la Carte d’identité suffit pour y aller, qu’il y a des distributeurs de monnaie et des supermarchés à tous les coins de rue, etc.……

Parmi les raisons d’aller en Lituanie cet été, je soulignerai :

 Le Championnat d’Europe de basket-ball, du 31 Aout au 18 septembre, qui promet de mettre la Lituanie, où c’est une deuxième religion, en ébullition. Pour la première fois, ce championnat regroupera 24 équipes. http://www.eurobasket2011.org/en/  (NB : la France est dans le groupe B et jouera à Šiauliai).


 Revivez pendant 3 heures l’enfer de la réalité soviétique, à 25 km de Vilnius. Cette attraction a été surnommée par la chaine britannique « Channel Five News » l’attraction touristique la plus insolite en Europe. www.sovietbunker.com et pour en savoir plus : http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/02/18/01001-20080218ARTFIG00459-la-lituanie-revisite-son-passe-sovietique.php 



 Pourquoi ne pas faire le tour des 4 capitales de la Lituanie : Kernavė, Trakai, Kaunas et Vilnius ?

Le château de Trakai sur une ile du lac Galvé


 Bien sûr, il est impossible de manquer le charme de la vieille ville de Vilnius, l’odeur des pins sous le soleil de l’isthme de Courlande, les loisirs actifs dans les parcs et les lacs, les saveurs de la cuisine lituanienne et ses bières, etc.…… Vous pouvez même survoler Vilnius en montgolfière (http://www.balooning.lt/ ). Bref, de quoi largement s’occuper pendant plusieurs jours !

Une seule adresse donc : http://www.infotourlituanie.fr/  

Girouettes à Nida


 

mardi 10 mai 2011

Balzac, Saché et les Pays Baltes


Je suis allé dimanche dernier 8 Mai au château de Saché (ci-dessus), au sud-ouest de Tours. Ce logis de la Renaissance, bâti sur les fondations d’une place forte du XIIe siècle, abrite depuis 1951 le Musée Balzac. L’écrivain Honoré de Balzac (1799 – 1850, en bas de page) y a effectivement séjourné une dizaine de fois entre 1825 et 1848. Il a été le lieu d’inspiration principal du roman Le Lys dans la vallée, et une quinzaine d’autres œuvres y ont été écrites, dont Le Père Goriot, Eugénie Grandet et César Birotteau.

Mais j’y venais dans un but précis et ma recherche a été partiellement satisfaite. J’y ai en effet l’acquisition du livre « Balzac dans l’empire russe – De la Russie à l’Ukraine » (Paris-Musées – Edition des Centres, 1993). Balzac a effectué un voyage à Saint-Pétersbourg en 1843, et deux voyages en Ukraine (Septembre 1847 – Janvier 1848 et Octobre 1848 – Avril 1850). C’est au cours de ce deuxième voyage que Balzac se marie (enfin !) avec la comtesse Ewelina Hańska (ci-dessous), le 2/14 Mars 1850, laquelle était l’objet principal de ces voyages.

C’est le voyage à Saint-Pétersbourg qui m’intéressait le plus. Balzac quitte Dunkerque le 21 Juillet 1843 sur le vapeur Devonshire et arrive à Saint-Pétersbourg le 29. Il quittera la capitale russe le 7 Octobre par la malle-poste, et traverse rapidement les provinces baltes puisqu’il est dès le 10 Octobre à Taurogen (Tauragė) et à Berlin le 14 Octobre.

Au passage, on constate que les conditions de couchage n’ont dû guère évoluer depuis les récits des voyageurs du XVIIIe siècle, puisqu’il précise qu’il trouve à l’Hôtel de Russie à Berlin « le premier lit qui ressemble à un lit depuis qu{‘il a} quitté Dunkerque » !

On connait mieux ce voyage retour de Balzac grâce à un jeune sculpteur russe, Ramazanoff, qui voyageait dans la même malle-poste que Balzac pour se rendre à Rome. Les voyageurs passent à Narva, Dorpat (aujourd’hui Tartu), Walki (sans doute Walk, aujourd’hui Valga/Valka à la frontière estono-lettone), Wolmar (Valmiera), Riga, Mitau (Jelgava). A Mitau, il s’indigne de « la lavasse que l’on nous avait servie en guise de soupe ». A Taurogen (Tauragė), à la frontière entre la Russie et la Prusse, la sentinelle est absente et il ne voit que deux poules sur la route, ce qui fait dire à Balzac : « Voyez, un grand empire comme la Russie est gardé par des poules » !

.

dimanche 8 mai 2011

Ukraine : les drapeaux rouges de la discorde


Pour l’Europe, le 8 Mai marque la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe. En fait, la reddition de l’armée allemande a été signée à Reims dès le 7 Mai, mais Staline exigea qu’elle le soit également à Berlin, occupée par l’armée rouge. Ce qui sera fait le 8 Mai, la capitulation allemande entrant en vigueur le 8 Mai à 23H01, heure d’Europe centrale, soit le 9 Mai à 00H01, heure de Moscou. C’est la raison pour laquelle la Russie ne célèbre que le 9 Mai la fin de la « Grande Guerre Patriotique ».

On notera au passage que le vocabulaire a son importance. Car, en parlant de « Grande Guerre Patriotique », la Russie fait commencer celle-ci au 22 Juin 1941, lorsque l’Allemagne nazie s’est retournée contre son alliée du moment, la Russie soviétique. Ça permet de faire oublier que la dite-Russie soviétique de Staline est coresponsable du déclenchement de la guerre, ayant attaqué, de concert avec l’Allemagne nazie d’Hitler, la Pologne en Septembre 1939, conformément à l’accord Molotov – Ribbentrop du 23 Aout 1939.

On notera également que ce 8/9 Mai 1945 marque symboliquement le début de 45 ans d’occupation de la moitié est de l’Europe par la Russie soviétique, occupation initiée dès 1940.

Ce 9 Mai 2011 voit, en outre, se développer en Ukraine un psychodrame.

Le 21 Avril, la Verkhovna Rada (le Parlement monocaméral ukrainien, actuellement dominé par le Parti des Régions, russophile, du Président Viktor Ianoukovytch) a voté une loi permettant d’arborer le drapeau rouge sur les bâtiments publics le 9 Mai, à côté du drapeau ukrainien. Le 4 Mai, le Président Ianoukovytch a précisé qu’il signerait la loi dès qu’il la recevrait. Inutile de préciser que, pour une bonne partie des Ukrainiens, notamment dans l’ouest du pays, cette loi fait l’effet d’un …… chiffon rouge !

En réaction, le Conseil municipal de Lviv a décidé d’interdire l’utilisation des symboles de l’URSS (« état totalitaire disparu ») et du parti communiste sur le territoire de la ville, suivi en cela par le Conseil régional d’Ivano-Frankivsk (ouest de l’Ukraine).

En réaction de la réaction, 6 bus de manifestants pro-russes en provenance d’Odessa et de Crimée auraient pris la route pour défiler, drapeaux rouges déployés, à Lviv le 9 Mai.

En conséquence, le 6 Mai, la Cour administrative de la région de Lviv a donné raison à la municipalité de Lviv qui a interdit les défilés prévus par les partis politiques et les ONG le 9 Mai, précisant bien que cette interdiction ne concernait pas les défilés officiels du jour de la victoire organisés par la ville et la région (cf. http://www.kyivpost.com/news/politics/detail/103809/ ). Dans une rhétorique de désinformation qui lui est coutumière, RIA-Novosti (agence de presse russe « la voix de son maitre du Kremlin) titre : « Ukraine: la célébration du Jour de la victoire interdite à Lvov » (cf. http://fr.rian.ru/world/20110507/189406783.html ).

Il n’en reste pas moins que cette initiative de la Verkhovna Rada, surtout si elle est suivie par le Président Viktor Ianoukovytch, aura réussi à élargir le fossé entre l’est et l’ouest du pays. Mais, en prenant le devant de la scène médiatique, elle permet de faire oublier pendant un temps l’échec du régime Ianoukovytch en matière économique et l’évolution de l’Ukraine vers un système autoritaire « à la Poutine ».


dimanche 1 mai 2011

Absence


Je serai absent du 2 au 6 Mai inclus, allant à Paris, pas vraiment pour du tourisme. Mais ce séjour sera aussi l’occasion de faire des rencontres toujours intéressantes. Ce blog ne sera pas mis à jour pendant cette période.

Le 5 Mai soir, j’interviendrai lors d’un diner-débat de l’association Magna Europa sur la Lituanie, à Boulogne-Billancourt.

A bientôt.

L’image du week-end : béatification de Jean-Paul II


Le « royal wedding » était certes sympathique, mais je dois dire que le fait qu’il ait mobilisé 1 million de spectateurs et 2 milliards de téléspectateur me laisse quelque peu effaré !

N’en déplaise à certains, la béatification de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, stade préliminaire à une éventuelle canonisation, me parait un événement plus important.

C’est pour moi l’occasion de rappeler deux faits :

# Le Pape Jean-Paul II critiqua le communisme dès le début de son pontificat. Son soutien aux dissidents du bloc soviétique, en particulier au syndicat Solidarność de sa Pologne natale, et même le simple fait qu’il soit le premier Pape venu de derrière le rideau de fer, ont joué un rôle important dans l’effondrement des régimes communistes en Europe de l’est. Avec Ronald Reagan, je le considère comme l’acteur principal de la chute du communisme.

# Dès 1993, Jean-Paul II est venu dans les Etats Baltes, y effectuant un voyage apostolique du 4 au 10 Septembre. En Lituanie, le souvenir de ce passage est omniprésent, non seulement à Vilnius (notamment à la porte de l’Aurore ci-dessus), à Kaunas et à Šiluva, mais aussi à la Colline des Croix où il a fait don d’un grand crucifix (ci-dessous). A cette dernière occasion, le Pape avait déclaré : « Les Croix de la Colline de Šiauliai demeurent pour témoigner de la terrible épreuve subie à cause d'un régime dictatorial et elles constituent, dans le même temps, un signe de la grandeur d'âme d'un peuple qui a su tirer de ses traditions spirituelles et culturelles la force indispensable pour continuer à espérer dans un avenir meilleur. Lors des moments les plus durs de l'histoire de la Lituanie, les Croix de Šiauliai ont représenté une intarissable source de force, un bastion intérieur de foi dans le Christ et de fidélité à l'Eglise ».

La béatification a lieu ce 1er Mai qui est le Dimanche de la divine Miséricorde, qui a été institué par Jean-Paul II le 30 Avril 2000, jour de la canonisation de Sainte Marie Faustine Kowalska. L'icône de la Miséricorde Divine (ci-dessous), est une icône dont Jésus-Christ aurait demandé la réalisation lorsqu'il serait apparu à Sainte Faustine. Le premier tableau fut peint en 1934 par Eugène Kazimirowsky, un peintre de Vilnius, selon les indications de sœur Faustine et peut toujours être honoré dans l’église de la Trinité à Vilnius.

Un commentaire m’a une fois reproché de ne pas tenir compte de certains de mes lecteurs en parlant de religion ! En ce jour particulier, qu’on ne compte pas sur moi pour occulter mes convictions. « N’ayez pas peur ! » disait le bienheureux Jean-Paul II.